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BelleMuezza

Traitons les gens comme des chiens !

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Ce titre d'article m'a surprise... Aussi j'ai voulu en savoir plus... Bien qu'ancien, il devrait aussi vous éclairer sur certains aspects de la médecine vétérinaire...

Il se pourrait que la médecine vétérinaire recèle quelques enseignements pour le monde de la santé dans son ensemble.
-----> Article paru sur le site de l'hebdomadaire américain Newsweek le 10 mars 2010.

Quand je déclare être vétérinaire oncologue, je rencontre généralement une réaction un peu déconcertée, voire incrédule. On me demande souvent: "les gens soignent-ils vraiment leurs animaux domestiques quand ils ont un cancer? Eh bien oui.

Et non seulement administré-je quotidiennement rayons et chimiothérapies à des chats et des chiens (sans parler d'un hérisson par-ci ou d'un furet par là), mais je travaille dans l'un des hôpitaux vétérinaire les plus sophistiqués du pays, avec un neurochirurgien, un dermatologue, un ophtalmologue et une équipe complète de spécialistes d'autres disciplines. Les propriétaires d'animaux de compagnie règlent bien souvent des factures d'un montant allant jusqu'à 10000 dollars pour sauver la vie d'un animal qu'ils considèrent comme un membre chéri de leur famille.

Assurances

Voilà qui semble un peu extrême, mais qui reste néanmoins bien loin de ce que beaucoup d'Américains font pour leurs proches (humains). La somme stupéfiante de 66,8 milliards de dollars — un tiers ou presque des dépenses de Medicare— est consacrée à traiter les patients au cours de deux dernières années de leur vie. Bien souvent, on tente des procédures extrêmement coûteuses dans le seul but pour le personnel médical de se couvrir contre un éventuel procès intenté par une famille endeuillée qui veut vérifier que tout a bien été tenté. Le fait que tout ceci soit pris en charge par les assurances rend les médecins plus enclins à accumuler les examens à répétition et les traitements superflus.

Les animaux qui sont mes patients relèvent à 90% de la gériatrie et, aussi curieux que cela puisse paraître, il se pourrait que la médecine vétérinaire recèle quelques enseignements pour le monde de la santé dans son ensemble.

Bien qu'il existe des assurances santé dédiées aux animaux de compagnie, seuls 3% environ des propriétaires y souscrivent. Une portion substantielle des frais reste de toute façon à leur charge. Ils cherchent donc à bien comprendre ce qui motive chaque examen pratiqué. Je leur donne mon interprétation de la situation, ce que je cherche à vérifier et les examens nécessaires.

Je classe les diagnostics à poser par ordre d'importance et je fournis les coûts approximatifs. Mes clients peuvent alors choisir ce qu'ils veulent voir effectué, étant informés de l'importance relative de chacun des actes, de leur coût et des risques associés. Cette approche par étapes peut sembler fastidieuse, mais elle permet de réduire considérablement le nombre d'examens inutiles et coûteux. Et le processus lui-même est plus gratifiant.

Soulager la douleur

Lorsqu'on doit affronter la mort d'un être cher — humain ou animal — le véritable défi est de prendre conscience de la situation telle qu'elle est. Mon approche me permettant d'être plus proche des familles, il m'est plus facile de suggérer que le traitement le plus adapté pourrait consister à soulager la douleur plutôt qu'à tenter de combattre la maladie. Le propriétaire sera moins enclin à penser que vous laissez tomber leur animal chéri s'il vous fait confiance. Lorsqu'on me réclame un examen dont je sais que le résultat ne changera rien à la situation, je dis non. Si le cancer dont souffre votre golden retriever est trop avancé pour être opérable, pratiquer une biopsie constitue un exercice non seulement coûteux, mais superflu.

Quelle famille voudrait soumettre un animal de compagnie déjà malade à des examens douloureux, ou dépenser des milliers de dollars à établir un diagnostic qui ne mène à rien de plus? Dans ces conditions, pourquoi le faire lorsqu'il s'agit de nos parents? Il est certain que les enjeux ne sont pas les mêmes: on parle des gens qui nous ont mis au monde.

Un vétérinaire, d'autre part, ne vit pas sous l'épée de Damoclès d'un procès pour erreur médicale à même de ruiner sa carrière. Bien qu'un animal de compagnie soit bien souvent traité comme un enfant, il est légalement défini comme un objet —ma responsabilité légale est limitée à sa valeur nominale. Un vétérinaire n'est pas non plus noyé sous la paperasse, ce qui nous permet de passer plus de temps avec nos clients.

Je ne préconise pas que les patients et les leurs familles soient autorisés à décider intégralement des modalités de leur traitement. Mais il pourrait être intéressant de leur permettre de s'y impliquer de façon plus active. À certains égards, la pratique de la médecine vétérinaire aujourd'hui n'est pas si différente de ce qu'était la pratique de la médecine humaine avant que les compagnies d'assurance ne dictent la marche à suivre et que la menace d'un procès n'influence les décisions. Voilà peut-être ce qui explique la deuxième question la plus souvent posée dans mon cabinet: "Serait-il possible que je sois moi-même soigné dans cet hôpital?"

Par Karen Oberthaler, membre de l'équipe médicale de NYC Veterinary Specialists. Traduit de l'américain par David Korn



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