BelleMuezza 0 Posté(e) le 14 mai 2012 "Qui pourrait croire que l'air à 5.000 mètres d'altitude n'est pas le plus pur ? Que les neiges ne sont pas les plus blanches". Peu de gens, et pourtant... C'est le sujet préoccupant qu'a choisi de mettre en lumière la réalisatrice Agnès Moreau dans son documentaire "Un nuage sur le toit du monde". A des milliers de kilomètres d'altitude, les glaciers des chaines himalayennes sont masqués par d'épais nuages bruns, des ABC pour Atmospheric Brown Clouds. Loin de pouvoir être confondus avec nos nuages de coton, ces étendues brumeuses sont en fait chargées de particules polluantes à des concentrations extrêmement élevées.Ozone, particules fines et surtout carbone noir sont arrivés là poussés par les vents des vallées et continuent de voyager au gré des courants atmosphériques sur des kilomètres et des kilomètres. Des vents qui amènent ces polluants jusqu'au toit du monde, l'Everest situé à la frontière entre le Népal et la Chine. Ce phénomène a été révélé en 2008 lorsque des chercheurs ont fait part des résultats de mesures atmosphériques réalisées à plus de 5.000 mètres d'altitude, au pied de la montagne. Celles-ci indiquaient un constat simple mais tout sauf rassurant : "L'air de l'Himalaya est aussi pollué que celui des villes d'Europe". Après la découverte d'un gigantesque nuage de pollution, une équipe de scientifiques italiens et français ont ainsi décidé de partir sur place pour en apprendre plus sur les concentrations surprenantes de polluants dans ces contrées censées être vierges et qui constituent encore des terres inconnues. C'est cette équipe qu'Agnès Moreau a suivi jusqu'au pied de l'Everest dans une pyramide de verre, la première station atmosphérique construite dans la région en 2006. Dans ce laboratoire, les chercheurs effectuent de multiples mesures sur la composition de l'air. Des données qui sont transmises et analysées par différentes équipes à travers le monde.Outre cette étude, l'équipe mène également une enquête détaillée auprès de la population vivant à proximité des montagnes. Ils demandent ainsi aux habitants pour la plupart âgés, s'ils ont constaté des changements dans la fréquence des pluies, de la neige, de l'intensité de la mousson au cours des dernières années. Des questions dont les réponses sont sans équivoque. Oui, il y a eu du changement. En effet, comme l'expliquent plusieurs chercheurs dans le documentaire, le carbone noir impacte le climat local en favorisant le réchauffement et en augmentant la fonte des glaces. La preuve en images : à 2.000 mètres d'altitude, des habitants cultivent aujourd'hui des citrons et des bananes... Tandis que les conséquences de cette pollution semblent déjà à un stade avancé, leur étendue reste très imprécise. Dans son film, Agnès Moreau évoque ainsi un autre aspect : le besoin de sensibiliser les populations et gouvernements pour enrayer le phénomène. En effet, le carbone noir est libéré en grande partie par les véhicules diesels mais aussi lors de la combustion incomplète de bois ou de charbon. Ces particules sont ainsi relâchées par les briqueteries de la région comme par les foyers des habitants. Des solutions simples permettraient de limiter leurs émissions et auraient un impact beaucoup plus rapide et visible que la lutte contre les émissions de CO2, selon les scientifiques. Mais encore faut-il que les spécialistes parviennent à convaincre les gouvernements de l'importance du phénomène. Liens entre pollution et réchauffement climatique, système hydraulique et agriculture de la région, de la pyramide de verre aux laboratoires européens, des villages à 2.000 mètres d'altitude au pied de l'Everest, Agnès Moreau a suivi pas à pas les scientifiques pour alerter de ce phénomène inquiétant mais réversible. Coproduit notamment par Arte France, Le Miroir, le CNRS Images et l'IRD, le documentaire "Un nuage sur le toit du monde" sera diffusé sur la chaine Arte le jeudi 24 mai prochain à 22H20.Maxisciences 14/05/2012 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BelleMuezza 0 Posté(e) le 24 mai 2012 Le documentaire tourné à 5.000 m d'altitude relate l’aventure scientifique qui a permis de montrer la présence d’une importante pollution dans l’Himalaya. Témoignage de la réalisatrice du film Un nuage sur le toit du monde, à voir ce soir sur Arte. (----->Je vais devoir attendre la rediffusion car je n'étais pas à la maison... alors que ce n'était pas prévu ! )Sur Arte ce soir, le documentaire réalisé par Agnès Moreau, Un nuage sur le toit du monde, relate les conditions étonnantes dans lesquelles des scientifiques ont pu mesurer des pics de pollution plus forts sur le «toit de monde», dans l’Himalaya, que dans certaines villes européennes.Cette aventure sportive et scientifique commence en 2006 par la construction d’un laboratoire -une pyramide de verre- et d’une cabane de mesures à plus de 5000 m d’altitude. Les données engrangées sont passionnantes : on observe certains jours une pollution de 10 microgrammes par m3 alors qu’à Grenoble elle n’est que de 1 à 2 microgrammes par m3.Parmi les explications trouvées, l’existence d’un nuage de pollution riche en ozone et carbone noir, appelé ABC pour "Atmospheric Brown Cloud". Ce nuage, découvert dans les années 1990 par le Pr Veerabhadran Ramanathan (Scripps Institution, Californie, USA), se sert des vallées himalayennes comme d’un couloir pour atteindre le sommet des massifs, polluer leur atmosphère et faire fondre les glaces.Quel est l’influence de ce nuage sur cette immense réserve d’eau qu’est l’Himalaya ? En quoi le réchauffement climatique modifie les 33.000 km2 de glace de cette chaîne de montagne ? Jusqu’à présent l’attention était focalisée sur les glaces du pôle nord et du pôle sud, en oubliant que la Terre possède son troisième pôle : l’Himalaya. Ce dernier, comme les deux autres, voit son climat et sa végétation se modifier. Les scientifiques tentent donc d’inventer un modèle pour comprendre et analyser les changements observés sur la troisième plus grande réserve d’eau douce du monde. Un défi que nous propose de vivre en direct ce film. Trois questions à Agnès Moreau, réalisatriceSciences & Avenir.fr : Filmer à 5000 m d’altitude, avec 30 à 35 % de capacité physique en moins, demande un peu de préparation. Comment vous êtes-vous préparée à ce tournage?Agnès Moreau : Je me suis entraînée au parc des Buttes Chaumont (à Paris) pendant trois mois. Chaque jour, je courrais ou je marchais 40 minutes. Enfin avant de partir, toute l’équipe du tournage a passé un test d’aptitude au manque d’oxygène à l’hôpital de Bobigny.Sciences & Avenir.fr : Et sur place, comment avez-vous géré le fait de vivre avec 45% d’oxygène seulement ?Agnès Moreau : C’est vrai que nous étions sous la menace d’un œdème pulmonaire ou cérébral. Mais nous étions surveillés par un technicien de la station qui mesurerait régulièrement le taux d’oxygénation de notre sang. Il observait aussi toute modification de notre comportement qui aurait pu être un symptôme d’hypoxie (manque d’oxygène).Il faut savoir que derrière l’équipe de tournage traditionnelle, il y avait des porteurs et des guides. Sans eux, rien n’aurait été possible. Nous étions bien incapables de porter notre matériel. Sciences & Avenir.fr : Comment s’organise la vie dans le laboratoire - la pyramide ?Agnès Moreau : Le laboratoire fonctionne toute l’année avec une dizaine de Népalais, souvent originaire de la région, qui restent sur place 5 mois environ. Puis ils rentrent chez eux, dans des villages qui sont souvent à plusieurs jours de marche. Les scientifiques viennent deux fois par an pour un mois et demi. Il y a une intendance très lourde, puisque tout le matériel est transporté à dos d'hommes, par les fameux sherpas. Propos recueillis par Isabelle Do O'Gomes Sciences et Avenir 24/05/2012 Arte (rediffusions le 27/05/12 à 10h50 et le 30/05/12 à 14h15, Arte)Documentaire réalisé par Agnès Moreau Coproduction : Arte France, le miroir, CNRS Images, IRD, ICIMOD. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites