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Cas rarissime : un requin féroce échoué dans le Morbihan

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Les scientifiques cherchent à comprendre les raisons de l'échouage d'un requin féroce à Pénestin dans le Morbihan, samedi. Ils lancent un appel à témoin auprès des professionnels de la pêche.

 Le requin féroce échoué à Pénestin ©️ E. Stephan - Apecs

Le requin féroce est nommée ainsi à cause de sa mâchoire impressionnante avec des dents allongées en forme de poignards, recourbées vers l’intérieur de la gueule, et de son corps massif de couleur brune.


 La machoire du requin féroce ©️ Apecs

Il n'a de féroce que le nom, car ce requin est inoffensif pour l'homme. Samedi matin, un mâle adulte de cette espèce (Odontaspis ferox), mesurant pas mois de 3,24 mètres pour un poids de 220kg s’est échoué, sur une plage de Pénestin, dans le Morbihan, commune frontalière avec la Loire-Atlantique, située en bordure de l’embouchure de la Vilaine. 

 Le requin féroce échoué à Pénestin ©️ S. Iglésias

Alertée par les pompiers, des scientifiques de l’APECS, (association pour l'étude et la conservation des Sélaciens de Brest) se sont rendus sur place, en compagnie d’un membre de la station de biologie marine de Concarneau. La dépouille, en très bon état, a pu être rapatriée à la Station biologique de Concarneau. 

 L'examen de l'animal commence ©️ S. Iglésias

Chaque année, des requins sont observés ou capturés dans les eaux bretonnes, comme par exemple le requin pèlerin, le requin peau bleue ou encore le requin hâ. La rencontre avec un requin féroce est beaucoup plus inhabituelle. Fréquente surtout dans les eaux tempérées chaudes et tropicales, cette espèce a davantage tendance à vivre dans les eaux profondes, entre 300 et 800 mètres. On en a vu parfois dans des eaux peu profondes dans des archipels éloignés tel celui de Malpelo dans le Pacifique (Colombie), ou aux Canaries ou aux Açores, ainsi qu’en Méditerranée. 


 On prend les mensurations de l'animal ©️ E. Stephan - Apecs

Le dernier signalement dans le Golfe de Gascogne remonte au mois de janvier 1930. Un mâle de 1,40 mètres avait été capturé au chalut. C'était d'ailleurs jusqu’à l’année dernière, l’observation la plus septentrionale de cette espèce. En effet, depuis, un autre requin féroce s’est échoué vivant sur une plage du Cotentin (Manche) c'était en août 2012 et il avait pu être remis à l’eau.


 Le requin féroce de Pénestin (56) ©️ Apecs




FRANCE TV INFO 23/9/2013

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Un requin féroce a été découvert sur une plage du Morbihan. Un échouage mystérieux à propos duquel Sciences et Avenir a interrogé deux spécialistes des squales.

 


À première vue, tout laisse à penser qu'il s'agit d'un échouage exceptionnel. Pourtant, cet évènement rarissime s'est déjà produit l'année dernière ! En aout 2012, sur la plage d'Agon Coutainville, en Normandie, un autre requin de la même espèce s'était lui aussi échoué. Encore vivant, il avait alors pu être remis à l'eau.

S'agit-il d'une coïncidence ? Peut-on y voir un effet du réchauffement climatique ? Cet animal est-il dangereux ? Nous avons posé ces questions à deux spécialistes des requins : Bernard Seret, biologiste marin à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), et chercheur au laboratoire d'ichtyologie du Muséum national d'histoire naturelle ; ainsi qu'à Eric Stephan, chargé de mission scientifique à l’Apecs (Association pour l’étude et la conservation des sélaciens).

 A Localisation de la commune de Plénestin, dans le Morbihan.

- S'agit-il d'un animal dangereux ? Contrairement à ce que son nom laisse à penser, le requin féroce ne fait pas partie des squales dangereux pour l'homme (1). Certes, il s’agit d’un animal imposant qui peut dépasser les 4 mètres de long et peser plus de 250 kilos. Et il est vrai qu’avec ses dents comme des poignards et sa gueule ouverte en permanence, il n’a pas l’air très commode. Cet aspect belliqueux est d'ailleurs à l'origine de son nom.

Toutefois, l'animal est moins "féroce" qu'il en a l'air. "S’il nage la gueule ouverte, c’est en fait pour s’oxygéner, explique Bernard Seret. D'ailleurs, on a jamais recensé d'attaques de cet animal sur l'homme" précise le biologiste.

La raison est double. Tout d'abord, du fait de son affection pour les grandes profondeurs et pour le large, ce prédateur a rarement l’occasion de croiser des humains. Ensuite, malgré sa grande taille, son régime alimentaire se compose principalement de poissons relativement petits. "Sa denture est caractéristique de ce régime alimentaire explique Eric Stéphan. Ses dents pointues lui permettent de poignarder des petits poissons qu’il engloutit ensuite. Mais elles ne sont pas tranchantes et ne lui permettent donc pas d’arracher des morceaux de chair à de plus grandes proies comme peut le faire un grand requin blanc ou un requin tigre.

 Dents de requin féroce. Crédit : A.Chapell


 Dents triangulaires et dentelées de grand requin blanc (à gauche) et celles en forme de lame inclinée du requin tigre (à droite). Crédit : B.Seret 


Quand bien même le requin féroce viendrait à s'installer du côté de la Bretagne, les baigneurs n'auraient donc pas à s'en inquiéter pour autant.


- Faut-il incriminer le réchauffement climatique ? Est-ce le réchauffement des océans qui a poussé ces grands squales à remonter plus au nord pour chercher des eaux plus fraiches ? L'hypothèse ne peut ni être écartée, ni étayée.

"Le réchauffement climatique n’impacte pas directement les requins explique Bernard Seret. Ces animaux sont capable de supporter des gradients de température très importants. Le grand requin blanc, par exemple, peut évoluer dans des eaux dont la température va de 6°C à 26°C" chiffre-t-il.

"Indirectement, en revanche, le réchauffement climatique pourrait modifier les aires de répartition des requins en modifiant celles de leurs proies" précise le biologiste. De ce fait, si la nourriture migre vers des eaux plus froides, il y a fort à parier que les squales vont lui emboîter le pas.

Toutefois, rien n'indique à l'heure actuelle que les requins féroces aient migré vers le nord et qu'une population de ces squales se soit installée au large de la Bretagne. "Ces deux évènements successifs sont intrigants, mais ils ne sont pas révélateurs d'un phénomène de migration massive" relativise Bernard Seret.

- Est-il rare qu'un squale quitte ainsi son habitat ? Certes on a à peu près autant de chances de croiser un requin féroce en Bretagne que de trouver un piranha dans la Seine. Mais la chose n'est pas impossible (2) . "C’est assez courant que des espèces exogènes sortent de leur aire de répartition, explique Bernard Seret. Il suffit que les conditions soient favorables. Le déplacement d'un masse d’eau chaude peut inciter quelques individus à quitter leur habitat habituel. Mais même en l’absence de facteurs environnementaux particuliers, il peut arriver que certains individus, plus aventureux, décident de partir à l’aventure explorer de nouvelles zones" précise le biologiste.

D'ailleurs, ce requin féroce n'est pas la première espèce incongrue surprise en train de rôder le long des côtes françaises. "Un requin tigre a déjà été pêché en Vendée en 2007, non loin de Fort Boyard. Un requin blanc a été signalé à la Rochelle en 1973, et un autre à Sète en 1991. Un requin citron aurait également été aperçu en baie de Saint Brieuc" énumère Bernard Seret.

Le biologiste rappelle d'ailleurs que cette espèce de requin féroce a d'ailleurs été décrite pour la première fois en 1810 d’après un spécimen capturé… le long des côtes françaises, à Nice...

- Pourquoi ce requin s'est-il échoué sur la plage ? C'est là que réside sans doute la plus grande énigme de cette histoire. Non seulement l'animal n'est pas coutumier de ces latitudes, mais en plus, il affectionne plutôt les eaux profondes, entre 300 et 800m. Le requin féroce est donc bien moins susceptible de s'échouer sur une plage qu'une espèce côtière adepte de la nage en surface.

"L’espèce n’a été signalée dans des eaux moins profondes que dans quelques secteurs, en particulier dans des archipels éloignés tel que l’archipel de Malpelo dans le Pacifique (Colombie), ou plus près d’ici les Canaries ou les Açores, ainsi qu’en Méditerranée" explique l'APECS sur son site.

Mais même lorsqu'il évolue dans des eaux moins profondes, ce requin le fait tout de même à une cinquantaine de mètres sous la surface. Il est donc très peu probable qu'un poisson de cette espèce se soit fait piéger sur la plage lors du reflux de l'eau à marée basse.

- L'animal retrouvé sur la plage a-t-il été désorienté par une maladie ? "L’autopsie n’a rien montré de flagrant, affirme Eric Stephan. Son estomac n’était pas rempli de plastique, son poids était normal pour sa taille… Rien ne laisse donc supposer qu’il s’agissait d’un animal malade".

- Pourrait-il s’agir du cadavre d’un animal mort dans son biotope d'origine, et qui aurait dérivé sur des kilomètres en surface avant d’arriver sur la plage ? "Cette hypothèse n'est pas du tout envisagée. Non seulement le requin était en très bon état mais nous savons par plusieurs témoins qu'il s'est échoué vivant le samedi matin" objecte Eric Stephan.

L'une des hypothèses les plus crédibles est que ce requin a été pêché par un navire au large, puis qu'il a été jeté par dessus bord par la suite. En effet, peut-être que le pêcheur s'est rendu compte qu'il s'agissait d'une espèce protégée (Odontaspis ferox est en effet considérée comme "vulnérable" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)). "Le requin, trop affaibli pour repartir correctement, aurait été alors ramené à la côte par les courants et la marée" imagine Eric Stephan.

Pour explorer cette piste, l’APECS lance donc un appel à témoins auprès des professionnels de la pêche. "Si un bateau de pêche a effectivement pris ce requin dans ses filets, qu’il n’hésite pas à contacter l’association pour donner des informations sur le lieu de capture. L’association est également intéressée par tout autre témoignage, qu’il s’agisse de captures passées ou futures, en Atlantique ou en Manche" annonce l'association.


(1) Les espèces les plus dangereuses pour l'homme sont le grand requin blanc, le requin tigre, le requin bouledogue, le requin mako et le requin longimane.

 Dents de requin tigre, en forme de lames inclinées. A l'instar de celles du grand blanc, elles sont hérissées de petites dents, ce qui les rend particulièrement tranchantes. Bernard Seret

(2) Un pêcheur à la ligne a capturé dans la Seine un Pacu, un cousin végétarien du piranha, le 30 août dernier.

SCIENCES ET AVENIR 25/9/2013

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