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Madagascar: il faut 5,7 millions d'euros pour sauver les lémuriens

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Antananarivo (AFP) - Une ONG américaine a présenté mercredi à Antananarivo un plan pour tenter de sauver les lémuriens de Madagascar, dont 93 espèces sur 105 sont menacées, mais affirme qu'il lui faut désormais trouver 5,7 millions d'euros pour mettre en oeuvre sa stratégie.

Le plan est "une stratégie sur trois ans pour la conservation des lémuriens de Madagascar, en réponse aux différentes menaces auxquelles ils font face (...). Le budget total s'élève à 7,6 millions de dollars (5,7 millions d’euros) à rechercher dans les trois ans à venir", indique un communiqué de Conservation International.

Une ONG américaine a présenté mercredi à Antananarivo un plan pour tenter de sauver les lémuriens de Madagascar, dont 93 espèces sur 105 sont menacées, mais affirme qu'il lui faut trouver 5,7 millions d'euros pour mettre en oeuvre sa stratégie. (c) Afp

Selon l'ONG, sur les 105 espèces connues de lémuriens malgaches, "24 sont désormais classées en danger critique (CR), 49 sont en voie de disparition (EN), et 20 "vulnérables (VU)", en raison de la déforestation qui détruit leur habitat, du changement climatique mais surtout du braconnage, ce qui fait du lémurien le vertébré le plus menacé au monde.

"Ici on tue des lémuriens tous les jours, la chasse est le problème le plus grave qui touche les lémuriens", a expliqué le Dr Russel Mittermeier, président de l’ONG, au cours d'une conférence de presse.

Le plan présenté mercredi prévoit la protection de l’habitat, l’amélioration des moyens de subsistance des paysans, le développement de l’écotourisme, la lutte contre la consommation de viande sauvage. Le programme inclut aussi une contribution importante des communautés locales et une sensibilisation environnementale à tous les niveaux de la part des autorités. "L’Etat malgache ne peut pas contribuer financièrement au plan vu la situation actuelle, mais l’important c’est de s’approprier le plan et de contribuer à d’autres niveaux", a indiqué le Dr Claudine Ramiarison, directeur général de la Recherche et du Partenariat (ministère de l’Enseignement Supérieur).

Madagascar fait partie des 35 hauts-lieux de la biodiversité dans le monde et abrite 105 espèces de lémuriens endémiques. Considéré comme un des principaux symboles du pays, il est visible sur les passeports, comme le zébu ou le caméléon.



 SCIENCES ET AVENIR 31/7/2013

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Ranomafana (Madagascar) (AFP) - La quasi-totalité des lémuriens pourraient disparaître d’ici 20 ans si l'on ne fait rien contre la pauvreté à Madagascar, qui pousse les hommes à détruire la forêt, affirment des experts, qui chiffrent à près de 6 millions d'euros le plan de sauvegarde à adopter d'urgence.

La Grande Ile est le seul endroit au monde où l’on peut voir en liberté des lémuriens, petits primates ayant évolué séparément des singes africains depuis des millions d'années. Mais leurs jours sont comptés.

Chaque année, 200.000 ha de forêt, leur seul habitat, partent en fumée à cause de la culture sur brûlis et des feux de brousse. Il ne reste déjà plus que 10 à 13% de la forêt malgache originale, soit 50.000 km2, qui pourraient disparaître en une génération si des mesures d’urgence de conservation ne sont pas prises.

"Si on continue ce rythme de déforestation, on peut dire que d'ici 20 à 25 ans environ, il n'y aura plus de forêt, et donc plus de lémuriens", prédit Jonah Ratsimbazafy, célèbre primatologue malgache, notant que 93 des 105 espèces de lémuriens recensées sont considérées comme menacées. "Tant que la pauvreté existera, on ne peut pas croire que l’on pourra empêcher la disparition de ces lémuriens".

La quasi-totalité des lémuriens pourraient disparaître d’ici 20 ans si l'on ne fait rien contre la pauvreté à Madagascar, qui pousse les hommes à détruire la forêt, affirment des experts, qui chiffrent à près de 6 millions d'euros le plan de sauvegarde à adopter d'urgence. (c) Afp


Car aujourd’hui, il est devenu plus rentable de piller la forêt de son bois précieux, de ses ressources minières et de ses lémuriens que de la préserver, à cause de la crise politique et socio-économique qui sévit depuis quatre ans.

"Il y a beaucoup de chercheurs d’or dans le parc. On peut gagner jusqu'à 100.000 ariary par gramme d’or (35 euros). Ils viennent souvent d’autres villes car ils sont pauvres. Pour les trouver, c’est loin, il faut bivouaquer", raconte un guide du Parc National de Ranomafana (sud-est) ayant requis l’anonymat. De plus en plus de Malgaches pauvres se lancent dans la coupe sauvage de bois précieux pour survivre.



"Les petits coupeurs de bois de rose dans le nord-est sont obligés de manger des lémuriens durant leurs longues expéditions dans la forêt où souvent ils n’emmènent pas suffisamment à manger et couper du bois c'est dur, alors ils mangent de la viande de lémuriens car c’est plus facile à attraper que les oiseaux", explique le primatologue Tovonanahary Rasolofoharivelo.

La forêt est également grignotée année après année: "Dans les pays tropicaux comme Madagascar, les sols sont très très pauvres" explique Jonah Ratsimbazafy: "Voilà ce que font les paysans : cette année on cultive là, l’année prochaine on bouge, on bouge, on bouge et après, c’est la déforestation, le désert".

Dans ce contexte d’urgence, plusieurs ONG environnementales ont lancé un appel pour financer un plan de sauvetage sur trois ans de 5,7 millions d'euros. Sachant que l'Etat malgache, déjà incapable de financer des élections, ne mettra pas la main à la poche pour les lémuriens.

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Lémuriens de l'ilôt refuge Bouzi.


"Nous allons faire des recherches de financement ailleurs avec des fondations privées", assure Benjamin Andriamihaja, représentant à Madagascar d'ICTE (Institut pour la Conservation des Environnement Tropicaux), conscient que trois ans ne seront pas suffisants pour stopper totalement la déforestation.

Pour éviter le pire, des projets communautaires ont déjà été mis en place depuis plusieurs années, tel que l’éco-tourisme et le développement de l’agriculture intensive qui nécessitent une forte implication des populations locales.

"On essaie de financer des activités génératrices de revenus, par exemple, planter des haricots, élever des porcs, des poulets, développer la pisciculture, pour que les paysans arrêtent de détruire la forêt mais il est très difficile de suppléer au manque à gagner des paysans qui ne pensent pas à long terme", explique M. Andriamihaja.



Afin de mettre en place des stratégies claires et précises de lutte pour la conservation, un congrès international sur les lémuriens a été organisé début août à Ranomafana (sud-est) près d’un parc national de plus de 40.000 ha. A l’entrée du parc, des guides et des pisteurs attendent les touristes pendant des heures. Il y en a beaucoup moins que l’an dernier. Se reconvertir en petit trafiquant est devenu plus rentable.

Madagascar traverse une grave crise socio-politique depuis le renversement du président Marc Ravalomanana par son rival Andry Rajoelina, maire de la capitale Antananarivo à l’époque. Depuis, le pays est dirigé par un gouvernement non-élu et la majorité des aides extérieures ont été suspendues.


SCIENCES ET AVENIR 15/8/2013

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