Pérou : Les communautés locales s'engagent pour la sauvegarde des ours à lunettes

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Pour empêcher la disparition des ours des Andes, des associations forment les populations locales à gérer leur propre réserve communautaire. Au cœur de ce projet, on retrouve Pierre Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire).

Un Ours à lunettes en captivité -

Photo : Kuribo / Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported


C'est l'animal emblématique des Andes. Plus petit que ses cousins bruns ou polaires, l’ours des Andes, ou «ours à lunettes», appelé ainsi pour ses taches autour des yeux, est aujourd'hui en danger d'extinction. 80 % de sa population évolue hors des parcs et des réserves et se retrouve menacée par la chasse et la destruction de son habitat.

Au Pérou, l’ours à lunettes occupe des écosystèmes inhabituels que sont les déserts et les forêts sèches du Nord du pays. Frugivore, il participe à la conservation des forêts par l'ensemencement des graines des fruits, base de son alimentation. Une association, Tu Tierra s'est donné comme objectif de préserver cette espèce en impliquant les populations locales dans la sauvegarde de leur environnement.

C'est à l'initiative du Péruvien Heinz Plenge que tout a commencé en 2001 quand il décide de créer, dans le Nord du Pérou, La réserve écologique de Chapparri (près de 35 000 hectares de forêts), un outil précurseur en matière de gestion communautaire et de protection des ours.

Ayant eu vent de ce projet, Pierre Gay directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine, se lance dans l'aventure via le fonds de dotation Bioparc Conservation. La rencontre avec HeinzPlenge a été pour moi un déclic. "J'ai toujours pensé que la conservation de la biodiversité passait avant tout par une implication des populations locales". Alors, participer à la création d'une réserve communautaire et essayer d'y développer l'écotourisme, c'était pour moi une évidence».

L'ours des Andes a longtemps été chassé. Comme beaucoup d'animaux sauvages, il venait se nourrir dans les récoltes. Il en reste, au maximum, quelques dizaines dans la région. La réserve Chappari comprend cinq communautés qu'il a fallu convaincre du bien-fondé de l'opération. «Nous avons mené un important travail de sensibilisation et d'éducation à la biodiversité auprès des populations. Il a tout d'abord fallu protéger les zones cultivables. Ensuite, nous avons aussi mis en place des actions pour les enfants, sur le plan médical notamment. Une fois la confiance installée, nous sommes passés à une phase plus spécifique de protection des espèces», détaille Pierre Gay.

Un centre de recueil pour les ours de la région a été créé, le but étant ensuite de les libérer dans leur habitat naturel. L'année dernière, un premier ourson est né dans ce centre. Tout est aujourd’hui en place pour organiser des treks dans cette zone, à la découverte de la faune et la flore et -pourquoi pas ?- de l'ours à lunettes.

Pour préserver l'écosystème, ces treks se font à dos de lama, conduit par des guides locaux formés grâce à l'association Tu Tierra. Pour protéger la réserve, des écogardes locaux ont également été recrutés. «Fournir une formation et un emploi à ces populations, c'est encore le meilleur moyen de préserver les ours et les autres animaux. Par exemple, on a permis au dernier chasseur d'un village de se recycler dans l'élevage de canards en lui fournissant un tuyau d'alimentation en eau pour sa mare», raconte avec passion Pierre Gay.

Aujourd'hui, des communautés de toutes les Andes et d'Amazonie viennent s'inspirer de ce modèle. En attendant que cet exemple se répande, Heinz Plenge, Pierre Gay et toutes leurs équipes continuent de former les populations locales et à améliorer leurs conditions de vie. Des écoles sont rénovées, l'artisanat se développe et tout semble bientôt prêt pour pouvoir accueillir les touristes désireux de découvrir un endroit encore préservé, terre des derniers ours à lunettes d'Amérique du Sud.

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