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Les fruits exotiques en hiver... Oui mais ...

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Source de vitamines et d'antioxydants, le camu-camu, la pomme de cajou ou la mûre andine peuvent se substituer à la mauvaise saison au melon et à l'abricot. Mais leurs propriétés nutritives sont souvent altérées par des traitements chimiques.

Mûres andines, pommes de cajou, papayes... Au cœur de l'hiver, ces fruits aux noms exotiques font voyager nos papilles à une période de l'année où les fruits frais produits en Europe se raréfient sur les étals, faisant place aux importations en provenance d'outre-mer ou de l'étranger.

Habitués aux désormais classiques ananas ou bananes, les Français - du moins pour ceux qui ne limitent pas leur consommation aux fruits de saison - sont à l'affût de nouvelles saveurs venues d'ailleurs. Toutefois, de plus en plus soucieux d'une alimentation saine, ils en attendent des avantages pour leur santé. Et les fruits exotiques peuvent répondre à ce désir.

POMELO. Originaire des Antilles, il est plus petit que le pamplemousse avec une peau plus fine et une chair plus colorée, signe d'une plus grande richesse en caroténoïdes (1), que son cousin d'origine asiatique.

ANACARDIER. Arbre dont le fruit, la noix de cajou, est la première noix consommée dans le monde (2,2 millions de tonnes produites chaque année). Mais il produit une autre richesse : la pomme de cajou.

L'ensoleillement et le nombre d'insectes ravageurs étant plus importants sous les tropiques que sous nos latitudes, les fruits se protègent davantage contre leurs attaques. Conséquence : une plus grande richesse en molécules protectrices  - vitamines, polyphénols, tanins - bénéfiques pour notre santé. Mais si ces précieux constituants sont intacts dans les fruits juste cueillis, qu'en est-il après un long transport ou une transformation en jus, qui altèrent leurs propriétés nutritives, quand ils ne les enrichissent pas en pesticides ? Les consommateurs sont donc en droit d'attendre des améliorations des techniques de transformation et de conservation de ces fruits venus de loin.

  Une pomme de cajou et sa noix dans le village de Prainha près de Fortaleza, Ceará, Brésil. Eric Gaba / cc by sa 3.0

La papaye, la mangue, la goyave ou encore le pomelo sont richement dotés en bêta-carotène (de 10 mg/g pour la goyave à 30 mg/g pour le pomelo), le caroténoïde le mieux assimilé par notre organisme. Les caroténoïdes sont des molécules antioxydantes produites par les plantes afin de lutter contre les agressions extérieures (2). Mais il faut savoir que melon et abricot de nos latitudes n'ont pas à pâlir de la comparaison, le melon en contenant même plus de 30 mg/g! Toutefois, mangue, papaye et goyave sont également riches en lutéine, un autre caroténoïde exerçant un effet protecteur contre la dégénérescence maculaire, une détérioration liée à l'âge de la macula, région de l'œil responsable d'une bonne acuité visuelle (3).

Produite en Equateur, Colombie, et au Costa Rica, la mûre andine est plus acide et plus astringente que la mûre de nos campagnes. Cette particularité serait due principalement à la présence dans cette baie de polyphénols nommés ellagitanins, dont la teneur atteint de 1 à 3 g pour 100 g. Ces antioxydants, que l'on trouve également dans les vins vieillis en fût de chêne, sont métabolisés par la flore intestinale puis absorbés sous forme de molécules plus actives, les urolithines, qui peuvent persister dans l'organisme plusieurs jours après l'ingestion. Des études menées in vitro sur l'animal, et sur des volontaires sains, ont montré un effet protecteur intéressant des urolithines contre les cancers hormono-dépendants (4).

L'orange, considérée comme notre principale source de vitamine C à raison de 53 mg pour 100 g, a des concurrentes de taille sous les tropiques, par exemple, la pomme de cajou. Ce faux fruit issu de l'anacardier est en réalité le pédoncule hypertrophié de la noix de cajou qu'il surmonte. Juteuse et charnue, elle est en général délaissée alors qu'on estime sa production annuelle à plusieurs millions de tonnes. Elle est pourtant trois fois plus riche en vitamines C que l'orange, soit plus de 150 mg pour 100 g et intéresse de plus en plus les agronomes car elle est présente dans toutes les régions tropicales, et même les zones arides du Sahel.


 Myrciaria dubia (camu-camu) Image Can2fitness


Outre-Atlantique, l'acerola ou cerise des Antilles contient 2 à 4 g de vitamine C pour 100 g de pulpe, soit 30 à 60 fois la teneur de l'orange! Enfin, le camu-camu, gros fruit rond de la famille de la goyave, utilisé au Pérou comme substitut du citron pour son acidité, a été largement adopté par l'industrie alimentaire sud-américaine comme exhausteur de goût. Il contient 30 fois plus de vitamine C que l'orange (5).

Après la cueillette, selon les espèces, 15 à 80% des fruits tropicaux sont perdus. La faute en revient pour une grande part à des champignons et bactéries qui altèrent les fruits cueillis. Afin de moins subir les attaques des ravageurs et de mieux tolérer le transport, beaucoup de ces fruits sont donc récoltés "verts" et mûrissent pendant leur transport, au détriment des qualités organoleptiques et nutritionnelles. Les vitamines et antioxydants sont en effet bien plus nombreux dans les fruits mûrs qui ont eu le temps de les produire pour se protéger des infections et de l'oxydation provoquée par la lumière et l'air.

Par exemple, les litchis sont enrobés de dioxyde de soufre pour empêcher leur coque de virer du rouge au brun afin d'être plus attractive pour le consommateur. Mais la législation contraint de plus en plus l'usage alimentaire du soufre car il provoque des manifestations d'intolérance (maux de tête, démengeaisons, asthme) (6).

Par ailleurs, un récent rapport de l'agence de sécurité des aliments danoises (7) a révélé que les fruits présentant le plus de résidus étaient les organges, mandarines et bananes de provenance extra-européenne. Ces dernières portant, pour 85% des lots étudiés, les traces de 14 pesticides différents. le plus répandu étant pour l'ensemble des variétés de fruits analysés l'imazalil, un fongicide classé comme cancérogène probable chez l'homme à des doses élevées par l'Agence de protection environnementale américaine (EPA). Cependant, des filières Agriculture biologique se développent dans les pays tropicaux, conscients de la valeur ajoutée de cette appellation pour l'importation de leurs produits.



(1) CAROTÉNOÏDES. Ils regroupent des centaines de molécules différentes, dont certaines, comme le bêta-carotène, sont des précurseurs de la vitamine A. Cette vitamine joue un rôle essentiel dans la vision et la croissance des os.

(2) Etude Suvimax (supplémentation en vitamines et minéraux antioxydants), 2003, Inserm.
(3) Projet PAVUC : Producing Added Value from Under utilised tropical fruits Cops.
(4) In Vitro Cell-Mediated Antioxydant Protection of Human Erythrocytes by Some Common Tropical Fruits. E. Gonzalèz et al, J. Nutr. Food Sci., 2012, 2:3.
(5) Nutritionnal composition and vitamin C stability in stored camu-camu (Myrciara dubia) pulp. Justi KC et al, Latinoam Nutr., 2000 Dec;50(4):405-8.
(6) Avis de l'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail: Etude de l'alimentation totale française 2 (EAT 2), 21 juin 2011.
(6) Pesticide Residues Results from the period 2004-2011. Prepared by National Food Institute, Technical University of Denmark, juillet 2013.


Sciences et avenir 4/1/2014

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