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Signaux médiatiques contradictoires : la glace est-elle ou non en train de déserter l’océan Arctique ?

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Un récent rapport environnemental présenté à la Chambre des communes présente un constat des plus alarmistes quant à la situation de la banquise en Arctique, allant ainsi jusqu'à affirmer que la glace y aura totalement disparu d'ici 2015.

  Un récent rapport environnemental affirme que la glace aura totalement disparu de l'océan Arctique d'ici 2015 Crédit Reuters

Atlantico : Peut-on raisonnablement se fier à ces prévisions qui prévoit la fin de la glace en Arctique en 2015 ?

Frédéric Decker : 2015 non, cela me paraît beaucoup trop "court". Les signes de fonte de la banquise sont une réalité, mais une fonte totale ne devrait pas se  produire avant quelques décennies, peut-être vers 2050... en prenant en compte la poursuite du réchauffement climatique tel qu'il existe aujourd'hui. Car un "accident climatique" pourrait nous surprendre. Une très puissante éruption volcanique pourrait suffire à abaisser la température moyenne mondiale pendant 1 à 3 ans, et par la même occasion provoquer une extension des glaces. Ce n'est qu'une supposition parmi tant d'autres. Les variations de l'activité solaire en est une autre. Le climat n'est pas linéaire, ne l'a jamais été et ne le sera jamais, avec ou sans l'action de l'homme.

Atlantico : Peter Wadhams, l'un des chercheurs impliqué dans ce rapport, évoque le fait que l'épaisseur de la banquise en Arctique aurait baissé de 43% depuis les années 1970. Cette progression impressionnante est-elle synonyme d'une disparition totale de cette même banquise ?

Frédéric Decker : Peter Wadhams a-t-il évoqué le fait que l'Arctique se soit refroidit, et que par conséquent la banquise ait progressé, entre 1950 et le milieu des années 1970 ? La décennie 1970 a été particulièrement froide dans les latitudes septentrionales de la planète, notamment en Islande, au Groenland et donc en Arctique. Les glaces ont donc connu une extension avant de perdre à nouveau du terrain depuis. L'été 2012 a connu un pic de fonte record (sur la période 1979-2013, il n'y a aucune donnée fiable avant 1979). L'été 2013 a vu davantage de glace résister (60% de plus qu'en 2012, mais une surface tout de même assez faible par rapport à la moyenne 1979-2013). Je ne peux pas affirmer que cette tendance, depuis 1975, soit synonyme de la disparition totale de la banquise. Même si, à terme, le risque existe si les conditions actuelles de réchauffement se poursuivent.

Atlantico : Peut-on dire finalement que les scientifiques ne possèdent pas toutes les clés de lecture d'un phénomène aussi complexe que le réchauffement, ce qui expliquerait l'actuelle division des chercheurs sur le sujet ?

Frédéric Decker La machine climatique mondiale est extrêmement complexe. Elle ne nous a pas dévoilé tous ses secrets, et des variations naturelles contrarient les prévisions climatiques. Par exemple, la récente baisse de l'activité solaire a occasionné un net ralentissement du réchauffement (depuis 2000), même si 2010 détient le record de chaleur annuel sur la planète. Les projections annonçaient en effet un réchauffement plus important qu'il n'a été. C'est la même chose concernant l'état de la banquise : les données satellites dont nous disposons remontent à près de 35 ans (depuis 1979), période vraiment très courte pour dégager une tendance nette. Les scientifiques du GIEC sont majoritairement d'accord entre eux. En revanche, de nombreux climatologues indépendants ou des instituts indépendants émettent régulièrement des théories contradictoires. La connaissance encore assez limitée de notre machine climatique explique ces divergences d'opinions, nous devons admettre ne pas tout connaître de notre climat. Son évolution semble se diriger vers un réchauffement, en majeure partie d'origine anthropique... mais tous les climatologues ne sont pas de cet avis. Et ces divergences vont résister à l'avenir, tant que le climat gardera ses secrets !

Pour finir, j'ajoute qu'on entend parler de "changement climatique" : c'est un non-sens ! Par définition, le climat terrestre n'est pas linéaire, subissant des chauds et froids d'origine naturelle constamment depuis toujours. Il y a 10 à 20 millions d'années, la Terre connaissait des températures beaucoup plus élevées qu'aujourd'hui... On doit donc parler de "réchauffement climatique" puisque le climat se réchauffe...


aTLANTICO 22/12/2013

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