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BelleMuezza

Phosphate : indispensable à la vie... il pollue mais on a peu d'en manquer....

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Le phosphate, moins célèbre que le dioxyde de carbone ou le nitrate, est un polluant lorsqu'il est dégagé dans l'eau. Pourtant il est également vital à l'agriculture. Ce paradoxe impose une gestion précise qui n'est pour l'instant pas du tout maîtrisée, au point qu'une pénurie s'annonce. Cependant entre limitation du gâchis et recyclage, les solutions existent.

On entend régulièrement parler des problèmes liés au carbone. De même, l’impact écologique de l’azote est souvent étudié. En revanche, le phosphate (dérivé du phosphore) fait beaucoup moins parler de lui. Pourtant, bien que nocif quand il est relâché dans l’environnement, il est indispensable à la vie puisqu'il relie chacune des bases azotées de l’ADN entre elles. En outre, il est très utilisé en agriculture.

Le problème est qu’à l’instar des hydrocarbures, les ressources en phosphore (P) sont limitées. Jusque dans les années 1960, les sources étaient principalement le guano et le fumier, et donc renouvelables. Face à la demande, il a fallu aller le chercher dans les minerais, une source aujourd'hui très largement prépondérante. La ressource n'est donc plus inépuisable et n'aura qu'un temps.

Le risque d'une pénurie prochaine est réelle, au point que James Elser et Elena Bennett, chercheurs des universités de l’Arizona et McGill, ont lancé un cri d’alarme le mois dernier dans la revue Nature.

Le phosphate (PO43-) est principalement présent dans l’apatite, une roche issue de la sédimentation. La formation de cette roche se fait par enfouissement, au fond des océans. Puis grâce au mouvement des plaques, l'apatite remonte à la surface. Enfin, le phosphore est libéré dans le sol suite à l’érosion de ces roches. C’est là qu’il est puisé par les plantes et réintroduit dans la chaîne alimentaire. Le phosphore est donc indispensable à la vie.

Il est également possible de le récupérer au niveau de l'apatite à des fins agricoles. En effet, le phosphate est un des principaux engrais, avec le potassium et le nitrate. Malheureusement, trop abondamment utilisé, il ne peut être contenu par les sols et se déverse finalement au sein des écosystèmes aquatiques, où il est à l’origine de l’eutrophisation, participant de manière significative à la pollution des océans.

D’ailleurs, selon une étude réalisée en 2009, sur 17,5 millions de tonnes de phosphore extraites en 2005, 14 millions ont été utilisées pour la fertilisation des sols. Mais seulement 3 millions sont parvenues jusque dans nos assiettes, soit 21 % environ. Ce qui veut dire que le reste – 11 millions de tonnes – n’a pas été absorbé par les plantes et finira un jour dans les écosystèmes aquatiques. En outre, toujours selon cette étude, de 30 à 40 % de la nourriture est gâchée, ce qui correspond à environ une tonne de phosphore supplémentaire qui subit le même sort.

À force de perte, la raréfaction des sources de phosphore devient très préoccupante. À l'image du peak oil, une étude a du reste prévu le pic de phosphate pour les années 2030 ! D'ailleurs, certains paysans pauvres ne peuvent plus se permettre de fertiliser leurs terres. Et pour cause, le prix du phosphate a augmenté de 700 % entre 2007 et 2008. Et un seul pays détient environ 90 % des réserves estimées : le Maroc.
Recycler et limiter le gâchis


Quelles sont les solutions ? Il faut commencer par limiter le gâchis. Que ce soit au niveau alimentaire, ou bien lors de l'usage des engrais. Moins d’apport en phosphate est une chose réalisable à condition que les pratiques agricoles soient revues. Par exemple, on peut limiter l’utilisation d’engrais en déterminant sa période la plus efficace.

Le recyclage est aussi une solution prometteuse. La réutilisation des excréments humains est, à ce sujet, une voie intéressante. Certains pays ont déjà adopté des toilettes qui séparent l’urine des excréments afin de récupérer ces derniers.

Enfin, la transgénèse apparaît comme une approche encourageante également. Certains scientifiques ont mis au point des plantes capables de développer davantage leur système racinaire et ainsi, récupérer plus de phosphate provenant du sol, tandis que d’autres ont modifié génétiquement des cochons afin qu’ils produisent des excréments moins phosphatés.

Sans de telles mesures, le phosphate pourrait prochainement devenir le nouvel or blanc...

Futura Sciences 18/10/2011

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