BelleMuezza 0 Posté(e) le 24 octobre 2013 En 2012*, ils étaient 633 782 à errer, sans domicile fixe, sur le territoire américain. Un chiffre en constante baisse, mais qui continue d'inquiéter tandis que de l'autre côté de l'Atlantique un jeune journaliste britannique a récemment trouvé la mort après trois jours d'immersion intensive auprès de SDF de Newcastle. Cette situation, Mike Momany la connaît de près. Né en Allemagne, cet Américain d'adoption vit depuis deux mois dans la peau d'un vagabond à Seattle. Pas par contrainte, mais par réelle volonté. L'ex-programmateur informatique de soixante-deux ans, petit mais robuste, s'est même récemment lancé un pari fou : créer un "homeless tour". Le principe ? Abandonner son identité pendant trois jours et deux nuits et se mêler aux sans domicile fixe d'Emerald City. EKF Productions / Youtube - Un documentaire sur Skid Row, à Los Angeles, racontée par les gens qui y vivent.La petite affaire, qui compte son propre site web, arrive doucement mais sûrement aux oreilles des Américains. Pour la première session, qui devrait avoir lieu début novembre, sept personnes ont déjà été sélectionnées. "J'ai reçu une vingtaine de messages", explique Mike : "Malheureusement, je dois faire le tri. Je ne peux pas me permettre d'emmener des personnes qui prennent ça à la rigolade, qui pourraient mal agir avec les SDF." Tarif du mini-séjour : 2 000 dollars (soit environ 1 450 euros), tout inclus. Exceptionnellement, les cinq premières sorties coûteront 1 100. Une somme amplement justifiée pour l'organisateur : "En comptant les quatre heures de préparation avant de se lancer, j'en donne soixante-seize de mon temps. On arrive donc à vingt dollars de l'heure, ce qui me paraît très juste au regard d'une telle expérience." Un film cinéma-réalité par Michael C. Clark au sujet de l'itinérance sur Skid Row à Los Angeles, entrecoupé d'interviews des sans abri. Tourné au printemps de 2013. homelessboundla / YoutubePremière étape du séjour, la transformation physique. Après s'être débarrassés de leurs vêtements, les clients de Mike enfilent une tenue plus appropriée, fournie par la maison. Ils se voient ensuite attribuer un script, qui fait office de programme, et un surnom. "La conservation de leur anonymat est très importante", précise-t-il. La suite ? Une visite des lieux fréquentés par les sans domicile fixe entre squares, parcs, bibliothèques, cafés et autres centres d'accueil. Tout ça en compagnie de "vrais" SDF, bien sûr. "Si vous avez du culot, vous pourrez même essayer de mendier un peu d'argent ou de dormir sur un banc", ajoute-t-il sur son site web. Les 50 blocs de la désolation... Banks Kelley / YoutubeDes risques ? "Avec moi, aucun !" jure l'organisateur : "Seuls et sans connaissance du milieu, les gens risqueraient de se faire voler ou de se mettre en danger. Au contraire, je leur apprends à gagner le respect de ces personnes, à instaurer une relation propice au dialogue." Mike, qui se défend de faire la promotion d'un "tourisme de la pauvreté", tient absolument à préciser qu'il n'est pas intéressé par l'argent. "Sur les 2 000 dollars, 500 n'arriveront jamais dans ma poche", assure-t-il. Une partie est reversée à trois établissements s'occupant de la prise en charge des sans-abri à Seattle, pendant que l'autre est allouée aux dépenses diverses, type alimentation et logement. Skid Row Los Angeles... Enoch Magazine a contribué à ouvrir une nouvelle église sur Skid Row appelé Projet Jonah. enochmagazine / YoutubeSur ce dernier point, l'immersion n'est toutefois pas poussée à l'extrême. Les néo-vagabonds passeront une nuit dans un refuge sommaire et l'autre dans un hôtel, beaucoup plus luxueux. "Ses abords regorgent de SDF qui errent et se mettent à chercher un abri autour de trois heures du matin", explique Mike : "Or, les abris en question ne nous laisseraient pas entrer et ressortir à souhait comme c'est prévu dans mon programme. Si un de mes clients souhaitait quand même dormir dans la rue, je ferais en sorte de le satisfaire." En France... SDF - L'OPERATION DU COEUR. uston amstaff / Youtube Loin de faire l'unanimité, l'initiative s'est attiré bon nombre de détracteurs. Mike a même désactivé les commentaires sur sa page Facebook : "Certaines personnes m'insultaient et me menaçaient", regrette-t-il. Et paradoxalement, ce sont les employés des services sociaux qui sont les plus virulents. "Ils n'apprécient pas que quelqu'un d'autre qu'eux s'aventure sur leur territoire. Pourtant, j'apporte des idées nouvelles. J'offre une plongée au coeur de cette vie si particulière. Je ne me contente pas d'emmener les gens çà et là, comme dans un zoo." Etre SDF en France.wmv - Rick Enbacker / YoutubeEt les "vrais" SDF, dans tout ça ? "Ils sont ravis !" lance Mike : "Ça leur permet de tuer le temps et de se faire un peu d'argent. Si l'affaire roule, d'autres devraient prendre la relève à partir d'avril, date de mon départ." D'ici là, le sexagénaire espère qu'il aura accompli sa mission de sensibilisation. "Se contenter de leur donner une pièce ou un peu de nourriture, ce n'est pas suffisant", insiste-t-il : "Nous devons trouver de vraies solutions. Au Japon par exemple, des capsules servent de refuge aux sans-abri. Pourquoi pas chez nous ?" En France, dans le froid glacial... micheldelongchamp / YoutubeSi l'expérience est uniquement accessible aux hommes pour le moment, Mike devrait rapidement s'organiser de manière à accueillir des femmes. Une semaine entière, facturée à un peu plus de 5 000 dollars, est à l'étude après la requête d'un groupe d'étudiantes en sociologie. "Mon client idéal ? Un petit riche qui a vécu sur le dos de ses parents toute sa vie", ironise l'ex-entrepreneur. Ambitieux et un peu foufou, il prépare déjà un nouveau défi. En juin, il lancera officiellement un "marijuana tour" dans l'État de Washington, qui a légalisé sa consommation en décembre 2012. * Étude réalisée par le Continuum of Care (CoC) aux États-Unis, disponible ici. le point 24/10/2013 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites