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La Réunion / Les requins tigres et bouledogues, des migrateurs confirmés ?

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L'Institut de recherche pour le développement (IRD) a dévoilé, le 11 octobre, les premiers résultats issus des marquages des requins tigres et des requins bouledogues, dans le cadre du programme CHARC. Ils confirment entre autres que les requins tigres sont capables de migrer sur de longues distances.

Les requins dévoilent un peu plus de leurs secrets et de leurs habitudes. Il y a quelques jours, l'Institut de recherche pour le développement (IRD) a publié quelques résultats issus des marquages des requins tigres et des requins bouledogues. Le programme CHARC (Connaissances de l'écologie et de l'Habitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la Côte Ouest de la Réunion) vise notamment à répondre à certaines questions concernant les squales, comme par exemple savoir où ils vont lorsqu’ils ne sont plus détectés dans le réseau des stations d’écoute.

Les premiers résultats qui répondent en partie à cette question viennent d’être dévoilés. Ils sont issus de la "re-capture d’un requin tigre femelle de 3 mètres", le 28 août, et de la "récupération des balises attachées à quelques requins permettant de suivre leurs déplacements à longue distance", indique l’IRD cité par Ipreunion.com.

Ces résultats confirment notamment la capacité des requins tigres à migrer sur de longues distances. En effet, le squale femelle a été pêché à Madagascar, à plus de 2.000 km de l’endroit où elle avait été marquée par l’IRD. "Il est davantage plausible que cette migration soit le trait d’un comportement commun aux membres de l’espèce" qu’un cas isolé, estime l’Institut. "La circulation des requins tigres dans le sud de l’Océan Indien semble donc établie", indique t-il encore. "Les requins tigres visitant nos côtes feraient ainsi partie d’une vaste population ouverte et non pas d’une population locale réunionnaise, fermée, sans échanges avec les autres spécimens de l’espèce".

Quant aux requins bouledogues, on estimait jusque-là qu’ils restaient près des côtes. Pourtant, la balise d’un de ces squales (un mâle de 3 mètres), marqué six mois plus tôt, a été détectée largement au sud de l’île de La Réunion, entre 150 et 450 km au large des côtes. "L’information est exceptionnelle car ce déplacement océanique est l’un des plus longs jamais enregistré chez cette espèce", rapporte l’IRD. 


"Pour l’heure, nous n’avons pas de preuves de la capacité migratrice de cette espèce, mais cette découverte démontre que le bouledogue est capable de s'éloigner du milieu côtier et de nager en milieu océanique", contrairement à ce qui était imaginé. Mais il ne s'agit là que de premiers résultats qui seront suivis par d'autres d'ici peu. D'après l'IRD, "la collecte des autres données concernant les conditions environnementales et biologiques de l’écosystème marin réunionnais se termine dans un mois. Les résultats sont en train d’être rassemblés et vérifiés et seront ensuite traités et analysés au cours de l’année à venir" pour en tirer davantage de conclusions.


maxisciences 16/10/2013

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Les attaques de requins à la Réunion ont incité les scientifiques à étudier leurs causes possibles. Dans ce contexte, le programme « Connaissances de l’écologie et de l’habitat de deux espèces de requins côtiers sur la côte ouest de la Réunion », alias Charc, est né en 2011 et est porté par une équipe de l’IRD. Les chercheurs divulguent aujourd’hui leurs premiers résultats.

Les premières observations du programme Charc ont montré que la présence des requins-tigres et des requins-bouledogues sur les côtes de la Réunion était saisonnière, avec davantage de requins marqués détectés l’hiver que l’été et des pics de présence dans certaines zones au cours des périodes de transition (hiver-été en septembre-octobre ou été-hiver en mars-avril). Ce phénomène cyclique semble correspondre à des comportements de reproduction, et les chercheurs étudient de près cette hypothèse.

  Le requin-bouledogue vit dans toutes les mers tropicales, à proximité des côtes, et jusqu'à 155 mètres de profondeur. Cette espèce est jugée agressive et aussi dangereuse que le grand requin blanc pour l'Homme. ©️ Albert Kok, Wikipédia, GNU 1.2

Les absences prolongées et fréquentes (de plusieurs jours à plusieurs mois) de certains individus posent des questions sur leur mode d’occupation. Où sont-ils lorsqu’ils ne sont plus détectés dans le réseau de stations d’écoute ? Nous avons récemment eu quelques réponses à cette question depuis les informations obtenues lors de la recapture d’un requin-tigre et la récupération des balises attachées à quelques requins permettant de suivre leurs déplacements à longue distance.

Tout d’abord, le 28 août dernier, des pêcheurs d’Andavadoke (sur la côte ouest de Madagascar, à 150 km au nord de Tuléar) ont pêché un requin-tigre marqué par l’IRD Réunion. L’information a été transmise à une ONG scientifique, qui a trouvé les coordonnées de Vemco (le fabricant) qui a averti les chercheurs. Ce requin est une femelle de trois mètres, qui avait été marquée par l’équipe Charc le 6 décembre 2012 au large de Saint-Gilles, soit à plus de 2.000 km d’Andavadoke, où l’animal a été capturé. L’hypothèse selon laquelle seul ce requin se déplacerait signifierait que les scientifiques auraient marqué le seul requin-tigre migrant de tout l’océan Indien, ce qui est tout à fait improbable. Il est davantage plausible que cette migration soit le trait d’un comportement commun aux membres de l’espèce.

La circulation des requins-tigres dans le sud de l’océan Indien semble donc établie, et laisse supposer une occupation de la population dans toute la partie sud de cet océan, à minima. Les requins-tigres visitant les côtes de la Réunion feraient ainsi partie d’une vaste population ouverte, et non d’une population locale réunionnaise, fermée, sans échanges avec les autres spécimens de l’espèce. Plusieurs études et observations à travers le monde, notamment à Hawaï dans le Pacifique, ont démontré la capacité des requins-tigres à se déplacer sur de très longues distances. Cette découverte dans l’océan Indien confirme cette capacité.

    Les attaques mortelles de requins répertoriées dans le monde depuis 2002. Par comparaison, près de 100.000 personnes meurent par an à la suite de morsures occasionnées par des serpents. ©️ Idé

Concernant les requins-bouledogues, les publications scientifiques montrent une fidélité aux zones côtières. En effet, si de longues migrations ont été observées notamment en Floride, elles s’effectuaient le long du continent, ce qui laissait penser que cette espèce était inféodée à la côte. Seule une étude aux îles Fidji montrait la possibilité de cette espèce à quitter le littoral (via un requin tagué dont la marque a été retrouvée entre 60 et 90 km de l’île). Jusque-là, les résultats des observations ont seulement démontré des absences pendant de longues périodes.

Mais le 21 septembre dernier, la balise d’un requin-bouledogue mâle d’environ trois mètres marqué six mois plus tôt a été détectée par un satellite Argos qui a renvoyé aux scientifiques la position géographique estimée de l’animal. Celui-ci se situait alors très au sud de la Réunion, dans une zone comprise entre 150 et 450 km au large des côtes. Les données de température et de courant sont en cours d’analyse et devraient permettre d’affiner cette localisation. L’information est exceptionnelle, car ce déplacement océanique est l’un des plus longs jamais enregistrés chez cette espèce.

Ces requins ne semblent donc pas complètement inféodés aux milieux côtiers. Pour l’heure, nous n’avons pas les preuves de la capacité migratrice de cette espèce, mais cette découverte démontre la capacité du requin-bouledogue à s'éloigner du milieu côtier et à nager en milieu océanique. La balise satellite d’un autre individu (une femelle) également marqué voilà six mois a récemment émis à quelques kilomètres seulement au large de Saint-Pierre.

À priori, pas de grands déplacements hors de la Réunion pour celui-ci. Néanmoins, les derniers relevés des stations effectués à Sainte-Marie au nord et à Sainte-Rose à l’est de la Réunion témoignent, tout de même, de longs déplacements côtiers des requins-bouledogues marqués à Saint-Gilles, soit à plus de 100 km de leur zone de capture. De plus, deux requins-bouledogues marqués avaient déjà été détectés, à 300 m de profondeur, sur un DCP (dispositif de concentration de poisson) situé à 8 km au large de la Réunion, là où les fonds sont déjà à plus de 1.000 m.

La connectivité entre les sous-populations de requins-bouledogues de l’océan Indien doit être confirmée par des analyses génétiques prévues dans le programme Charc. Les chercheurs espèrent que ces analyses permettront de mesurer le lien de parenté entre les individus de la zone sud-ouest de l’océan Indien. La collecte des autres données concernant les conditions environnementales et biologiques de l’écosystème marin réunionnais se termine dans un mois. Les résultats sont en cours de rassemblement et de vérification, et seront ensuite traités et analysés au cours de l’année à venir.




FUTURA SCIENCES 21/10/2013

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