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BelleMuezza

L’Europe doit s’adapter à son nouveau climat

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Le cinquième rapport du GIEC comprend pour la première fois une section par continent. État des lieux en Europe.

Le climat européen a déjà changé. C’est le message des auteurs d’un rapport régional (en fin d'article) qui compile les évènements déjà constatés sur le continent. Ainsi, il est désormais quasi certain (« high confidence » dans le jargon du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, le GIEC) que la montée du niveau des mers et la multiplication des épisodes de pluies violentes va provoquer une augmentation des inondations et des submersions marines.

Inondations à Venise AFP

Ces phénomènes sont déjà en cours et le rapport liste la longue litanie des inondations catastrophiques subies en Angleterre, en Allemagne, en Tchéquie et en Slovaquie, ainsi que les épisodes de grêles et de pluies violentes provoquant des ravages agricoles en France notamment.

Le dernier hiver, exceptionnellement tempétueux, serait ainsi la règle au milieu de ce siècle. Il a notamment provoqué le recul des côtes aquitaines de plus d’une vingtaine de mètres. En matière de canicule, ce qui était présenté comme une hypothèse lors du 4ème rapport de 2007 devient une quasi-certitude : l’été exceptionnel par la durée de la période de forte chaleur de 2003 deviendra également une norme.

Les impacts sur la faune et la flore sont très importants. Selon Paul Leadley, professeur à l’Université Paris Sud et l’un des auteurs du rapport, «les scénarios les plus pessimistes indiquent que les espèces animales pourraient devoir monter vers le nord de 350 kilomètres dans le seconde moitié du siècle».

Les forêts de feuillus sont très menacées à la fois par leur faible capacité à résister à des hautes températures et par le manque d’eau. Là aussi, ces effets commencent à être observés dans les massifs du sud de la France où l’on s’inquiète notamment de la résistance des hêtres. Tous ces phénomènes sont déjà mesurés notamment par l’arrivée de plus en plus précoce des oiseaux migrateurs, ou par la date des floraisons surveillées par l’observatoire des saisons ou celui des insectes.

L’agriculture est déjà touchée par des températures plus élevées et les premiers manques d’eau: «on constate que les rendements en blé ont diminué de 2% à cause du réchauffement climatique et ceux du maïs de 1%, baisse qui sont pour l’instant compensée par l’amélioration des pratiques agricoles et la sélection variétale», note Jean-François Soussana, directeur scientifique environnement à l’Inra et l’un des principaux auteurs du rapport.

Déjà, la plupart des départements du sud de la France ont renoncé à la culture du blé tendre (destiné à la boulangerie) pour le blé dur (qui sert pour les pâtes, couscous, etc.) : «il faut déjà envisager que le manque d’eau nous fasse renoncer à la culture du maïs dans le Sud-ouest en faveur du sorgho » poursuit Jean-François Soussana.

La viticulture est également impactée et il est probable qu’on ne pourra plus planter l’emblématique cépage Pinot Noir en Bourgogne après 2050. En matière de pêche, les eaux de l’Atlantique nord voient déjà remonter des espèces tropicales en grand nombre. Depuis une dizaine d’années, on vend des balistes l’été jusqu’en Bretagne. L’Europe est en conflit depuis le début du siècle avec la Norvège et l’Islande sur le partage de quotas sur les stocks de maquereaux qui remontent toujours plus vers le nord.

Les activités économiques sont déjà touchées par les modifications du climat. L’Agence européenne de l’environnement a calculé qu’entre 2002 et 2013, les inondations ont provoqué pour 150 milliards d’euros de dommages pour l’Europe des 28. La production d’énergie sera impactée par la baisse de la disponibilité en eau, cette ressource étant essentielle pour refroidir les centrales, qu’elles soient thermiques ou nucléaires. Les immeubles de bureaux comme les logements devront préserver leurs occupants des vagues de chaleur. L’activité touristique devrait diminuer dans les pays du sud.

Le rapport européen comprend par ailleurs pour la première fois, une recension des articles scientifiques consacrés ces dernières années à l’efficacité des politiques publiques mises en place pour lutter contre le réchauffement climatique.

Le renforcement des digues de protection contre les inondations et submersions marines, l’innovation dans des systèmes innovants d’irrigation, les systèmes d’alerte et de prévention des risques météo, l’isolation des bâtiments, la restauration des sols et des zones naturelles, les mutations agricoles : la liste est longue des mesures d’adaptation dont on commence à évaluer l’efficacité.

Ainsi, le rapport revient sur les biocarburants dont le bilan de gain en gaz à effet de serre est discuté, notamment par le fait que les récoltes qui y sont dédiées nécessiteront de plus en plus d’eau.

Cette irruption dans le domaine des politiques publiques fait l’objet de discussion au sein de la communauté scientifique.


De nombreux chercheurs estiment en effet que le GIEC outrepasse sa fonction de fournisseur de données provenant de 22 000 études publiées dans des revues à relectures pour piétiner les prérogatives des décideurs politiques : «mais dans la mesure où l’on fait état de travaux scientifiques publiés, nous restons bien dans notre rôle de restitution de la connaissance, assume Hervé Le Treut, directeur de l’IPSL et l’un des relecteurs principaux du rapport sur l’adaptation. C’est bien aux dirigeants politiques de prendre leurs responsabilités, ce que nous leur pressons de faire ». Source : Rapport Europe du Giec. ICI le chapitre 23 concernant l'Europe. Sur ce site, chaque chapitre est séparé ce qui facilite la lecture...



Prospective mondiale sur les risques liés au réchauffement climatique




Sciences et avenir 1/4/2014

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