BelleMuezza 0 Posté(e) le 23 juin 2013 Les récifs coralliens sont particulièrement sensibles à l’acidification des océans, et donc plus largement au changement climatique. Mais actuellement, c’est la déforestation qui les met directement à mal. Le lien de cause à effet n’est pas évident pour tous, pourtant il s’agit d’une préoccupation majeure dans la conservation des récifs. Les dégâts de la déforestation dans un village reculé...L’île de Madagascar a perdu 90 % de sa couverture forestière originelle en 2.000 ans d’activités humaines. Malgré cela, elle reste une terre riche en biodiversité. Ainsi, depuis le début du XXIe siècle, plus de 600 nouvelles espèces y ont été recensées. Bien que Madagascar soit l’objet d’une haute surveillance environnementale, le problème de la déforestation n’est pas considéré comme urgent à résoudre sur l’île rouge. Les récifs de Madagascar subissent plusieurs types de dégradations d’origine anthropique et naturelle. Dans les zones peuplées, sont principalement en cause la pêche intensive, la sédimentation induite par une forte déforestation, l’extraction de coraux et les pollutions diverses. Les dégradations naturelles, dues au passage de cyclones par exemple, sont aussi très importantes. Enfin le changement climatique engendre le blanchissement des coraux. Nhobgood Nick Hobgood, Wikipédia, cc by sa 3.0Les inquiétudes à l’égard de l’érosion des sols et à l’augmentation des sédimentsdans les rivières sont pourtant croissantes. À Madagascar comme en Australie, les forêts régulent la quantité de sédiments drainés dans les rivières, et donc à terme dans les océans. En raison d’une déforestation intense qui fait rage depuis des décennies, les côtes de l’île sont de plus en plus submergées de sédiments. Les récifs coralliens voisins des embouchures des rivières en sont affectés.Dans ce contexte, une équipe de recherche, menée par le biologiste Joseph Maina, s’est intéressée à l’évolution des effets de la déforestation face au changement climatique. Apportés par les rivières, les sédiments agissent dans l’océan comme un écran : la turbidité de l’eau réduit l’apport de lumière et bloque le processus de photosynthèse du phytoplancton. Les coraux sont alors moins nourris. Préserver les forêts protégera les récifs coralliens et d’après cette nouvelle étude, dont les résultats sont publiés dans les Nature Communications, cela deviendra un impératif à l’avenir en raison du changement climatique. Les quatre bassins versants étudiés sont représentés en nuances de vert sur la carte, et les récifs coralliens en rose. Les photos a et b montrent les dégâts occasionnés par la déforestation, et les photos c et d l'état actuel de sédimentation des récifs. Joseph Maina et al., Nature CommunicationsEn effet, cette étude montre que d’ici 2090, la température moyenne de l’air sur l’île de Madagascar devrait augmenter et le régime de précipitation considérablement diminuer. La combinaison de ces deux facteurs, entraînera la réduction des débits des rivières et devrait donc la réduire la charge de sédiments dans les océans. Mais il apparaît que l’érosion des sols et la déforestation contrebalanceront cette rétroaction positive du changement climatique. La forêt à Madagascar.L’équipe s’est focalisée sur quatre bassins versants, qui se situent au sud-ouest, à l’ouest, au nord-ouest et au nord-est de l’île. Ces derniers montrent déjà des signes évidents de surcharges sédimentaires, et sont suivis quotidiennement. Pour étudier l’évolution du débit fluvial des bassins pour les décennies à venir, les chercheurs ont utilisé deux modèles développés pour l’île de Madagascar : STREAM et N-SPECT. Documentaire sur Madagascar : Brousses d'épineux au sud, montagnes volcaniques au nord, récifs de corail à l'ouest, falaises surplombant le littoral à l'est : la variété des paysages de Madagascar est inégalée. Il en est de même pour sa faune et sa flore endémiques, allant d'un lémurien de 10 cm - le plus petit primate au monde - au caméléon à long museau, des baobabs aux orchidées. Une nature que la religion traditionnelle vénère, tout comme elle respecte les ancêtres, régulièrement invités à participer au monde des vivants. Au cours de ces fêtes s'exprime, malgré la pauvreté et les difficultés de l'île, un bonheur de vivre qui s'entend par exemple dans le chant "Ô belle Madagascar", hymne national depuis 1958.Ces modèles se basent sur les données actuelles de courantométrie et d’utilisation des sols pour modéliser son évolution, suivant le scénario considéré. L’équipe a soumis trois types de scénarios climatiques prévoyant des émissions de CO2dans l’atmosphère de l’ordre de 550, 700 et 850 ppm pour 2100. Les modèles confrontent par ailleurs différentes évolutions de l’utilisation des terres. Une vision de Madagascar très personnelle : la richesse du savoir malgache.... «Maîtriser l’affluence des sédiments dans les récifs coralliens est l'une des principales recommandations pour aider les coraux à survivre au réchauffement des océans et aux épisodes de blanchissement futurs, commente Joseph Maina. Nos résultats montrent clairement que la gestion de l'utilisation des terres est l'action politique la plus importante pour prévenir d'autres dommages et préserver l'écosystème récifal. » Madagascar : Immersion à TanikeliSi les coraux sont de toute façon grandement menacés par la pollution, l'acidification des océans et plus largement le changement climatique, il n’en reste pas moins que le reboisement est impératif pour leur conservation. Il faut l’envisager comme un outil de protection qui retarderait le déclin des massifs de corail. Quelques joyaux de la faune endémique malgache, menacée par la déforestation, ici dans une "réserve" privée de 240ha. FUTURA SCIENCES 23/6/2013 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites