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BelleMuezza

La stabilité du réseau électrique allemand mise à l'épreuve par les renouvelables

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PULHEIM (Allemagne) - Regardez, 1.230 mégawatts qui arrivent directement de France!. Sur un mur entier les flux d'électricité en temps réel s'affichent en couleurs, contrôlés par trois ingénieurs, dans une centrale de sûreté du réseau allemand. Leur mission est de plus en plus ardue avec l'essor des renouvelables.

La pièce aux allures de vaisseau spatial est la centrale de sûreté du réseau d'Amprion, l'un des quatre opérateurs allemand du réseau à haute tension et responsable de toute la partie ouest du pays. 24 heures sur 24 y sont contrôlés les flux qui circulent dans 11.000 kilomètres de lignes électriques, dans la zone d'Amprion mais aussi par-delà les frontières. Les valeurs sont actualisées toutes les trois secondes, explique Christoph Schneiders, responsable de planification sur le site de Pulheim, situé aux environs de Cologne (ouest).

La journée est calme, mais la vigilance des ingénieurs ne se relâche pas un instant. A tout moment ils peuvent être obligés d'intervenir, en redistribuant le courant, c'est-à-dire en le déviant vers une autre partie du réseau ou, dans le cas extrême, en demandant à un producteur d'éteindre un réacteur. Quand tout est normal, nous ne pouvons pas intervenir dans la production, mais dès qu'il y a un danger pour la stabilité du réseau, nous devons le faire, explique M. Schneiders.

Un danger, cela peut être un accident physique, si l'une des lignes de 220 ou 380 kilovolts du réseau est subitement endommagée. Le plus souvent c'est un pic inattendu d'électricité éolienne ou solaire.

Ces dernières années, ces interventions sont devenues plus fréquentes. Le nombre de situations critiques a nettement augmenté, elles ont touché plus de régions et plus de lignes, note ainsi l'Agence des réseaux, régulateur du secteur, dans son rapport sur l'activité 2011, le dernier disponible. La situation est très changeante, très volatile, explique M. Schneiders. En cause notamment, le développement très rapide de l'énergie photovoltaïque.

La capacité installée de solaire a connu une croissance exponentielle ces deux dernières années, et pointe à 32.400 mégawatts, plus que la capacité des parcs éoliens (31.300 mégawatts).

La décision de Berlin il y a deux ans de se passer d'ici 2022 des centrales nucléaires, couplée à de généreuses subventions et à l'effondrement du prix des panneaux solaires, ont provoqué ce boom.

Mais si les opérateurs de réseau peuvent maintenant prédire, grâce à des modèles, assez précisément d'un jour sur l'autre la production éolienne, le solaire recèle encore pour eux beaucoup de mystères. Le passage de quelques nuages inattendus peut d'un coup la stopper, une subite éclaircie se traduire par un afflux de courant. Ca monte, ça descend, c'est très difficile à prédire, résume M. Schneiders.

Et contrairement aux centrales à gaz, les installations de production de renouvelables ne peuvent pas être arrêtées si le courant déferle dans les lignes, posant un risque de saturation du réseau et de coupure de courant.

L'expansion des renouvelables est un pilier de ce que l'Allemagne appelle sa transition énergétique, la redéfinition de son paysage énergétique. Ils doivent représenter en 2020 35% de la consommation d'électricité, contre 23% l'an dernier.

Outre la stabilisation du réseau, cette croissance pose le défi de l'expansion des lignes. Les besoins en courant sont forts dans l'Ouest et le Sud, où vivent et travaillent la majorité des Allemands. La production éolienne est concentré dans le Nord, près des côtes.

Les députés allemands ont approuvé fin avril un plan national qui prévoit la construction de près de 3.000 kilomètres de nouvelles lignes à haute tension par les quatre opérateurs de réseau Amprion, Tennet, 50Hertz et TransnetBW. Environ 3.000 kilomètres de lignes existantes doivent en outre être modernisées, pour un coût total de quelque 10 milliards d'euros.

Mais il faudrait en faire plus, plus vite pour faire face aux défis de la transition énergétique, résume Marian Rappl, porte-parole d'Amprion.

ROMANDIE 15/5/2013

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