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BelleMuezza

Débarquement d’espèces invasives aux Etats-Unis

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Des débris arrachés lors du tsunami au Japon continuent de s’échouer sur les côtes américaines. Sur ces radeaux de fortunes survivent des dizaines d’espèces asiatiques qui font la grande traversée. Au cours de l’histoire, plusieurs animaux ont ainsi colonisé de nouveaux territoires.

Près de cinq millions de tonnes de débris se sont détachés des côtes japonaises. Avec eux des centaines d'espèces animales ont dérivé, certaines jusqu'aux Amériques. NOAA


En juin dernier, un morceau d’un quai détaché de la ville côtière de Misawa au Japon lors du tsunami de 2011 s’est échoué à Agate Beach, Oregon. À des milliers de kilomètres de son point départ. On connaît son origine précise car une plaque portant le nom de la ville a été retrouvée dans les débris.

Morceau de quai échoué sur une plage de l'Oregon. Oregon Parks and Recreation Department

En juin dernier, un morceau d’un quai détaché lors du tsunami de 2011 de la ville côtière de Misawa au Japon s’est échoué à Agate Beach, Oregon. Washington Department of Fish and Wildlife

Quelques heures après la découverte du quai, les biologistes marins du Hatfield Marine Science Center étaient sur les lieux et inspectaient le morceau de quai. Ils y ont découvert plus d'une centaine d'espèces non autochtones potentiellement invasives : mollusques, anémones, éponges, huîtres, crabes, balanes, vers, étoiles de mer, moules, oursins…

Ce type d’évènement est connu des scientifiques qui l’appellent dispersion biologique par radeau (rafting chez les anglo-saxons). À peu près tout ce qui flotte peut faire office de radeau : des tapis d’algues, des pierres ponces, des cadavres de baleines voire des morceaux de banquise.

Le peuplement de Madagascar s’est produit en grande partie par ce moyen. DR


À l’échelle géologique, de nombreuses espèces ont ainsi voyagé pour coloniser de nouveaux territoires. Le peuplement de Madagascar s’est produit en grande partie par ce moyen : ainsi sont arrivés les ancêtres des lémuriens et des fossas.

Les ancêtres des lémuriens ont ainsi traversé le canal du Mozambique pour gagner l'île. SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

De même que les ancêtres des fossas, ces petits carnivores endémiques à Madagascar. Ran Kirlian

"Sur une échelle de temps évolutionniste, le rafting a joué un rôle extrêmement important dans la dispersion des organismes dans le monde entier" (Martin Thiel, biologiste).

A l’échelle géologique, de nombreuses espèces ont ainsi voyagé sur des radeau de fortune pour coloniser de nouveaux territoires. ARDEA/CATERS NEWS AGENCY/SIPA


L’un des derniers cas documentés de transfert par rafting a eu lieu en 1995, quand une douzaine d'iguanes verts ont été vus flottant sur un tapis d'arbres déracinés en direction d’une île des Caraïbes jusqu’alors non peuplées d’iguanes. À ce jour, les scientifiques estiment que plus de 1.200 espèces, ont réussi un évènement de rafting (plantes, invertébrés, insectes, reptiles, amphibiens et mammifères).

Des espèces continuent de coloniser des territoires en se déplaçant sur des radeaux. Des iguanes ont atteint certaines îles des Caraïbes par ce moyen à la fin du XXème siècle. Lea Maimone


Ce qui était autrefois un phénomène rare se passe maintenant beaucoup plus fréquemment. La revue Earth y consacre un long sujet et relève que les activités humaines ont radicalement changé le type, la disponibilité et la longévité des radeaux potentiels.

«Le plus grand changement a été le développement des matières plastiques», souligne Martin Thiel, biologiste évolutionniste. Ces déchets de plastiques qui polluent les mers et les rivières durablement peuvent aussi servir de radeaux. L’impact et le rôle de ces débris d’origine humaine est encore inconnu. Ils pourraient favoriser la propagation de plus d'espèces envahissantes mais également permettre aux espèces menacées par le réchauffement climatique «d’embarquer» vers de nouveaux habitats.

La multiplication des déchets plastiques sur les rivières (sur la photo une rivière au Brésil) et les océans pourrait conduire à la propagation de plus d'espèces envahissantes. Victor R. Caivano/AP/SIPA



On observe ainsi en Arctique le développement d’une flore qu’on ne trouvait autrefois que bien plus au sud. «Le changement climatique peut ouvrir des voies nouvelles de dispersion dans certains endroits et les fermer dans d'autres. Nous entrons dans une nouvelle ère et nous ne savons pas encore ce que l'avenir nous réserve » conclut Martin Thiel.


Il est probable que certains singes africains ont aussi atteint le "Nouveau Monde" à bord de radeaux. Raimond Spekking

Un tel radeau, portant un reptile, apparaît notamment dans le film Océans. DR


SCIENCES ET AVENIR 28/2/2013

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