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L'histoire ou historique du climat

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L'histoire du climat nous renseigne sur les liens entre des phénomènes climatiques (El Niño, les sécheresses...) et des périodes historiques marquées (disparition des dynasties des Incas et des Mayas par exemple). Que nous disent exactement les archives au sujet de l’évolution du climat au cours des cinq derniers millénaires ? Quelles conclusions en tirer sur notre climat actuel ?

Le dossier propoé par Alain Gioda (historien du climat) pour Futura Sciences, passe en revue l'histoire du climat en tant que discipline d'étude. Vous allez découvrir les premiers instruments de mesure (comme le nilomètre), les débuts de la météorologie, les archives historiques sur le climat et l'ouvrage d'Emmanuel Le Roy Ladurie, une référence en la matière.

Futura Sciences 07/10/2011

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Dans son ouvrage L'histoire du climat depuis l'an mil (publié en 1967), Emmanuel Le Roy Ladurie (historien moderniste), pose les bases de la discipline de l'histoire du climat.

L'histoire du climat est présentée avec humour tel un passe-temps pour retraité selon son fondateur Emmanuel Le Roy Ladurie dans un long entretien inclus dans le numéro 4 de la revue Ethnologie Française consacré aux riches relations entre la météorologie, le climat et les sociétés. C'est vrai que Le Roy Ladurie n'a pas fait école en France chez les historiens français mais au-delà de nos frontières il a eu une large descendance intellectuelle en Belgique, Suisse, Europe centrale, Italie, Espagne et en Amérique latine où quelques-uns et quelques-unes approfondissèrent avec constance son sillon.

L'ouvrage de Ladurie et notre conception du climat

Toutefois dans la climatologie européenne l'impact des avancées de L'histoire du climat depuis l'an mil a été un coup de tonnerre car cet ouvrage de 1967 montra clairement que le climat n'était pas une constante terrestre (hors des changements à l'échelle géologique achevés à l'Holocène par la disparition de l'age de glace il y a quelque 12.000 ans voire depuis le Grand Pluvial du Sahara) mais qu'il variait sensiblement à l'échelle annuelle, décennale, séculaire et pluriséculaire. Ce nouveau paradigme alla de pair chez les scientifiques avec la grande découverte suivante : l'Homme, après avoir subi les aléas climatiques depuis toujours, maintenant conditionnait fortement la biosphère et la géosphère avec une augmentation sensible du CO2, un fait admis au niveau international à la suite des mesures faites en 1957-1958 sus les flancs d'un volcan des Hawaï lors de l'Année géophysique internationale (AGI).

Nous allons poursuivre le voyage, initié par Le Roy Ladurie en Europe, par le nôtre autour du monde afin d'essayer de montrer pourquoi et comment les historiens peuvent parler du climat.

Futura Sciences 07/10/2011

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Les historiens du climat s'attachent aux archives pour retracer l'évolution de notre climat. Parmi les grands événements dont nous avons les traces, la canicule de Pékin en 1743 et celle de 2003 sont restées dans les mémoires.

Que nous disent les archives au sujet de l’évolution du climat au cours des cinq derniers millénaires1 ? L’importance de l’étude des impacts du climat dans l’histoire a été perçue en France de manière aiguë lors de l’été 2003. Dans un monde urbain, développé et éloigné des anciennes sociétés agraires et pastorales, cette canicule causa le décès de presque 15.000 personnes.
La grande sécheresse de Pékin de 1743 et les relevés du père jésuite Gaubil. ©️ Gaston Demarée, Royal Meteorological Institute, Bruxelles

Pour un historien, le parallèle est aisé avec la canicule de Pékin de juillet 1743 et ses milliers de décès, connus grâce aux données de l’observatoire jésuite2.

La canicule historique de Pékin en 1743


Le père français Antoine Gaubil (Gaillac 1689 - Pékin 1759), fut envoyé en 1723 en Chine où il mérita la confiance des empereurs Yongzheng puis Qianlong. Ses relevés de températures lors de la grande sécheresse de Pékin de 1743 sont une pierre miliaire des débuts de la météorologie scientifique hors d’Europe. Les maximums journaliers dépassèrent pendant de longues périodes les 30 º Réaumur entre le 1er juin et le 25 juillet 1743 soit 37,5 ºC avec un maximum de 44,4 ºC). Ces températures caniculaires de 1743 sont à relier vraisemblablement à un grand épisode El Niño de 1744-1747 et elles sont plus fortes que celles observées à Pékin au XXe siècle, lors des étés 1942 et 1999. Les météorologues les considèrent les plus élevées de ces dernières 700 années. Cette canicule causa des dizaines de milliers de victimes selon les sources chinoises à Pékin, Tianjin et dans les provinces de Hebei, Shanxi et Shandong.

Le travail d'historien du climat

Toutefois l’historien du climat ne recherche pas seulement les paroxysmes, il bâtit surtout une histoire sérielle en comblant les lacunes chronologiques par le dépouillement des archives des monastères et églises, des municipalités, de la comptabilité des entreprises, etc.3

Il ne s’agit donc pas d’une recherche purement académique : de fait, l’histoire du climat permet de reconstituer finement les aléas du climat du passé.

Histoire du climat et naissance de l'écriture

Le père de l’histoire est Hérodote (Ve siècle avant J.-C.), pour qui ce mot est entendu comme enquête et exploration. Toutefois, en remontant plus avant, le moment à partir duquel nous pouvons faire de l’histoire du climat correspond très exactement à la naissance de l’écriture, une invention survenue sans lien géographique vers 3000 avant J.-C. en Mésopotamie et en Égypte, puis plus tard dans la vallée de l’Indus, en Chine et au Mexique. Partout il est possible de lier cette naissance à la sédentarisation des populations. Dans bien des cas elle apparaît comme fille de la comptabilité commerciale, particulièrement en Mésopotamie. Mais que dire des autres continents et contrées, ceux où les civilisations ne connaissaient pas l’écriture malgré leur richesse, ou bien celles où subsistaient des communautés de chasseurs-pêcheurs n’ayant pas besoin d’écrire ?

Notes

1. Ce texte est tiré de façon presque intégrale de ma contribution à l’ouvrage collectif présenté par Orsenna, E., Petit, M. (2011) Climat : une planète et des hommes. Cherche Midi.
2. Demarée, G. (2002-04) Bull. Scéance Acad. R. Sci. Outre-Mer (Bruxelles), 48: 393-395.
3. Le Roy Ladurie, E. (1983) Histoire du climat depuis l’an mil. Flammarion, Paris, 2e édition.

Futura Sciences 07/10/2011

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Les archives sur le climat permettent de lier les conditions climatiques d'une époque à de grands événements, comme la disparition de certaines dynasties (Mayas, Incas). Sommet du volcan Huaynaputina (Moquegua, Pérou) à 4.850 m d’altitude. L’éruption explosive du volcan Huaynaputina de 1600 produisit entre autres de très nombreuses pluies de cendres volcaniques. Elle est la plus forte manifestation du volcanisme en Amérique du Sud de toute la période historique. ©️ Illustrations : Jean-Claude Thouret, université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand

Climat et histoire : les Mayas

Connaître de façon fine l’histoire du climat pendant quelques siècles grâce aux archives permet de caler les autres indicateurs des paléoclimats et donc de prouver leur qualité avant de tenter une reconstitution. Ces indicateurs indirects sont les anneaux de croissance des arbres, les coraux, les charbons de bois, le pollen, les élytres des coléoptères, les lichens, les téphras qui comprennent cendres volcaniques, lapilli, scories, pierres ponces et autres bombes...

En pays maya, la disparition des dynasties qui régnaient sur les cités-États est datée par la fin des glyphes consignant leur généalogie : ainsi, à Copan, elle est advenue après 8221. Maintenant nous savons lier cet effacement à une sécheresse de grande ampleur et prolongée qui correspond aux « âges sombres » de l’Europe et, de façon générale, à une chute de la production agricole, attestée par les traces de malnutrition, depuis l’an 650 environ, relevées sur de nombreux squelettes.

Climat et histoire : les Mayas

Connaître de façon fine l’histoire du climat pendant quelques siècles grâce aux archives permet de caler les autres indicateurs des paléoclimats et donc de prouver leur qualité avant de tenter une reconstitution. Ces indicateurs indirects sont les anneaux de croissance des arbres, les coraux, les charbons de bois, le pollen, les élytres des coléoptères, les lichens, les téphras qui comprennent cendres volcaniques, lapilli, scories, pierres ponces et autres bombes...

En pays maya, la disparition des dynasties qui régnaient sur les cités-États est datée par la fin des glyphes consignant leur généalogie : ainsi, à Copan, elle est advenue après 8221. Maintenant nous savons lier cet effacement à une sécheresse de grande ampleur et prolongée qui correspond aux « âges sombres » de l’Europe et, de façon générale, à une chute de la production agricole, attestée par les traces de malnutrition, depuis l’an 650 environ, relevées sur de nombreux squelettes.
Futura Sciences 07/10/2011

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Grâce aux archives de l'Église, on a pu évaluer les variations climatiques en Europe, à l'échelle de la saison, de l'année, de la décennie et du siècle ; en suivant également les épisodes El Niño.

En Europe l’histoire du climat est d’abord élaborée à partir des archives de l’Église, dépositaire presque exclusif du savoir jusqu’à la fin du Moyen Âge. L’étude de la variation des dates de vendanges comme marqueur du changement climatique année après année a permis une percée significative, appuyée encore par l’étude des dates de la véraison (maturation) des raisins1. Il est aisé de distinguer l’« optimum médiéval » de l’an mil, contemporain de la renaissance monastique, et le début d’une nouvelle ère de défrichement en les opposant au grand refroidissement du début du « petit âge glaciaire » au XIVe siècle, celui des Rois maudits et de la Peste noire. Il a été possible d’appréhender les variations climatiques à l’échelle saisonnière, annuelle, décennale, séculaire et pluriséculaire.

Les épisodes El Niño

Néanmoins, c’est peut-être du côté de l’Amérique latine que l’avancée majeure a été accomplie : la datation et la prise en compte des épisodes El Niño, qui scandent le climat de la Terre. S’il a pu être montré que Pizarre n’a pas découvert l’empire des Incas à la faveur d’un El Niño2, ses impacts depuis des millénaires sont avérés. De longues chronologies de ce phénomène depuis le XVIe siècle ont pu être mises au point et sans cesse affinées3. Trois épisodes El Niño particulièrement intenses, avec des sécheresses et crues paroxystiques, combinés à d’autres causes, provoquèrent des tragédies :

- entre 1800 et 1805, fragilisant l’Empire espagnol avant les premiers soulèvements des guerres d’indépendance ;

- en 1878-1879, lors de la guerre du Pacifique ;

- et le dernier récemment, en 1982-1983, prémices de la chute de la dictature, incapable d’en limiter les conséquences socioéconomiques en Bolivie4.

Les éruptions volcaniques, riches d'enseignement

Ancienne elle aussi mais pleine d’enseignements pour la climatologie, l’éruption riche en cendres en 1600 du volcan Huaynaputina, au Pérou, a permis de dater les couches annuelles de glace, ouvrant de véritables archives glaciaires andines. L’éruption dura du 19 février jusqu’au 6 mars, voire jusqu’au 15 mars 1600, selon les lettres annuelles des jésuites5-6.

Un phénomène très récent (les projections volcaniques de l’Eyjafjöll islandais en 2010) apparaît comme un lointain écho de l’éruption du Laki (lui aussi islandais) en 1783, catastrophe aux conséquences funestes qui affecta toute l’Europe et une partie de l’Amérique du Nord. Ce fut le cas en particulier en Finlande, où l’agriculture est ordinairement fragile : le brouillard volcanique, masquant le pâle soleil de l’été boréal, y causa une famine et une forte surmortalité, tandis que l’hiver 1783-1784 fut l’un des plus rudes du « petit âge glaciaire »7.

À l’échelle saisonnière, en Espagne, l’étude des rogations (prières publiques accompagnées de processions) que l’Église organisait pour attirer la bénédiction divine sur les récoltes) avait permis, selon la gamme des manifestations religieuses, allant jusqu'à la sortie des saints lors d’une sécheresse extrême, d’établir une échelle fiable des phénomènes météorologiques avant l’apparition d’instruments spécifiques ou mieux dit scientifiques8. Ses conclusions ont pu être transposées avec succès au Mexique9.

Notes

1. Chuine, I., Yiou, P., Viovy, N., Seguin, B., Daux V., Le Roy Ladurie, E. (2004) Nature 18 November, 432: 289290.
2. Hocquenhem, A.-M., Ortlieb, L. (1990) Bull. IFEA (Lima), 19(2): 327-334
3. Voituriez, B., Jacques, G. (1999) El Niño. Réalité et fiction. Unesco.
4. Gioda, A., Prieto, M.R. (1999) La Météorologie, 8e série, 27: 33-42.
5. Bouysse-Cassagne, T. (1988) Lluvias y cenizas. Hisbol, La Paz (Bolivie).
6. Thouret, J.Cl., Dávila, J., Juvigné E., Gourgaud A., Boivin P. (2002) Journal of Volcanology and Geothermal Research, 115 (3-4):529-570.
7. Brázdil, R., Demarée, G.R., Deutsch, M., Garnier, E., Kiss, A., Kolář, P., Luterbacher, J., Macdonald, N., Rohr, C. (2010) Theoretical and Applied Climatology, 100: 163-189.
8. Barriendos, M. (1997) The Holocene, 7: 105-111.
9. Garza, G. (2002) Investigaciones Geográficas, Bol. Instituto Geografía, UNAM (Mexico), 48: 106-115.

Futura Sciences 07/10/2011

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Les premières mesures sont notamment issues des nilomètres de l’Égypte et des pluviomètres de l’Inde et de Corée, tandis que la météorologie scientifique commence bien plus tard en Occident, avec l’invention du baromètre.

Le nilomètre de Syène sur l’île d’Éléphantine (Haute-Égypte) et les crues du Nil. En 25 ou 24 av. J.-C., le géographe grec Strabon voyagea le long du Nil en Égypte, accompagnant le préfet romain Ælius Gallus. « Le nilomètre est un puits construit en pierres bien équarries dans lequel sont faites des marques indiquant les crues du Nil, car l’eau dans le puits monte et s’abaisse avec celle du fleuve. [...] » (Strabon, Voyage en Égypte, XVII, 1. à propos du nilomètre de Syène). ©️ Christos Nüssli, Euratlas

Apparition des premiers pluviomètres

Les nilomètres (les puits en escalier riverains du Nil étaient pourvus de marques mesurant le niveau des plus hautes eaux annuelles) joueront un rôle important dans la taxation des grains : plus le niveau d’eau atteint était élevé, plus le limon de crue abondait, et plus les récoltes étaient riches et l’empire était prospère. Mis en place sous la dynastie des Ptolémées (à partir du IVe siècle av. J.-C.), ils continueront d’être utilisés de façon régulière jusqu’au cœur de l’époque musulmane, au IXe siècle après J.-C1.

En Inde, un traité du grammairien Panini (IVe siècle avant J.-C.), l’Astadhyayi, parle déjà d’un pluviomètre. Par la suite les grandes dynasties Maurya et Gupta (jusqu’au VIe siècle après J.-C.) étendirent les mesures de la pluie dans leur empire. En Corée, c’est sous le règne de Sejong le Grand que fut officiellement introduit le premier pluviomètre (1443), mais en fait le réseau couvrait déjà tout le pays. C’est dire que la pratique de ces mesures de la pluie naît de façon indépendante dans des endroits éloignés les uns des autres, à la demande des gouvernants, en vue d’impôts plus équitables et mieux distribués2.

Notes

1. Musy, A., Higy, Ch. (2004) Hydrologie : une science de la nature. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes.
2. Ministère français de l’Environnement, ministère des Transports, Météo-France (1991) Les données pluviométriques anciennes. Paris.

Futura Sciences 07/10/2011

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La météorologie européenne apparaît au XVIIe siècle comme une science, ou plutôt comme un élément important en astronomie.

Le thermoscope chinois du père Verbiest (vers 1670). Un thermoscope est un instrument destiné à déceler des variations de températures. Contrairement au thermomètre, le thermoscope ne permet pas de mesurer la température de manière absolue. Souvent attribuée à Galilée son invention dans les années 1610 semble plutôt attribuable à Santorio Santorio, un médecin de Padoue avec lequel il avait des échanges fructueux. Le thermoscope du père jésuite Verbiest est daté d’environ 1670. L’adaptation de l’appareil destiné à l’empereur éclairé Kangxi et donc fait en verre local et avec des graduations en chinois, témoigne de la volonté toujours présente chez les jésuites d’intégrer leur religion et la science dans le tissu de l'Empire du Milieu loin d’une vision eurocentrique. ©️ Gaston Demarée, Royal Meteorological Institute, Bruxelles

Le décollage économique est engendré par l’exploitation du Nouveau Monde (trésors et mines, sans compter les nouvelles plantes cultivées), ayant permis la multiplication par dix, environ, en un siècle, de la quantité d’or et d’argent en Europe et facilité l’éclosion des sciences.

L'invention du baromètre et du pluviomètre

Avec le thermomètre1 l’instrument clé en météorologie est le baromètre inventé en 1643 par Torricelli, le successeur de Galilée comme physicien et mathématicien à la cour de Toscane. Cet instrument est contemporain du pluviomètre de Castelli (1639), ce dernier étant lui-même un élève de… Galilée et le maître… de Torricelli.

Si les stations les plus anciennes de mesures continues des températures (présentées dans le tableau) sont largement postérieures, c’est bien à la cour du mécène de Torricelli et auparavant de Galilée, le grand-duc de Toscane Ferdinand II de Médicis, souvent considéré comme l’inventeur du thermomètre en 1654, grâce à l’approfondissement de leurs travaux et de ceux du médecin Santorio Santorio, que s’amorce le développement de la météorologie.

L'Academia del Cimento

L’approche expérimentale fait un bond en avant avec l’Academia del Cimento fondée en 1657 à Florence. Partout y compris en Chine l’expansion coloniale européenne permit la diffusion de ces instruments.

Enfin, l’association de la médecine à la climatologie est importante durant cette large période qui, partie de la Renaissance, se prolongera jusqu’aux avancées de Pasteur à la fin du XIXe siècle. Elle est donc d'une importance quasi-exclusive concernant une approche microbienne de la maladie, reléguant l’approche environnementale dans les « vieilles lunes », avant le retournement de la tendance de ces dernières décennies, sous l’impulsion des études sur le changement climatique.

Médecine et climatologie de Lima (Pérou) par le Dr. Unanué (1815). Le Dr. José Hipólito Unanué (Arica 1758 – Lima 1833) est un représentant des Lumières au Pérou. Médecin, journaliste et homme politique, il est célèbre pour cet ouvrage dont la première page est reproduite -de la seconde édition (1815)- au sujet du climat de Lima et de son influence sur la santé. Les données de terrain et météorologiques furent recueillies entre 1799 et 1805. La première édition est de 1806. ©️ Domaine public
Le livre est téléchargeable gratuitement.


Les stations météorologiques

Le cas de la station météorologique de Lima (Pérou), créée en Amérique dès le milieu du XVIIIe siècle, ressort de cette dernière approche à la connexion de médecine et de la science alors que les jésuites combineront toujours astronomie et ensuite climatologie dans leurs observatoires.

Les plus anciennes stations météorologiques d’après Jones, Ph. (2001) modifié par Carcelén Reluz, R. In: History and climate. Memories of the future? Jones, Ph., Ogilvie A., Davies, T., Briffa, K. (eds.). Kluwer /Plenum, New York: 58.

Au milieu du XIXe siècle, un réseau mondial de météorologie, en particulier grâce aux observatoires jésuites d’astronomie et de géophysique, se mettra en place dans de nombreux pays bien avant à la création de services météorologiques étatiques2-3.

L’observatoire jésuite du XIXe siècle de Quito (Équateur). L'observatoire jésuite est situé dans le parc de la Alameda et il fut en 1873 le premier observatoire national sud-américain. Comme beaucoup de constructions de prestige des nouveaux États sud-américains nés au XIXe siècle, il est une copie d’un modèle européen, ici, l’observatoire de Bonn en Allemagne. Chassés par les Espagnols et les Portugais d’Amérique en 1767, les jésuites y retournèrent peu à peu quelques décennies après les indépendances, une fois tarie la vague anticléricale issue de la révolution de Bolivar qui assimilait l’Église à l’Espagne. Ils se consacrèrent à la formation des nouvelles élites, notamment par un enseignement scientifique nourri par leurs recherches en astronomie, météorologie et sismologie faites dans un réseau international d’observatoires. ©️ Marc Figueras, Wikipédia CC

La fin du XXe siècle a vu le passage d'une histoire événementielle à une ou plutôt des histoires stratifiées ou sérielles, dont l'histoire du climat. Elle a vu également la fusion entre sciences dites anciennement « molles », dont l'histoire, et celles dites « dures », telle la dendrochronologie (étude de l’âge des arbres grâce à leurs cernes de croissance), pour ce qui nous intéresse, au profit d'une seule science, ici, la paléoclimatologie4.

1. Labrousse, J. (2011) Une brève histoire de la mesure de la température: 173-178. In: Climat : une planète et des hommes, Cherche Midi.
2. Udías, A. (2003) Searching the heavens and the history of Jesuit observatories, Kluwer.
3. Terneus, A. Gioda, A. (2006) Advances in Geosciences, 6: 181-187.
4.- Simon, G. (2008) Sciences et histoire. NRF, Gallimard

Futura Sciences 07/10/2011

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L’histoire du climat permet de mettre en perspective la climatologie et de réintroduire l’importance de la nature et de son impact sur les civilisations à l’échelle de la Terre.

L'étude de l'histoire du climat doit nous inciter à évaluer les conséquences de notre mode de vie et nos solutions pour s'adapter au changement climatique.

Le changement climatique et l'Homme

La nature avait été apparemment domptée grâce à la science à partir du XVIe siècle ou du siècle d’or, époque de la colonisation et de la diffusion de la culture occidentale dans le Nouveau Monde et en Extrême-Orient. Ce phénomène s’accentuera lors de la période impérialiste, à partir de 1880, ouvrant socialement, dans un premier temps, sur une plongée « au cœur des ténèbres », selon les mots du titre de la longue nouvelle de Joseph Conrad.

Plus inquiétant encore, dans un deuxième temps, des phénomènes récents ont montré que le contrôle des soubresauts de la nature par les sociétés humaines, y compris les plus modernes, se révélait fort médiocre : exemples de la canicule de 2003 et de l’éruption du volcan islandais de 2010.

Il en découle que l’histoire du climat nous incite à nous interroger sur la valeur de notre aménagement du territoire et, plus largement encore, sur l’organisation de nos sociétés du point de vue de leur capacité à faire face aux conséquences d’un rapide changement climatique d’origine anthropique. Leur richesse, alliée à leur haute technicité et à leur urbanisation sans cesse croissante, peut paradoxalement devenir une source de problèmes.

Pour aller plus loin :

- Garnier, E. (2010) Les dérangements du temps. Plon.

- Le Roy Ladurie, E. (2009) Histoire humaine et comparée du climat. Le réchauffement de 1860 à nos jours. Tome 3, Fayard.

- Au sujet du Dr. Unanué et de ses apports à la médecine.

Futura Sciences 07/20/2011

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