Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
BelleMuezza

Les agrocarburants devront être certifiés "développement durable"

Messages recommandés

Les agrocarburants devront être certifiés "développement durable"




Cette semaine, Günther Oettinger, commissaire européen à l'Énergie, a annoncé la liste des sept organismes qui seront chargés d'évaluer les agrocarburants en vue d'une certification. Cette mesure vise à vérifier la durabilité – critiquée – des agrocarburants et suscite la critique des ONG.

Les agrocarburants vont mal. Le problème est purement mathématique : soit une certaine quantité de ressource dont la très grande majorité est destinée à l’alimentation ; soit un nouveau procédé – les agrocarburants – qui a besoin de ces mêmes ressources à des fins non alimentaires ; comment satisfaire à la fois les filières alimentaire et industrielle ?

Solution 1 : on augmente les ressources afin d’en avoir assez pour l’alimentation et pour la filière des agrocarburants. Pour cela, il faut de l’espace, et de l’espace, on en obtient notamment en pratiquant la déforestation. Prix à payer : un énorme problème écologique.

Solution 2 : on consacre moins de ces ressources à l’alimentation et davantage aux agrocarburants. Conséquence à prévoir : un problème socio-économique et… un problème écologique !

Les effets indirects des agrocarburants

On observe actuellement un compromis entre ces deux solutions. Ainsi, les agrocarburants censés s’inscrire dans une démarche de développement durable ne sont pas si verts que ça. Pis, les chiffres montrent que leur bilan carbone est, dans certains cas, pire que celui des énergies fossiles, à cause notamment du « changement indirect d’affectation des sols » (ILUC pour Indirect land use change). C’est notamment le cas du biodiesel première génération. Le bioéthanol montre lui un bilan positif par rapport aux énergies fossiles.

Qu'est-ce que ce changement d’affectation des sols ? Le terme englobe toutes les conséquences indirectes que peut provoquer la plantation de cultures destinées aux agrocarburants : déforestation ou utilisation de zones fragiles (tourbières, par exemple), déplacement des cultures à des fins alimentaires qui provoquera à son tour des déforestations, conversion de prairies en culture, etc. Ces conséquences sont néfastes pour la biodiversité, le taux de carbone dans l’atmosphère, donc, l’environnement en général.

Un rapport de l’Institut pour la politique environnementale européenne datant de décembre 2010 montre en outre que l’utilisation des biocarburants, selon les quantités prévues par les différents plans d’action nationaux, provoquera une augmentation de 80,5 % à 167 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020. L’effet inverse de celui escompté. On marche sur la tête...

Certification de durabilité

Alors voilà, il fallait trouver une troisième solution. Günther Oettinger, commissaire européen à l’Énergie, a déclaré : « Nous devons nous assurer que la totalité de la production de biocarburants et de la chaîne d'approvisionnement correspondante sont durables ». Il a donc désigné cette semaine sept organismes – sur 25 candidats – qui seront responsables de certifier la durabilité des nouveaux agrocarburants.

Ces organismes, qui sont issus de consortium de groupes privés, auront pour mission de vérifier trois choses notamment. D’abord, que les terres que les industriels voudront utiliser pour les agrocarburants n’abritent pas une riche biodiversité, ou ne soient pas de bons puits de carbone. Pas de forêt, donc, ni de zone humide ni bien sûr de zone protégée. Ensuite, les industriels devront montrer que leur production permet de diminuer de 35 % au moins (ce taux passera à 50 puis 60 % en 2017 et 2018) les émissions de gaz à effet de serre, par rapport aux énergies fossiles. Enfin, toute la chaîne de production devra être surveillée, « de la croissance des plantes […] jusqu’à la pompe ». Les agréments délivrés par ces organismes seront valables cinq ans et concerneront les vingt-sept pays membres.

Certification inefficace selon les ONG

Pas de quoi satisfaire les ONG, pourtant. Jérôme Frignet, de Greenpeace France, contacté par Futura-Sciences, parle d’ailleurs de « diversion ». Selon lui, cette démarche « ne prend pas en compte le changement d’affectation des sols. Une législation devait être mise en place par la Commission européenne concernant ce changement d’affectation des sols, mais sa publication a été repoussée à septembre ».

Ce que veulent les ONG, c’est que les émissions de gaz à effet de serre pour chaque agrocarburant soient pondérées par l’impact dû au changement d’affectation des sols, qui sera ainsi pris en considération. « On pourrait imaginer une valeur standard, qui ferait la synthèse des différentes études, pour chaque filière », propose Jérôme Frignet.

Autre interrogation des ONG : les organismes de certification vont-ils rester indépendants ? Lors de l’annonce des sept organismes, Günther Oettinger a en effet expliqué qu'ils seront financés par les planteurs. De là à supposer que les certifications pourront être achetées, il n’y a qu’un pas que les ONG sont visiblement prêtes à faire...



.Futura Sciences 22/07/2011

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Les agrocarburants jugés sévèrement par l'Agence européenne pour l'environnement



Les agrocarburants sont néfastes pour l'environnement selon l'Agence européenne pour l'environnement si on ne tient pas compte du changement indirect d'affectation des sols. Ce qui fait écho à ce que clamaient les associations écologiques depuis longtemps. Se dirige-t-on vers une nouvelle législation sur les agrocarburants ?

Le comité scientifique de l’Agence européenne pour l’environnement (EEA) vient de publier un rapport très critique sur les agrocarburants. Cet avis, attendu de longue date par les associations environnementales, est particulièrement sévère pour un procédé inscrit dans une gestion durable de l’environnement. Or selon l’EEA, agence chapeautée par l’Union européenne, les agrocarburants ne sont pas si verts qu’ils devraient l’être.

Bien sûr, ils font l’objet de vives critiques depuis longtemps et les associations écologistes, notamment, n’ont pas attendu l’avis des experts scientifiques de l’Union européenne pour donner leur opinion sur la question. Ce qu’on reproche aux agrocarburants, c’est de ne pas tenir compte du changement indirect d’affectation des sols. En d’autres termes, quand une forêt est décimée pour laisser place à un champ de colza, par exemple, dont le rendement sera destiné à la production d’agrocarburant, le bilan énergétique doit tenir compte du manque à gagner qu’engendre la déforestation sur le plan écologique.

L'Union européenne sommée de revoir sa législation

En effet, la forêt stocke une quantité importante de dioxyde de carbone, ce qui diminue la concentration atmosphérique de ce gaz à effet de serre. Cette quantité de carbone n’est pas séquestrée par le colza et doit entrer dans le bilan énergétique du biocarburant. En résumé, les agrocarburants sont, en soi, effectivement neutres mais ils viennent remplacer des phénomènes bénéfiques. Donc, ils sont globalement néfastes... Tout l'inverse de ce pour quoi ils sont utilisés.

Finalement, tout cela est assez logique et ne demande pas réellement d’expertise scientifique. Des rapports indépendants de plusieurs associations environnementales, dont Greenpeace, étaient d’ailleurs déjà parvenus à la même conclusion. Mais la voix de l’EAA est bien plus forte que la leur et les recommandations qu’elle préconise devront être suivies.

À l’Union européenne, l'EEA somme notamment de revoir sa législation et ses objectifs afin que les cultures destinées à la production de carburant ne rentrent en conflit avec aucune autre. Elle encourage également la filière agrocarburant utilisant les déchets végétaux, à condition qu’ils ne soient pas utiles pour fertiliser les sols. Enfin, elle demande que les bilans carbone tiennent compte de ces paramètres. Il ne reste maintenant plus qu’à appliquer ces recommandations…

Campagne anti-agrocarburant. © Titom, cc by nc nd 2.0

Futura Sciences 28.09/2011

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Escherichia coli n'en finit pas de rendre service. Cette bactérie est aujourd'hui impliquée dans un procédé particulièrement efficace de production d'agrocarburants : à partir de déchets végétaux, elle saurait produire du gazole, de l'essence ou du kérosène.

Un des défis technologiques et scientifiques de notre époque est d’utiliser des carburants non polluants, pour réduire notre impact sur le climat et pour préparer l'après-pétrole. Une équipe de scientifiques américains semble avoir trouvé une solution pour relever ce challenge. Il s’agit d’utiliser des bactéries – Escherichia coli – génétiquement modifiées afin de convertir la cellulose en différents types de carburants.

La question des agrocarburants n’est pas que technique. L'enjeu est aussi écologique et social. On sait en effet que l’usage des agrocarburants n’est pas acceptable si la production entre en concurrence avec la filière alimentaire ou bien si elle contribue, directement ou indirectement, à la déforestation ou à la suppression d'écosystèmes importants, comme les tourbières par exemple.

Une bactérie génétiquement modifiée multipotente

Ainsi, les agrocarburants doivent être synthétisés à partir de déchet végétal, autrement dit les parties de la plante inutilisées dans l’industrie forestière ou alimentaire. Mais ces débris sont très difficiles à convertir car ils sont majoritairement composées de cellulose ou d’hémicellulose et non de sucres simples. À l'inverse, le saccharose de la canne à sucre ou l'amidon du maïs se transforment aisément en éthanol par fermentation.

Il faut donc ajouter une étape, à savoir l’hydrolyse de la cellulose ou l’hémicellulose qui permet d’obtenir du sucre. Jusqu’à présent, ceci était réalisable grâce à un cocktail d'enzymes, à des coûts élevés, et le produit final, l’éthanol, n’est pas le plus utilisé pour le transport (le kérosène des avions est analogue au gazole).

Les travaux de l’équipe américaine, publiés dans Pnas, reposent sur la modification génétique d’Escherichia coli. Les scientifiques ont créé deux lignées : l'une capable de convertir la cellulose en sucre et l’autre s’occupant de l’hémicellulose. Ils ont ensuite décliné ces deux types de bactéries afin qu’elles transforment le sucre en trois produits finaux différents : essence, gazole et kérosène.

Ils ont ainsi effectué des tests concluants à partir de panic érigé (Panicum virgatum), une plante à forte teneur cellulosique. Un liquide ionique permettait également de catalyser les réactions et de réduire la concentration de lignine (présente aux côtés de la cellulose et de l’hémicellulose dans la fibre végétale).

Le procédé est prometteur mais nécessite cependant quelques améliorations pour augmenter le rendement, précisent les chercheurs, afin qu’il puisse exploiter les déchets végétaux – et non le panic érigé – et qu'il n’entre pas indirectement en concurrence avec la filière alimentaire. On pourrait peut-être enfin parler de carburant vert.

FUTURA SCIENCES 08/12/2011

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...