Quel est l'insecte qui fait le plus mal ?

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Un entomologiste américain a mis au point une échelle pour évaluer la douleur des piqûres d'insectes.

Le travail d'un entomologiste n'est pas de tout repos. Lorsque l'on traque tout un tas de petites bêtes afin de les scruter sous toutes les coutures, il n'est pas rare de se ramasser un méchant coup de mandibule ou l'estoc vengeur d'un dard acéré.


La fourmi "balle de fusil" ou "bullet ant" est l'insecte dont la piqûre est actuellement considérée comme la plus douloureuse REUSENS NICOLAS/CATERS NEWS AGENCY/SIPA


C'est ce qui est arrivé durant toute sa carrière à Justin O. Schmidt, un biologiste chargé de l'étude des insectes au centre de recherche sur les abeilles Carl Hayden, en Arizona. Mais plutôt que de considérer cela comme un simple désagrément, l'entomologiste a préféré noter soigneusement les caractéristiques de la douleur infligée par chacune des morsures ou piqûres infligées par pas moins de 78 espèces différentes.

Publiée pour la première fois en 1984, cette échelle qui porte son nom (index de douleur "Justin Schmidt") comporte cinq degrés d'intensité.

- Niveau 0 : La douleur est si faible qu'elle peut passer inaperçue.

- Niveau 1 : Une douleur perceptible durant quelques minutes.

- Niveau 2 : Une piqûre douloureuse et lancinante qui vous fait hésiter à deux fois avant de vous approcher à nouveau de la bestiole. La piqûre d'abeille se classe dans cette catégorie.

- Niveau 3 : Non seulement ce type de piqûre est très douloureuse sur l'instant, mais en plus elle continue pendant plusieurs heures.

- Niveau 4 : À ce niveau de souffrance, l'entomologiste traumatisé perd toute dignité. À la connaissance de Schmidt, seulement deux ou trois espèces d'insectes sont capables d'infliger une telle douleur.

 Steve Backshall endure les piqûres de centaines de fourmis balle de fusil dans un rite de passage rituel... 

Parmi elles, la fourmi "balle de fusil" que l'on trouve en Amérique du Sud, au Paraguay et au Nicaragua notamment. La vidéo ci-dessous présente la rencontre d'un "chasseur de venin" avec ces fourmis, durant un rite initiatique en pleine forêt amazonienne, pour une émission sur la chaîne Discovery aux États-Unis. Visiblement, ça pique...

Naturellement, une telle étude est à prendre avec d'énormes pincettes. Tout d'abord parce qu'elle n'a pas été conduite dans le cadre d'un protocole scientifique mais au gré des piqûres subies de temps à autre par l'entomologiste. Ce qui veut dire que le scientifique s'est fait piquer à plusieurs reprises par certaines espèces et une seule fois par d'autres.

Ensuite parce que l'analyse des résultats de la piqûre est on ne peut plus subjective. En effet, nous n'avons pas tout le même seuil de tolérance à la douleur. De plus, la souffrance ressentie lors d'une piqûre dépend grandement de l'endroit où l'insecte vous pique. Et Schmidt n'a jamais eu le loisir de choisir l'endroit où ses sujets d'étude allaient le blesser.

Toutefois, peu de scientifiques ayant l'intention de mener par eux même ce type d'expérience de manière exhaustive, cette échelle n'a pas actuellement beaucoup de concurrence en matière d'estimation de la douleur. Un volontaire pour relever le défi ?

Quelles sont donc les bestioles qu'il vaut mieux éviter ? Découvrez-le avec le diaporama de Sciences et Avenir :


Curieusement, l'échelle de Schmidt considère au niveau 1 la piqûre de la fourmi de feu (fire ant en Anglais), au nom pourtant évocateur d'une grande douleur. La raison en est sans doute que cet insecte se contente rarement d'infliger une unique piqûre. Et lorsque toute la colonie vous tombe dessus, les blessures qu'elles infligent se comptent par centaines. Et la douleur s'en trouve d'autant multipliée.SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA




 Pseudomyrmex ferruginea vit en parfaite symbiose avec l'acacia. Cet arbre épineux lui fournit un gite confortable dans ses épines creuses. En contrepartie, l'insecte défend farouchement l'arbre contre toute intrusion, à grand coup de dard et de mandibules. La douleur, de niveau 2, est décrite par Smith comme "un coup d'agrafeuse" DR


Cet insecte producteur de miel est pourvu d'un dard garni de barbillons. Après la piqûre, ce dernier reste planté dans la peau et continue à injecter le douloureux contenu de la poche à venin. La douleur, de niveau 2, est décrite comme une brûlure par une tête d'allumette.  DR




Le frelon est la plus grosse des guèpes européennes. Bien que son venin soit 10 fois moins toxique pour l'homme que celui de l'abeille, la taille de son dard rend sa piqûre presque plus douloureuse. Elle est également classée niveau 2 Gerard Lacz / Rex Featu/REX/SIPA




Bien connue pour leurs nids faits de fibres végétales mélangées à de la salive, ces guêpes se répartissent des milliers espèces à travers le monde. Territoriales, elles peuvent se monter très agressives. L'une d'entre elle que Smith décrit sous la simple appellation de "paper wasp" fait mal comme une brûlure de cigare Isifa Image Service sro/REX/SIPA





Synoeca septentrionalis est une guêpe sociale d'un bleu métallisé dont les 5 espèces actuellement recensées se trouvent en Amérique du Sud. Sa piqûre provoque une douleur de niveau 3 "comme si on vous versait de l'acide chlorhydrique sur une coupure"  DR




La guèpe des tarentules fait partie de la famille des Pompilidae. Elle doit son nom au fait qu'elle chasse les araignées afin de pondre en elle leurs oeufs. Les larves dévoreront ensuite l'arachnide de l'intérieur. La douleur de leur piqûre est telle que Smith la classe au niveau maximal (4) et la compare à ce qu'on ressentirait si on vous électrocutait en lançant un sèche cheveux dans votre bain DR





La fourmi "balle de fusil", également appelée Paraponera ou "bullet ant" est l'insecte dont la piqûre est actuellement considérée comme la plus douloureuse. "On hurle à l'agonie et on a juste envie de s'allonger et de mourir" décrit Schmidt, qui, jamais à court d'une image choc, compare la douleur au fait de marcher sur des charbons ardents avec 3cm de clou rouillé planté dans le talon. On croise ce charmant insecte principalement dans les forêts tropicales d'Amérique du Sud REUSENS NICOLAS/CATERS NEWS AGENCY/SIPA




SCIENCES ET AVENIR 24/7/2013