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ROUMANIE : Une autoroute dans la ville suscite la polémique à Bucarest

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BUCAREST - Un méga projet d'autoroute intra-urbaine censé résoudre les problèmes de trafic de Bucarest suscite la controverse dans une capitale roumaine déjà marquée au fer rouge par la folie destructrice du dictateur Nicolae Ceausescu.

Cette voie rapide de trois fois trois voies, longue de 13 km, doit traverser plusieurs quartiers de la ville et passer sous le plus grand parc de la capitale, Herastrau.

Le maire de Bucarest, Sorin Oprescu, a fait de ce projet pharaonique, dont les coûts sont estimés à plus d'un milliard et demi d'euros, la priorité de son mandat.

A ce prix là, un kilomètre d'autoroute va coûter plus de 100 millions d'euros alors que la moyenne européenne est de cinq millions, note Nicusor Dan, président de l'association pour la sauvegarde du patrimoine Sauvez Bucarest.

L'argent ne viendra pas du budget puisque nous ne l'avons pas, mais nous allons constituer un partenariat public/privé, a rétorqué M. Oprescu fin août, quand la première phase de cette méga construction a été approuvée par le conseil municipal.

Selon lui, des investisseurs chinois, américains, russes et coréens seraient déjà intéressés. En visite en Chine l'année dernière, il avait signé un mémorandum à ce sujet avec la compagnie Shanghai Construction Group.

Encore très populaires dans les grandes villes d'Asie, les autoroutes intra-urbaines sont de l'histoire ancienne en Europe de l'Ouest, les villes cherchant davantage à réduire le trafic automobile.

Si à court terme une nouvelle artère atténue le problème du trafic, dans un deuxième temps, elle tend à encourager l'utilisation de la voiture et conduit de nouveau à une augmentation du trafic, explique à l'AFP Gruia Badescu, urbaniste et doctorant à l'université britannique de Cambridge.

En France, plusieurs grandes agglomérations ont détruit ces dernières années des ponts autoroutiers dans les villes, comme à Marseille ou à Grenoble.

A Paris, les autorités avaient projeté de créer un maillage d'autoroutes à l'intérieur de la ville dans les années 1960 avant d'abandonner l'idée. Et la municipalité écolo-socialiste veut transformer en promenade une autoroute urbaine qui suit la Seine au centre de Paris, dès 2013.

Il existe aujourd'hui en Europe de l'Ouest une vision qui remet en cause non pas seulement le tout voiture, mais aussi le développement extensif des villes, indique à l'AFP Jean Laterrasse, directeur du Laboratoire ville mobilité transport de l'université Paris Est.

Mais Bucarest est confrontée à deux problèmes majeurs, d'une part l'absence d'une culture de l'administration urbaine au sein des autorités locales et d'autre part le manque de dialogue avec la communauté. Des études récentes ont montré que les Bucarestois ont d'autres problèmes plus importants que celui de la circulation, dit Gabriel Pascariu, professeur d'urbanisme à l'université Ion Mincu de Bucarest.

Petite ville balkanique devenue métropole de deux millions d'habitants sous le communisme, Bucarest est aujourd'hui l'un des pôles économiques du sud-est de l'Europe. Défigurée par les travaux de modernisation mégalomanes voulus par le dictateur Nicolae Ceausescu dans les années 80, qui rasa les trois-quarts du centre-ville pour construire son immense palais, la capitale roumaine souffre aujourd'hui d'attaques de la part de requins de l'immobilier et d'un trafic en forte hausse.

Au milieu des années 2000, en plein boom économique, plus de mille véhicules étaient immatriculés quotidiennement à Bucarest. Le nombre de voitures a doublé en moins de dix ans et dépasse le million.

Il est clair que les solutions des années 1970 ne sont plus valables pour résoudre le problème du trafic, mais il faut être réaliste: on ne diminue la part de la voiture qu'avec une offre de transports en commun très dense, note Alain Bourdin, professeur à l'Institut français d'urbanisme de l'université de Paris Est.

A Bucarest, deux visions diamétralement opposées de la ville s'opposent aujourd'hui: si la mairie a décidé de faciliter la vie des automobilistes, les associations d'urbanisme sont bien décidées à se faire les avocates des piétons et cyclistes.



ROMANDIE.COM 30/09/2012

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