BelleMuezza 0 Posté(e) le 23 juillet 2013 Les colonies d’abeilles domestiques ne bannissent pas les ouvrières infectées par le Varroa destructor ou le Nosema ceranae, malgré les effets que ces parasites ont sur leurs hôtes. En effet, ils impacteraient l'activité de gènes dans le cerveau et la production de molécules de reconnaissance sur la cuticule. Et si les insectes malades partaient d’eux-mêmes pour réduire les risques de transmission ?Depuis plusieurs années, il n’est pas rare, à la sortie de l’hiver, qu’un apiculteur français ou transfrontalier ait à constater la mort de 30 à 50 % de ses abeilles. Actuellement, de nombreux agents ont été tenus pour responsables de cette surmortalité, dont les très médiatiques néonicotinoïdes. Voici quelques mois, l’Efsa a d’ailleurs reconnu qu’ils faisaient courir des risques aux abeilles. Par conséquent, la Commission européenne a dernièrement restreint leur usage, tout comme celui du fipronil, un autre insecticide décrié.Les abeilles, malgré leur vie sociale extrêmement hiérarchisée, auraient une personnalité propre dont les bases moléculaires sont identiques à celles des vertébrés. Heureusement, les envies de liberté de quelques abeilles sont parfaitement compatibles avec le mode de fonctionnement des ruches. L. Brian Stauffer Cependant, même les plus «antipesticides» savent que l’utilisation des produits phytosanitaires n’explique pas tout. Les abeilles Apis mellifera doivent aussi faire face à d’autres maux bien souvent méconnus. Parmi eux, l’acarien Varroa destructor et le microchampignon Nosema ceranae sont régulièrement cités. Ils sont tous deux arrivés d’Asie, et tendent à fragiliser les abeilles : l’ectoparasite Varroa se nourrit de leur hémolymphe, et l’endoparasite Nosema cause des infections fongiques. Quel que soit le parasite dont elles sont victimes, les abeilles infectées quittent souvent leur ruche prématurément, parfois au point de mettre leur vie en péril. Pour certains experts, ce comportement serait lié à une forme d’immunité sociale, la colonie chasse les malades pour éviter toute contamination, mais des doutes subsistent. En cause, peu d’informations disponibles sur les effets physiologiques ou neurologiques d’une activité parasitique. Dans ce contexte, une zone d’ombre vient d’être levée par Cynthia McDonnell, de l’Inra d’Avignon, dans la revue BMC Ecology. Visiblement, les abeilles parasitées ne sont pas chassées. Le Varroa destructor est également un vecteur de maladie. Les abeilles parasitées ont généralement plus de virus dans le corps que des individus sains. Garza Subtropical Agricultural Research Center WeslacoLes chercheurs se sont intéressés aux hydrocarbures présents sur la cuticule des abeilles, car ils interviennent dans la reconnaissance intraspécifique. Grâce à ces agents, un insecte peut par exemple connaître la colonie d’appartenance d’un autre. Leur profil a été étudié à l’aide de la chromatographie en phase gazeuse et d’un spectromètre de masse, chez des abeilles volontairement infectées depuis cinq jours par l’un ou l’autre des parasites. Résultat : la composition en hydrocarbures cuticulaires a changé dans les deux cas. Cependant, ces modifications n’ont aucun impact sur le comportement de l’individu malade, ou sur ses relations sociales. Il est accepté par la ruche tel qu’il est. Dans une deuxième série d’observations, les chercheurs ont focalisé leur attention sur l’expression des gènes dans les cerveaux d’abeilles parasitées par le varroa ou le noséma, ainsi que chez des individus sains. Les insectes victimes de l’acarien ont vu l’activité de 455 de leurs gènes altérée, certains étant impliqués dans la voie du GABA ou de la sérotonine. Pour sa part, le champignon unicellulaire modifie l’activité de 57 gènes, dont 20 sont aussi affectés par le varroa. Certaines des séquences de nucléotides incriminées jouent un rôle dans le stress oxydatif, la fonction neuronale ou le comportement exploratoire. Ainsi, les parasites entraînent des modifications au niveau des hydrocarbures cuticulaires exprimés et de la transcription de nombreux gènes dans le cerveau, mais cela n’altère en rien le comportement ou les liens sociaux des individus parasités. En revanche, le profil des gènes exprimés par une abeille quittant prématurément la ruche indique que les voies moléculaires qui régissent ce comportement ne sont pas les mêmes que celles activées lors d’une exploration classique. Cela pourrait signifier que les abeilles parasitées adoptent elles-mêmes un comportement de lutte contre la présence du parasite. En s’éloignant, elles feraient un geste altruiste pour éviter toute transmission, et ainsi protéger la colonie. FUTURA SCIENCES 21/7/2013 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites