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La vie d’une baleine gravée dans la cire de ses oreilles

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En analysant le cérumen d’une baleine bleue adulte, des biologistes ont pu déterminer son exposition aux contaminants depuis sa naissance.

Pour étudier les baleines et en particulier connaître les polluants auxquels elles sont confrontées, les chercheurs ont l’habitude d’analyser les matières fécales ou les graisses mais ils obtiennent ainsi des informations parcellaires concernant une période de temps courte. Une nouvelle méthode se fondant sur l’analyse des «bouchons d’oreille» de baleines pourrait s’avérer bien plus performante et riches d’enseignements.

 Une baleine près de la côte australienne. Photo by REX/Jonas Liebschner



Chez la baleine, la formation des bouchons d’oreille est bien documentée : constitués de lipides, de cire et de kératine, ils s’accumulent à raison de deux couches par an. Les biologistes les utilisent d’ailleurs pour évaluer l’âge des cétacés mais ils pourraient livrer d'autres renseignements, précieux. Des chercheurs de l’université Baylor, au Texas, ont ainsi réalisé une analyse chimique et hormonale d'un bouchon d’oreille de 25,4 cm extrait d’une baleine bleue mâle, morte suite à une collision avec un navire au large de la Californie.

À la découpe, le bouchon a révélé 24 couches distinctes indiquant ainsi que la baleine était âgée de douze ans. L’analyse de chaque couche a révélé son histoire chimique et hormonale. Ainsi, le dosage de la testostérone, l’hormone sexuelle masculine, a montré un pic dans la couche de dix ans, ce qui correspond à l’âge de la maturité sexuelle. Ce pic a été suivi d’une augmentation rapide du taux de cortisol, l’hormone du stress, dont le niveau a doublé. Ce qui suggère que la baleine devenue adulte a pu être en concurrence avec d’autres mâles en quête d’une partenaire.

La cire d’oreille a aussi préservé les polluants organiques rencontrés par cette baleine au cours de sa vie. Dès son plus jeune âge (entre 0 et un an), les analyses retrouvent des traces de pesticides et de retardateurs de flammes, dont certains ont été interdits il y a plus d’une décennie. Les scientifiques pensent que ces contaminants ont été stockés dans la graisse de la mère et transmis au baleineau durant l’allaitement. Les profils du mercure ont en revanche relevé un transfert maternel réduit mais deux pics de contamination à cinq et dix ans.

Les détails de cette étude sont publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences. Les scientifiques y précisent que cette méthode pourrait servir d’étalon pour évaluer l’exposition aux polluants des cétacés. D’autant plus que de nombreux bouchons d’oreille sont exposés dans les musées de par le monde. Certains datent des années 50, leur analyse permettra de quantifier l’évolution de la pollution marine ainsi que son retentissement sur les baleines.


SCIENCES ET AVENIR 18/9/2013

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