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Un petit poisson remet en cause l'évolution des vertébrés

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Paris (AFP) - Ce petit poisson préhistorique ne va peut-être pas changer la face du monde mais, avec sa mâchoire complexe qui en fait le plus ancien "visage" connu à ce jour, il remet en cause toute l'évolution des vertébrés, humains compris.

Selon ce fossile de 20 centimètres découvert en Chine dans un parfait état de conservation, l'ancêtre de l'Homme et de toutes les créatures dotées d'un squelette osseux (Ostéichtyiens) ne serait donc pas une sorte de requin primitif mais plutôt un poisson blindé et édenté...


 Ce petit poisson préhistorique ne va peut-être pas changer la face du monde mais, avec sa mâchoire complexe qui en fait le plus ancien "visage" connu à ce jour, il remet en cause toute l'évolution des vertébrés, humains compris. (c) Afp


Les scientifiques ont pourtant longtemps pensé que les vertébrés étaient issus de poissons cartilagineux similaires aux raies et aux requins. Et qu'ils ont dû évoluer pour se créer de toutes pièces un squelette et une mâchoire articulée.

Mais avec ses petits os crâniens et ses maxillaires, le fossile d'Entelognathus primordialis suggère que les vertébrés étaient sans doute dotés dès le départ de leur squelette osseux, selon les chercheurs qui ont étudié le poisson.

"Cette découverte étonnante porte un sérieux coup à de vieilles idées sur l'évolution des vertébrés", résume Brian Choo, de l'Institut de Paléontologie des Vertébrés de Pékin, qui publie sa découverte dans la revue Nature.

"Les implications sont claires: les Ostéichtyiens n'ont pas acquis leur squelette osseux dans leur coin, ils l'ont tout simplement hérité" de leurs ancêtres: les placodermes, des poissons caparaçonnés de plaques osseuses qui sont considérés comme les plus vieux représentants de la famille des vertébrés.

Du même coup, le groupe incluant les requins et les raies ne fait plus figure de grand ancêtre des vertébrés. Et en termes d'évolution, cela signifie qu'ils ont dû se débarrasser progressivement des plaques osseuses de leurs prédécesseurs au fil de leur évolution, explique M. Choo. "Le dernier ancêtre commun de tous les vertébrés à mâchoires (les Gnathostomes), nous y compris, était un placoderme similaire à l'Entelognathus", déclare à l'AFP le chercheur.

L'Entelognathus vivait à la fin du Silurien supérieur (voici 423 à 416 millions d'années) et n'est pas l'ancêtre direct des Gnathostomes, dont il avait déjà dû diverger à l'époque. Il s'agissait plutôt d'un "proche neveu" de notre ancêtre commun dont il partageait bon nombre de caractéristiques, précise Brian Choo.

Sa tête et son corps étaient recouverts d'épaisses plaques tandis que sa queue portait des écailles. Il possédait des mâchoires, mais pas de dents, et ses petits yeux étaient enfouis dans de grandes et profondes orbites. "J'ai été soufflé en voyant ce fossile la première fois, et encore davantage lorsque j'ai commencé à comprendre quelles implications il pouvait avoir", dit-il.

"De temps à autre, vous êtes confronté à des spécimens époustouflants, comme l'australopithèque Lucy ou les premiers dinosaures à plumes découverts en Chine, qui déclenchent un flot d'informations nouvelles sur notre lointain passé et nous obligent souvent à repenser ce que nous croyions savoir de l'évolution des espèces", poursuit M. Choo. "Un petit poisson nommé Entelognathus vient de rejoindre le club de ces fossiles exceptionnels", conclut-il.


SCIENCES ET AVENIR 26/9/2013

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