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Fukushima : l'AIEA suggère un retour des populations évacuées

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Peut-on faire revenir des gens dans les zones de Fukushima évacuées après l'accident nucléaire de mars 2011? L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pense que oui, ce qui ne convainc pas tout le monde au Japon. Une mission de l'agence s'est rendue la semaine dernière aux alentours du complexe atomique Fukushima Daiichi ravagé par le tsunami du 11 mars 2O11.

De retour à Tokyo, elle a remis lundi au ministre de l'Environnement un rapport d'étape dans lequel l'AIEA invite le gouvernement à repeupler la région sans attendre de ramener la radioactivité au niveau normal de moins de 1 millisievert par an (hors radioactivité naturelle) recommandé par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Selon les experts de l'AIEA, il est illusoire de penser qu'on pourrait rapidement et seulement grâce aux opérations de décontamination "abaisser à 1 millisievert par an (mSv/an) la dose de rayonnement individuel reçue en plus de l'exposition naturelle". Par conséquent, "dans les situations d'assainissement en cours, n'importe quel niveau de dose de rayonnement individuel de l'ordre de 1 à 20 mSv/an est acceptable et conforme aux normes internationales", souligne encore l'agence.


 Le site accidenté de Fukushima, en juin 2013. ©️ The Yomiuri Shimbun / AFP Image Forum


Pour Hisayo Takada, spécialiste auprès de Greenpeace Japon, cette conclusion prouve que "l'AIEA reconnaît qu'il est difficile de décontaminer". Mais certains experts interprètent ces conclusions comme un abandon de l'objectif de moins de 1 mSv/an, dans le but justement de faire revenir rapidement les habitants dans les zones désertées.
"L'AIEA a tiré un trait sur l'objectif de redescendre sous 1 millisievert/an", tranche ainsi Hiroaki Koide, professeur au centre d'expérimentation de réacteurs nucléaires à l'Université de Kyoto et auteur de nombreux livres sur les effets des radiations. Comme Hisayo Takada, il insiste sur le fait que "cette agence est une organisation dont la vocation est d'abord de promouvoir l'usage des technologies nucléaires civiles, pas de protéger la population". "Personne ne veut habiter dans une zone radioactive, mais il y a pourtant des gens qui veulent revenir chez eux", reconnaît Hisayo Takada pour qui "c'est respectable et, dans ce cas, il est important de leur proposer différents modes de soutien et de les en informer".


À l'Institut national français de la radioprotection nucléaire (IRSN), Olivier Isnard explique que la proposition de l'AIEA "n'est valable que pour une période transitoire, qui peut durer plusieurs années, entre la phase d'urgence immédiatement après l'accident et la phase de retour vers un niveau normal de radioactivité". "Dans cette étape intermédiaire, et selon les recommandations internationales en vigueur, on peut revivre dans la zone contaminée à condition que le niveau d'exposition externe et de contamination interne combinées n'excède par 20 millisieverts par an", rappelle-t-il. "Cela ne signifie pas que le niveau de 1 mSv/an est abandonné. Au contraire : il s'agit de faire tous les efforts pour s'en rapprocher." 

Cependant, ce qui préoccupe le plus le professeur Koide, ce sont les enfants : "Pour les personnes âgées, l'irradiation n'est peut-être pas si grave, mais pour les enfants, une exposition de 20 millisieverts par an est trop importante. C'est l'équivalent de la dose admissible pour les travailleurs du secteur nucléaire dans la plupart des pays." Pour Olivier Isnard, la comparaison ne tient pas : "Pour les travailleurs du nucléaire, le niveau est fixé très bas afin de contraindre les exploitants de centrales à ne pas les exposer à la radioactivité. Mais le niveau de 20 millisieverts est pensé en fonction des personnes les plus radio-sensibles, à savoir les enfants", précise-t-il.

Reste que, pour Hisayo Takada, "on ne pourra pas revivre dans la région évacuée de Fukushima comme avant l'accident". Dans des zones en partie décontaminées, près des maisons, les niveaux sont peut-être par endroits redevenus tolérables, "mais inutile de songer à aller dans les bois cueillir des champignons et les manger, car ce sont des éponges à radioactivité", précise Olivier Isnard. Il faut donc que les candidats au retour aient des instructions et informations précises sur ce qu'ils peuvent et doivent faire pour limiter les risques. Parce que le sujet est extrêmement sensible et divise population et experts, l'idée du retour doit être "le fruit d'un dialogue et d'un compromis entre l'État et la société civile", insiste Olivier Isnard.

le point 24/10/2013

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