Du riz à la banane : des milliers d'échantillons de cultures conservés pour assurer l'avenir

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Plus de 700.000 échantillons des grandes cultures sont conservés dans les banques de gènes à travers le monde. Grâce à eux, les scientifiques redécouvrent ou développent de nouvelles plantes qui doivent permettre d’assurer la sécurité alimentaire de l'humanité.

Les banques génétiques ont commencé à s'organiser dans les années 70 avec les Révolutions vertes dans le monde alors que certaines variétés disparaissaient des champs, explique Charlotte Lusty, chercheuse. "Le CGIAR [Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale] a alors entamé un effort considérable pour garantir leur conservation". Il dispose aujourd’hui de 11 banques génétiques, surtout dans des pays en voie de développement. Et depuis 2004, le CGIAR utilise ces collections de maïs, riz, bananes, sorgho, haricots, pommes de terre et autres plantes pour trouver la parade aux cataclysmes.

Concrètement, les graines collectées sont déshydratées puis conservées entre -15 et -20°C. Pour celles qui en sont dépourvues (banane, manioc ou pomme de terre par exemple), il faut prélever un échantillon de tissu et le cryogéniser à des températures extrêmes. "La diversité des cultures est l'une des meilleures réponses au changement climatique : mais tout dépend du partage des ressources et des connaissances au-delà des frontières", estime la scientifique citée par l'AFP. Ainsi, des biologistes et des agronomes viennent chercher au CGIAR des échantillons (un million en dix ans) pour des pépinières et des instituts spécialisés en quête de variétés nouvelles ou oubliées.

De plus, ce groupe a signé un partenariat de 109 millions de dollars sur 5 ans avec le Global Crop Diversity Trust (Fonds mondial pour la diversité des cultures), une organisation internationale indépendante fondée par l’ONU. "Il s'agit de conserver des variétés sauvages, parfois découvertes dans des endroits très difficiles d'accès, comme des hauts plateaux, ou abandonnées, afin d'en rechercher de nouveaux usages possibles" résume Mme Lusty, qui travaille pour le Trust.

A titre d’exemple, elle évoque la Birmanie, une zone restée difficile d'accès, pour cause de conflit et de régime politique, et qui s'ouvre aujourd'hui. "On y découvre alors, souvent, de nouvelles variétés". De même, après le tsunami de 2004 en Asie, quand des régions entières furent noyées d'eau salée, les chercheurs de l'Institut international du riz, à Manille, ont pioché dans une collection de plus de 100.000 gènes pour développer des variétés capables de bons rendements malgré le sel, indique l’AFP.

L’an dernier encore, un haricot particulièrement riche en fer venu de la cordillère des Andes a été mis en culture en République démocratique du Congo. "Nous travaillons avec pratiquement tous les pays, le but est de développer un système vraiment mondial", insiste Charlotte Lusty. "Le partenariat Trust/CGIAR permet de garantir la préservation et la mise à disposition des collections".

A l’heure actuelle, ce sont les collections génétiques de blé conservées à Alep, en Syrie, qui sont menacées du fait du conflit. "Le personnel a été évacué et les belligérants se sont engagés à ne pas bombarder les installations", souligne Mme Lusty.

MAXISCIENCES 1/2/2013