Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
BelleMuezza

Les grottes sacrées des hautes terres de l'Ouest Cameroun

Messages recommandés

L'Ouest Cameroun est le pays des chefferies Bamilékés, civilisation fascinante aux traditions toujours vivantes. Dans cette région de hauts plateaux se trouvent des grottes dans lesquelles se déroulent encore rites, offrandes, cérémonies… Ces grottes sont d’un grand intérêt ethnologique, mais recèlent aussi des vestiges archéologiques, une faune souterraine peu commune, et leur genèse est mal connue.

Entrée de la grotte Mielewou. ©️ Olivier Testa


Les résultats que nous présentons ici sont issus de recherches en cours à l'Ouest Cameroun, et il est certain que de nouvelles découvertes seront faites au cours des expéditions futures.

 Entrée de la grotte Ndemvoh. ©️ Olivier Testa


Ces expéditions sont parrainées par la Fédération française de spéléologie..


futura sciences 8/4/2011

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Les grottes se forment le plus souvent par l'action de l'eau sur des terrains calcaires, et sont caractéristiques des paysages karstiques.

Comment se forme une grotte ? : L'eau se fraie un chemin à travers les microfissures présentes dans des roches carbonatées, les dissout, formant avec le temps, dolines, gouffres, galeries, méandres, puits…

   La grotte mâle de Ndemvoh s’ouvre par un porche de 120 mètres de large. Une seconde grotte s’ouvre juste à côté. Une légende locale relie les deux grottes par un lien de fraternité. Les grottes jumelles mâle et femelle hébergent chacune une divinité. ©️ Olivier Testa

Selon la géologie des lieux, les grottes peuvent se développer en réseaux labyrinthiques, étagés ou non, en gouffres à tendance verticale, en conduits noyés…

Les différents terrains de formation des grottes : D'autres roches solubles peuvent aussi conduire à la formation de cavités. On trouve des grottes dans le gypse, le sel, la craie… On parle dans ce cas de pseudokarst.

Dans les terrains volcaniques, plusieurs types de grottes peuvent se créer. Les tubes de lave sont les plus fréquentes. Lorsque la lave s’écoule du volcan, une croûte se forme au contact du milieu extérieur. Une fois la lave évacuée, il peut rester un conduit pouvant atteindre plusieurs kilomètres.

   Caldeira des monts Bambouto. On distingue plusieurs dykes, dont, tout au fond, la dent de Babadjou (2.610 mètres), et le mont Mangwa qui culmine sur la droite (2.710 mètres). ©️ Olivier Testa

Le Cameroun est un pays qui ne dispose pour ainsi dire pas de calcaire, et la présence de grottes était jusqu'à présent anecdotique. On rencontre quelques grottes dans les tubes de lave du mont Cameroun, et des grottes originales dans la latérite, les grès, et les roches métamorphiques et plutoniques du Sud du pays.

L'Ouest Cameroun est un territoire d’altitude (1.000 à 2.700 mètres) constitué essentiellement de roches granitiques et de volcaniques. Très peu de recherches ont été entreprises pour étudier les grottes de ce territoire à priori peu propice à leur formation.

Les villageois qui résident à proximité des cavités connaissent leur existence, mais cette notoriété ne dépasse guère les frontières de la chefferie.

Les différents types de grottes


Les roches rencontrées à l'Ouest ne sont pas karstifiables, et les cavités que l'on trouve sont souvent de petite taille. Les recherches récentes ont permis d'identifier plusieurs dizaines de sites, et des cavités que l'on peut diviser en trois catégories.

   Empilement de boules granitiques, résidus de l’altération de la roche-mère. ©️ Olivier Testa

- Les grottes creusées sous une dalle de basalte. Issues du complexe volcanique des monts Bambouto, il y a plusieurs milliers d'années, une coulée de lave a recouvert un paléosol. Ce sol a ensuite été emporté par des phénomènes d'érosion, laissant un vide sous cette croûte basaltique ;

- Les grottes se développant dans les interstices d'un chaos granitique. Les roches granitiques s'altèrent sous l'action de la pluie et peuvent former des boules granitiques pouvant atteindre plusieurs mètres de diamètre. L'empilement naturel de ces boules forme un chaos ;

- Les grottes creusées dans le granite ou le gneiss. Formées dans la masse de granite par des phénomènes de dissolution, ces grottes sont rares et très originales.


FUTURA SCIENCES

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Les grottes occupent une place particulière dans la cosmogonie Bamiléké. Anomalies géographiques, les grottes sont presque systématiquement des lieux sacrés. Comme les lacs, les chutes d'eau, certaines montagnes ou forêts, les lieux sacrés hébergent une divinité, qu'il faut respecter et apaiser avec des rites pour s'attirer leur bienveillance.

  L’escargot géant est un animal au pouvoir mystico-religieux, souvent synonyme de justice. ©️ Olivier Testa

Les Bamilékés représentent un groupe socioculturel qui occupe les hautes terres de l'Ouest. Une chefferie Bamiléké est une sorte de microétat centralisé autour d'un roi puissant jouissant d'un pouvoir de droit semi-divin. À ses côtés, il dispose de conseillers, de ministres, de serviteurs, ainsi que de nombreuses sociétés secrètes qui agissent comme autant de contrepouvoirs. La chefferie Bamiléké est ainsi extrêmement hiérarchisée.

   Sa Majesté Djampou Tchatchouang, chef des Bangwa. ©️ grottesducameroun.org

Il y a plus de cent chefferies à l'Ouest Cameroun, indépendantes, dont les jeux d'alliance, les liens de parenté, les héritages règlent leurs inter-relations. Certaines partagent la même langue. Les chefferies, autrement appelée groupement, couvrent un territoire rassemblant plusieurs villages ou hameaux, et quelques dizaines à plusieurs centaines de milliers d'individus (en incluant la diaspora).

Les croyances Bamiléké traditionnelles sont toujours très vivaces. Les Bamilékés croient en l'existence d'un être suprême, appelé Si, ainsi qu'en de nombreux esprits ou divinités à portée plus limitée (dieu du village, dieu du quartier, dieu de la maison).


  Gardien de la chefferie, Bamendjou, Cameroun. ©️ Olivier Testa

Le culte des ancêtres est très vif, et les Bamilékés croient que l'esprit d'un défunt se trouve dans son crâne. Les funérailles rythment la saison sèche, et constituent des grandes fêtes hautes en couleurs. Se déroulant une année après le décès, le crâne du défunt est déterré puis sera gardé à côté des crânes de tous les ancêtres de la famille, dans une petite maison destinée à cela. Ces crânes sont consultés régulièrement par le successeur de la lignée, notamment lorsqu'une question difficile concernant la famille se pose. Il existe au sein de chaque chefferie plusieurs sociétés secrètes, ayant un rôle politique, administratif, ou magico-religieux. Ces sociétés sont appelées ainsi car leurs membres détiennent un secret, que seuls les initiés connaissent. Leurs membres se réunissent régulièrement et participent intimement à la vie du village.

   Grande case de Bandjoun, typique de l’architecture traditionnelle Bamiléké. Les murs sont en raphia noué, les piliers sont en bois sculpté, et le toit en chaume. Cette case est utilisée pour des événements traditionnels particuliers. ©️ Olivier Testa

L'architecture Bamiléké se caractérise par sa démesure et son symbolisme. L'organisation des bâtiments dans une chefferie suit des règles strictes basées sur la cosmogonie Bamiléké. Les bâtiments, fait de bambous raphia et de chaume, sont surmontés de toitures pyramidales ou polypyramidales (appelées localement toits coniques). Les symboles cosmogoniques sont présents de manière récurrente.

   Danse traditionnelle dans la cour royale du palais de Bamendjou. Sur l’extrême gauche, un aperçu de la grande case, et en arrière-plan, le quartier des femmes du chef. ©️ Olivier Testa

La société Bamiléké est élitiste : la réussite personnelle est encouragée et récompensée par des titres de notabilité au sein de la chefferie.

La culture se manifeste aussi à travers de nombreux autres aspects. Citons les très nombreuses danses, qui ont chacune une signification particulière, la sculpture, le tissage, le perlage, la poterie, la gastronomie…


FUTURA SCIENCES

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Nous ne pouvons parler des grottes sacrées à l'Ouest Cameroun sans évoquer pour commencer Fovu, la grotte sacrée de Baham, l'un des lieux les plus mystiques de l'Ouest.

Vaste champ de rochers granitiques qui s'étend sur 15 hectares, Fovu se situe à quelques kilomètres du palais royal de Baham. Dans ce petit vallon bordé d'eucalyptus, d'avocatiers, de manguiers et de bananiers, d'énormes masses patatoïdes de granite s'élèvent sur 3 à 15 mètres de hauteur. Arrondies, imposantes, leur couleur grisâtre tranche avec la terre rouge et la végétation luxuriante des environs.

   Fovu, à Baham, un très grand lieu sacré. ©️ Olivier Testa

La forêt de rocher est un véritable petit labyrinthe qui offre de multiples abris. Par endroits, ces rochers sont posés sur d'autres sous-jacents, ce qui forme des dolmens naturels propices aux différents rites. Le plus gros rocher, dont les dimensions dépassent 35 mètres de long pour 15 mètres de haut, semble ainsi en suspension, et couvre une surface pouvant accueillir plusieurs dizaines de personnes. On appelle cette "grotte" la cathédrale.

Fovu attire chaque année des milliers de pèlerins, qui viennent parfois de l'étranger faire des offrandes, des libations, des cérémonies, afin d'obtenir les faveurs de la divinité. Ce lieu est investi quotidiennement tant par les Kemsi (voyants) de Baham, que par des charlatans, de nombreuses sectes et autres églises évangéliques.

La légende de Fovu, racontée par un notable Baham :

«Un jour -c'était le jour du marché- un Allemand [Hans Glauning] est arrivé à Baham. C'était la première fois que l'Homme Baham avait le contact avec l'Homme blanc [en 1905]. On ne savait pas qui c'était. Pendant que les gens venaient voir, on s'est rendu compte qu'il se rapprochait de la chefferie. On a donc craint qu'il ne s'attaque à la chefferie.

On a donc appelé les Foneka, les guerriers du chef. Les guerriers sont venus et ont voulu faire une démonstration de force, avec des sautillements, des reproductions de combats pour faire fuir le Blanc. Le plus grand guerrier se met donc à sauter devant l'Allemand, et chaque fois qu'il touche terre, il lui montre comment il peut soulever sa flèche [une lance] pour le transpercer. Quand il finit, le Blanc qui n'a pas bronché essaie de le flatter sans succès avec des cadeaux, mais ça ne marche pas.

Alors, le Blanc, par provocation, lui tire son pagne qui tombe à terre. Comme il se baisse pour le ramasser, le Blanc l'attrape, le ligote, et le met dans la voiture. Mais pendant qu'il est en train de le ligoter, le chef du village ordonne d'aller couper les ponts. Le Blanc finit de le ligoter et part, mais quand il se rend compte que les ponts sont coupés, il comprend que c'est une déclaration de guerre. Alors il revient au village et tire sur tout le monde. Quand il a fini de tuer tous ceux qu'il voyait, il prend ses appareils pour voir [jumelles]. Il voyait les gens qui étaient à Fovu, il entendait le bruit des gens, mais quand il tirait, les balles étaient arrêtées par Fovu. Il a compris et est reparti par Bandjoun. Il a ensuite renvoyé à Berlin son message disant que le peuple Baham s'était rebellé.

C'est l'un des seuls peuples à s'être rebellé [...]. Aujourd'hui encore, on ne peut pas tout montrer à Fovu, car il y a encore plein de secrets, des chambres secrètes pour se cacher en cas de guerre »

FUTURA SCIENCES

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
La grotte Kouo Vu est une petite grotte qui s'ouvre sous une falaise basaltique, au fond d'un vallon encaissé dans une portion de forêt, à la frontière entre les territoires des chefferies Bafoussam et Baleng. On dit que cette grotte fut le lieu, il y a quelques années, d'une sombre histoire de sorcellerie...

La grotte se trouve au fond d'un vallon dont les abords sont fortement cultivés : maïs, haricot, arachides, pommes de terre, bananiers... Quelques safoutiers et manguiers bordent une portion de forêt au cœur de laquelle coule une petite rivière et s'ouvre la grotte. L'humidité des lieux est propice aux escargots géants que l'on trouve en grand nombre ainsi qu'aux crabes d'eau douce. La rivière s'écoule en cascade par-dessus le porche d'une largeur de 30 mètres pour 8 mètres de hauteur.


   Chemin d’accès à la grotte Kouo Vu, à Baleng. ©️ Olivier Testa


Cette grotte est colonisée par des chauves-souris, et l'odeur du guano prend au nez dès l'entrée dans la grotte. L'atmosphère est suffocante à cause des gaz dégagés par le guano, et la température est plus élevée de quelques degrés à l'intérieur. Cet épais guano sert de substrat pour une microfaune détritivore, et grouille de cafards, moucherons… Pris dans cette masse, on retrouve des restes d'offrandes, des vêtements « souillés » d'autochtones venus se purifier. Les nombreuses libations (huile de palme, noix, sel) et offrandes aux abords ou dans la cavité forment par endroits d'épais dépôts organiques qui attirent les fourmis, les rats...

Kouo Vu est une grotte très sacrée. On ne peut y entrer qu’accompagné de Mafo Kouo Vu, la kemsi (voyante) responsable du lieu. La voyante prévient alors les divinités de la cavité que des visiteurs souhaitent entrer à l'aide d'une trompette et en prononçant des incantations, il est alors possible d'entrer dans la grotte, nu-pieds.

   L’entrée effrayante de la grotte a fait naître en ce lieu de nombreuses légendes. ©️ Olivier Testa

Aux abords de la grotte, on retrouve des offrandes en de nombreux endroits, que ce soit des noix de kola, du sel, de l'huile, des épices, du kaolin… Des cages en raphia abandonnées là, vides, témoignent des nombreuses volailles et lapins qui ont été offert aux divinités de la grotte. Les parois de la cavité sont maculées de projections de liquides blancs, jaunes ou ocres laissées par des rites passés. Le plus impressionnant reste les cairns, sous le porche d’entrée.

Les différents voyants déposent des offrandes, principalement du sel, de l'huile de palme, des épices, sur ces amoncellements de cailloux. Avec les années, ces cairns sont maintenant intégralement recouverts de cette accumulation de substances organiques et les fait ressembler à des concrétions.

On peut compter un alignement de neuf grandes «concrétions» symbolisant les neufs notables de la chefferie. Dans la tradition bamiléké, les «neuf» constituent un groupe de notables chargé de conseiller le roi dans sa gestion. Leur pouvoir est très grand, et le roi ne peut les ignorer sans se mettre en danger. Cette grotte est localement très connue et redoutée, car deux personnes y auraient disparu à l'intérieur...

   L’alignement des neuf concrétions symbolise les neuf notables de la chefferie. Les offrandes, libations et projections sont omniprésentes. ©️ Olivier Testa

La légende de la grotte de Kouo Vu

On raconte qu'en juillet 2005, un sorcier fut contacté par un jeune homme qui se pensait en proie avec les esprits. Ambitieux, il s'était engagé dans une secte traditionnelle, afin de bénéficier de l’appui des forces invisibles pour accélérer sa carrière. Il était porteur d'une bague considérée comme magique qui le reliait à cette secte. La bague s'était serrée autour de son doigt. Il n'arrivait plus à la retirer, se sentait possédé et dépassé par le pouvoir maléfique de la bague. 

Allant voir un sorcier en vue de contrecarrer les effets de la bague, celui-ci lui dit qu'il disposait de suffisamment de puissance pour neutraliser le pouvoir de la bague. Ils se rendirent tous deux à Kouo Vu. Le rite de désenchantement commença, puis le Kemsi et son patient entrèrent à l'intérieur de la grotte. Un fou, habitant les lieux, les vit entrer, puis une nuée de chauves-souris sortit de la grotte. 

Le soir, ne les voyant pas ressortir, le fou prévint la police, et la population se rassembla autour de la grotte. Des sorciers vinrent pour forcer le retour des disparus, mais rien n’y fit. Selon Mafo Kouo Vu, la gardienne des lieux, le pouvoir divin de la grotte s'est fortement opposé au pouvoir maléfique de la bague, et les deux ont été vaincus par la grotte. D'autre part, le sorcier possédait un pouvoir qui n'était pas apte à annihiler celui de la bague.

Lire la suite (extraits d'articles de presse)


FUTURA SCIENCES

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
La grotte de Kaa est un des douze grands lieux sacrés de Batié. Lors de fortes pluies, on entend de l’extérieur gronder une rivière souterraine, que personne n’avait jamais pu voir. L’eau est un élément de frayeur à l’Ouest Cameroun, et l’on peut ainsi comprendre la genèse de ce site rituel.

Explorée et topographiée en 2009/2010 par Olivier Testa, la grotte de Kaa devient la troisième plus longue grotte du Cameroun, derrière la grotte Gaskin (450 mètres) et la grotte de Mbilibekon (220 mètres), respectivement sur le mont Cameroun (Buea) et à Nko’Etyé (à 20 kilomètres d’Ebolowa).

   Olivier Testa dans la grotte de Kaa. ©️ Olivier Testa

La grotte de Kaa se développe dans un chaos de granite créé à la faveur d’une faille de décompression. La grotte comporte deux entrées qui communiquent par un cheminement souterrain. Les passages sont souvent de petite taille, et il faut se contorsionner, ramper, ou escalader pour explorer cette grotte. Une rivière souterraine parcourt l’ensemble de la cavité, et il est par endroits nécessaire de se plonger dans l’eau jusqu’au cou pour poursuivre l’exploration. Au cours d’épisodes pluvieux importants, le niveau d’eau peut monter de plusieurs mètres, ce qui rend l’exploration de la grotte très dangereuse.

   Chauve-souris (roussette) frugivore du Cameroun. ©️ Olivier Testa

On trouve dans la grotte une faune souterraine diversifiée. Des chauves-souris insectivores colonisent l’ensemble de la cavité. On retrouve de très nombreuses mygales et araignées ainsi qu’une petite faune diversifiée : grillons, fourmis, chenilles, cloportes, papillons, moucherons, collemboles. Cette grotte est un des grands lieux sacrés de la chefferie, et des rites traditionnels s’y déroulent de manière régulière. L’exploration de la grotte s’est faite dans le respect des traditions locales pour ne pas déranger les croyances qui y sont attachées.

   Rhinolophe. ©️ Olivier Testa


FUTURA SCIENCES

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Le Picatharte à cou gris (Picathartes oreas) est un oiseau endémique à la sous-région (extrême-est du Nigéria, Cameroun, Guinée Équatoriale, Gabon), qui nidifie dans les grottes et sous les aplombs rocheux des forêts primaires équatoriales. Son habitat naturel est progressivement détruit, et l'espèce est classée Vulnérable sur la liste Birdlife.

   Le Picatharte à cou gris construit son nid dans les grottes.  ©️ Richard Oslisly

C'est un oiseau rare, que la plupart des ornithologistes souhaitent observer. Sa présence est attestée dans la forêt primaire du parc de Korup, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun.

Les grottes de l'Ouest sont un habitat potentiel pour cet oiseau symbolique. Malgré l'altitude élevée des massifs montagneux, et leur très forte anthropisation qui ne laisse subsister que de très rares îlots forestiers, deux nids ont été observés dans les grottes des flancs des monts Bambouto. Les observations se poursuivent afin de confirmer leur implantation dans le département. Le Picatharte est un passereau discret, au physique très particulier : haut sur pattes, il se caractérise par une tête bleue, un crâne chauve à la peau rouge vif, et un cou gris. Il se déplace le plus souvent au sol, et n'émet que des cris étouffés. Il tire son nom original de la contraction des deux mots : pica (pie en latin) et cathartes (vautour en grec).

   Picathartes oreas. ©️ Richard Oslisly

Les Picathartes construisent leur nid directement sur les parois des grottes, à l'abri des intempéries et à une hauteur suffisante pour protéger leurs petits des prédateurs. Confectionné à l'aide de boue séchée et de fibres végétales, le nid est réutilisé chaque année, moyennant quelques consolidations si nécessaire. Les femelles donnent naissance à deux petits. Les parents les nourrissent à tour de rôle, allant chasser limaces, escargots, grenouilles, araignées et vers à proximité du nid.


FUTURA SCIENCES

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Les grottes constituent des abris naturels qui ont attiré de tout temps les populations humaines. Protégées des éléments, elles trouvaient refuge temporairement ou durablement dans les cavités, ou y menaient des activités rituelles ou religieuses. À l'abri des agressions du milieu extérieur, soumis à une grande stabilité climatique, les vestiges archéologiques se conservent bien mieux dans les grottes qu'en extérieur et les archéologues ont pris l'habitude de chercher dans ces lieux des indices de présence humaine ancienne.

La grotte de Shum Laka, au sud de Bamenda, fut ainsi une découverte archéologique majeure des années 1980-1990. Les fouilles entreprises par Pierre de Maret et Raymond Assombang dans cette grotte (ainsi qu'à Fiye Nkwi et Mbi Crater) au cours de plusieurs campagnes dans les années 1990 ont mis à jour des données archéologiques s’étendant sur une période allant de 30.000 à 3.000 ans (BP), ce qui est exceptionnel.

   La grotte de Shum Laka a été occupée par des populations humaines durant des millénaires. ©️ Olivier Testa

Ce site a été inscrit sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco en 2006. De nombreux fragments de poteries ont été récoltés. Des pierres taillées (quartz, rhyolite, trachyte, tuff) témoignent d’une tradition allant de l’industrie microlithique à la confection d’outils macrolithiques et de pierre polie. On retrouve des ossements provenant d'une quarantaine d'espèces d'animaux. Les os d’antilopes et de buffles côtoient ceux de singes, de chimpanzés et de gorilles. On a pu ainsi déterminer le régime alimentaire et le mode de vie de ces populations qui peuplaient les Grassfields. Des ossements issus de neuf ensembles funéraires et venant de dix-huit squelettes humains ont été excavés.

Ces squelettes, dont plusieurs étaient en connexion anatomique, étaient enterrés en position fœtale. Les datations donnent des périodes de sépulture à 8.000-6.000 BP et 4.000-2.000 BP, ce qui en fait les plus anciens ossements humains de la sous-région.

Ces données ont permis de reconstituer l’évolution de ces populations sur plusieurs millénaires, d’étudier les changements de leurs techniques (outillage, poterie, funéraire), et d’apporter des données paléo-environnementales originales.

FUTURA SCIENCES

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...