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BelleMuezza

L'homme qui a vu l'abîme de la mort, récit au quotidien à Fukushima

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TOKYO - Les masques, mettez les masques !. 12 mars 2011, 15H36, une terrible déflagration ébranle Fukushima. Deux ans plus tard, un livre donne directement la parole à ceux qui ont plusieurs fois cru mourir dans une centrale nucléaire en folie.

Ce jour-là, une unique caméra de télévision postée à plusieurs kilomètres transmet des images d'une explosion, d'une épaisse fumée blanche. A l'intérieur d'un bâtiment distinct, un gros boom, des chutes d'objets: le directeur de la centrale, Masao Yoshida, et les dizaines d'employés ne savent pas vraiment ce qu'il se passe.

Comme le raconte le journaliste Ryusho Kadota dans L'homme qui a vu l'abîme de la mort, Masao Yoshida et 500 jours à Fukushima Daiichi, cela faisait déjà plus de 24 heures que la bataille avait commencé dans ce complexe atomique du nord-est du Japon.

M. Kadota a rencontré des dizaines d'acteurs, M. Yoshida bien sûr et tous ses subordonnés. Il n'a conservé que les témoignages de ceux qui ont accepté de parler sous leur vraie identité. Cela donne un récit terrifiant dans les entrailles d'un complexe atomique hors de contrôle.

Lorsque la terre s'ébroue violemment le 11 mars à 14H46, les employés du site comprennent qu'un combat s'engage, mais aucun ne pense alors qu'il sera si terrible. M. Yoshida, lui, s'y prépare: dans les situations d'urgence, toujours imaginer le pire....

Pourtant, dans les premières minutes, tout va comme prévu en cas de tremblement de terre: les réacteurs s'arrêtent automatiquement. Le drame allait venir de la mer: un énorme raz-de-marée engloutit une partie du site.

Des informations disparates arrivaient de partout, sur le tsunami, les salles de contrôle plongées dans l'obscurité, la rupture des systèmes d'alimentation électrique, l'impossibilité de lire les paramètres..., se souvient M. Yoshida.

Il fallait réagir, par tous les moyens, rétablir le courant, continuer de refroidir les réacteurs. Et si ce n'était pas possible électriquement, il fallait à tout prix injecter de l'eau. Il y en avait plein alentour, un océan entier, mais comment l'amener jusque dans les réacteurs ?

Yabai ! C'est horrible. Ce sera peut-être comme à Tchernobyl. M. Yoshida le pense mais ne le dit pas à ses équipes. Ils n'ont pas besoin de ça, alors qu'ils se dévouent, qui pour aller ouvrir des vannes, qui pour procéder à des missions de reconnaissance. Les volontaires sont légion. Au point que M. Yoshida et d'autres cadres, dont certains sont arrivés en renfort alors qu'ils étaient de repos, durent dissuader les employés les plus jeunes de prendre tant de risques.

D'autant que le pire vint plus tard: les explosions, celle du samedi 12 après-midi, qui souffle le bâtiment du réacteur numéro un, puis celle du numéro trois, le 14. Le siège, le siège!! C'est grave, c'est grave!!. M. Yoshida hurle dans le micro du système de visioconférence qui le relie au siège de la compagnie exploitante, Tokyo Electric Power (Tepco), à Tokyo. 40 personnes manquent à l'appel !. Il est sur le point de craquer, certain que des employés y étaient passés, et que dans ces circonstances, il ne devait plus vivre. Finalement tous sont sains et saufs. Mais on n'était que le 14 mars 2011.

Des épisodes tragiques, le livre de Ryusho Kadota en regorge. Les protagonistes relatent la catastrophe jour par jour, parfois heure par heure, à l'intérieur du site, dans les coulisses du gouvernement, jusqu'à la colère du Premier ministre d'alors, Naoto Kan, lorsqu'il apprend que Tepco envisage d'évacuer tout le personnel de la centrale, une version que la compagnie conteste mais qui aurait pu conduire à l'apocalypse.

On a échappé de justesse à un Tchernobyl puissance 10, confie plusieurs mois après M. Yoshida, un homme aujourd'hui très malade, victime d'un cancer de l'oesophage (officiellement non lié aux radiations) qui l'a obligé à quitter ses fonctions en novembre 2011.

Si j'ai pu écrire ce livre, c'est grâce à la collaboration de tous, M. Yoshida et les autres employés de la centrale, ceux des entreprises qui ont aidé, les pompiers, les militaires, les hommes politiques, les bureaucrates, les chercheurs ou encore les évacués, souligne M. Kadota.

Tous ceux qui lui ont parlé étaient selon lui animés de la même volonté: faire la vérité sur cet accident pour qu'elle soit transmise aux générations suivantes.

Titre du livre (en français) : L'homme qui a vu l'abîme de la mort, récit au quotidien à Fukushima - Auteur : Ryusho Kadota (journaliste)



ROMANDIE 13/3/2013

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