BelleMuezza 0 Posté(e) le 17 juin 2012 A lui tout seul, Jadav Payeng a fait pousser une forêt sur une banc de sable situé au milieu du fleuve Brahmapoutre, en Inde. Loin de faire la une des médias, son action et son dévouement sont exemplaires. Le site héberge plusieurs espèces en voie d'extinction.Il y a 33 ans, il n'y avait rien. Ou plutôt si, il y avait un banc de sable jonchés de serpents morts. Le fleuve Brahmapoutre, en crue, avait rejeté les reptiles sur l'îlot formé par ses méandres. Jadav Payeng, alors âgé de 16 ans, a découvert le cimetière avec torpeur : "les serpents étaient morts de chaleur, il n'y avait pas d'arbres pour les protéger. Je me suis assis et j'ai pleuré sur leurs corps sans vie. C'était un carnage. J'ai alerté le ministère des Forêts et leur ai demandé s'ils pouvaient planter des arbres. Ils m'ont répondu que rien ne pousserait ici et m'ont dit d'essayer de planter des bambous. C'était dur mais je l'ai fait. Il n'y avait personne pour m'aider", raconte-t-il au Times of India. A Jorhat, à 350 kilomètres de route de Guwahati, il y a maintenant une forêt. Loin de tout, puisqu'il faut quitter la route principale, prendre un chemin sur une trentaine de kilomètres avant d'arriver sur les berges du Brahmapoutre. De là, des bateliers vous aideront à passer sur la rive nord. Sept kilomètres de marche plus tard, on arrive près de chez Payeng, dans cet endroit que les gens du coin appellent Molai Kathoni ("le bois de Molai" - d'après le surnom de Payeng). A 47 ans, Jadav Payeng peut être fier. A l'époque, il avait abandonné ses études et sa famille pour vivre seul sur le site du banc de sable : matin et soir, il arrosait et taillait les plants. En quelques années, une forêt de bambou est née de ses efforts. L'Indien n'a pas ménagé son temps et sa science du milieu lui a été d'un grand secours : "j'ai ramené de mon village des fourmis rouges : elles ont des propriétés bénéfiques pour le sol. Mais elles m'ont piqué plusieurs fois !", sourit-il. Rapidement, toute une série de fleurs et d'animaux se sont installés sur le banc de sable devenu forêt. Certaines espèces menacées y ont même élu domicile comme le rhinocéros à une corne et le tigre royal du Bengale. "Au bout de 12 ans, on pouvait voir arriver quelques vautours ! Les oiseaux migrateurs commençaient à se poser en masse. Les cerfs et le bétail ont attiré ces prédateurs", raconte Payeng. L'homme, en écologiste chevronné, conserve une rhétorique intacte : "La nature a créé une chaîne alimentaire : pourquoi est-ce qu'on ne s'y tient pas ? qui protégera ces animaux si nous, les êtres supérieurs, nous nous mettons à les chasser ?" Ce n'est qu'en 2008 que le Ministère des forêts de l'Assam entend parler de la forêt de Payeng. Un troupeau d'une centaine d'éléphants sauvages s'y réfugie alors, après avoir ravagé les villages voisins, détruisant aussi au passage la maison de Payeng. Gunin Saikia, conservateur et assistant des forêts, narre sa première rencontre avec l'homme qui avait planté la forêt : "nous avons été surpris de trouver une forêt aussi dense sur le banc de sable. Les gens du coin dont la maison avait été détruite par les pachydermes voulaient abattre ce bois, mais Payeng leur a dit qu'il faudrait le tuer d'abord". "Il traite les arbres et les animaux comme si c'étaient ses enfants. Quand on a vu ça, on a décidé de contribuer au projet. Payeng est incroyable. Cela fait trente ans qu'il est là-dessus. Dans n'importe quel pays, il serait un héros", ajoute encore Gunin Saikia.Maxisciences 17/06/2012 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites