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BelleMuezza

Energie: l'UE affiche ses ambitions et ses contradictions

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BRUXELLES - Les dirigeants de l'Union européenne ont affiché mercredi à Bruxelles leur volonté d'unir leurs efforts pour réduire leur facture énergétique, mais leurs ambitions se heurtent à des intérêts nationaux contradictoires et aux pressions des industriels hostiles aux réglementations.

L'Europe réalise enfin qu'elle a besoin de parler d'une seule voix et de joindre ses forces, a affirmé à son arrivée à Bruxelles la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite. Mais aucune décision n'était attendue à l'issue de ce sommet. Les conclusions sur l'énergie sont des orientations données par les chefs d'Etat, a souligné le porte-parole d'une délégation.

L'UE vise un triple objectif: garantir des prix abordables pour les clients, réduire la facture des importations et assurer une production domestique continue.

Pour cela, l'UE doit surmonter ses intérêts nationaux, souvent contradictoires, afin de mobiliser les investissements considérables nécessaires au développement de sources d'énergie propres, à la construction de nouvelles capacités de production, notamment des centrales à gaz, et au développement d'interconnexions afin d'assurer l'acheminement du gaz et de l'électricité. Nous aurons besoin de 1.000 milliards d'euros en investissements d'ici à 2020, a soutenu le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.

Une nouvelle fois, l'Union se retrouve confrontée à ses contradictions. Les dirigeants de l'UE veulent faire plus d'Europe avec moins d'argent. Il faut qu'ils expliquent comment ils comptent faire, a lâché un responsable européen sous couvert de l'anonymat. Ce sont les mêmes qui en février ont taillé dans les demandes de la Commission européenne pour les grands réseaux d'infrastructures afin de faire des économies dans le budget européen de la période 2014-2020, a-t-il souligné.

Les pays européens refusent également de se laisser imposer la composition de leur bouquet énergétique (nucléaire, charbon, gaz, renouvelables), et certains veulent pouvoir exploiter leurs ressources en gaz de schiste. Le projet de conclusions est explicite: Le choix du bouquet énergétique est de la compétence des Etats. Pour nombre de spécialistes, la priorité sera toujours donnée à l'électricité d'origine nucléaire car on ne peut stopper les centrales.

Les orientations données par ce sommet préoccupent donc les écologistes. Sous la pression de quelques lobbies industriels, les dirigeants européens pourraient enclencher une contre-révolution énergétique, se détournant des priorités définies par l'UE en matière d'économies d'énergie, d'énergies renouvelables et d'investissements dans les infrastructures énergétiques, déplore l'eurodéputé vert français Yannick Jadot.

Les prises de position de huit grands groupes énergétiques (le français GDF Suez, les allemands EON et RWE, le néerlandais GasTerra, les italiens Enel et Eni, et les espagnols Iberdrola et GasNatural Fenosa) et de plusieurs dirigeants européens avivent ses craintes.

- Les patrons des huit groupes ont dénoncé l'échec de la politique énergétique menée jusqu'à présent, et appelé à l'arrêt des aides publiques aux énergies renouvelables qui ajoutent des surcapacités aux surcapacités.

- Les dirigeants polonais et tchèque ont pour leur part manifesté leur hostilité à tout nouvel objectif inutilement ambitieux sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique.

L'UE s'est imposée pour 2020 de réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre, de porter à 20% la part des renouvelables dans la consommation et à réaliser 20% d'économies d'énergie.

Les Polonais conditionnent tout mouvement pour de nouveaux objectifs au delà de 2020 à la conclusion d'un accord global qui devrait être conclu en 2015. Et ils s'opposent farouchement à toute intervention pour relever le prix de la tonne de CO2 sur le marché européen du carbone. Ils ont rallié à leur cause de nombreux députés européens conservateurs et libéraux hostiles à toute nouvelle taxe pour les entreprises consommatrices d'énergie.

Le chemin sera long pour réaliser la Communauté européenne de l'énergie souhaitée par le président français François Hollande, estime un responsable européen.

Un premier rendez-vous a été fixé à l'automne 2013, avec la présentation par la Commission européenne d'une première liste de projets d'interconnexions d'intérêt commun à cofinancer.

ROMANDIE 22/5/2013

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