BelleMuezza 0 Posté(e) le 16 avril 2014 Du pot d'échappement des voitures au panache grisâtre des cheminées d'usine, les sources de la pollution sont bien connues. Mais elles ne sont pas toutes aussi visibles. Par exemple, quand les vaches éructent. Oui, ça compte et même pour beaucoup, puisque nos amis les ruminants produisent entre 250 et 300 litres de méthane par jour, un gaz à l'effet radiatif vingt fois plus puissant que le CO2. Photo d'illustration STEPHANE FRANCES / Only FranceContrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les flatulences des bovins qui sont en cause, mais bien leurs renvois : "Les vaches ont toujours roté, mais elles font ça discrètement, à la différence de certains d'entre nous", s'amuse Michel Doreau, chercheur à l'Inra et spécialiste en nutrition animale. Si côté humain, "les gaz sortent par derrière", pour les ruminants, "un processus de fermentation produit le méthane dans le rumen, qui est directement relié à l'oesophage. Du coup, ça sort par le haut", explique le scientifique. En cause, la flore microbienne des vaches, qui dégrade les glucides de la cellulose et de l'amidon - contenus dans le foin et les céréales - en créant du méthane. Ce gaz est donc a priori un sous-produit inévitable de leur processus de digestion. En 2011, les 19 millions de bovins que compte le cheptel français pesaient pour 75 % de nos émissions de méthane : deux tiers à cause de cette "fermentation entérique", et un tiers pour les déjections. Si on commence à retraiter les bouses dans des méthaniseurs pour produire du biogaz, les rots, eux, restent un problème inextricable. À tel point que les États-Unis, champions du boeuf aux hormones, ont décidé le mois dernier d'accélérer les recherches sur la "vache du futur". Un plan d'action qui prévoit, entre autres, des compléments alimentaires, des tests ADN voire des poches de gaz en bandoulière pour réduire autant que possible les émissions des ruminants...De notre côté de l'Atlantique, les Français ont déjà une petite longueur d'avance sur le sujet, tout comme les Australiens et les Néo-Zélandais, qui rencontrent les mêmes problèmes avec leurs moutons. Pour Michel Doreau, une des clés de la vache propre passe par son alimentation. Il suffit de substituer dans leur régime une partie des glucides - source du méthane - par des lipides : "Ça marche avec des sources de graisse insaturée, comme les graines de lin, de colza ou de tournesol", expose le chercheur. Selon lui, si tous les éleveurs nourrissaient leurs bêtes avec une part de ces plantes, les rejets en méthane pourraient chuter de 10 à 15 %. Il faudrait certes augmenter la production alimentaire nationale en fonction, mais comme les vaches sont souvent nourries avec du soja brésilien, au bilan carbone calamiteux à cause de la déforestation, l'agriculture française y gagnerait sur les deux plans.Autre solution, les additifs alimentaires de type nitrate. "On n'ose pas trop le recommander, car ce n'est pas politiquement correct. On connaît la pollution des sols par les nitrates, donc le donner à manger aux vaches, ça peut sembler... aberrant", confesse Michel Doreau. Mais combinés à l'hydrogène dans le rumen, les nitrates pourraient prévenir la formation de méthane, en créant du CO2 - un "moindre mal" - et de l'ammoniac en petite quantité. "Ce qui n'est pas toxique, à condition de bien maîtriser les doses", conclut-il.Il n'y a pas que dans l'assiette que la science fait des progrès : la sélection génétique pourrait ouvrir des voies jusque-là laissées de côté. Gilles Renand, chercheur en génétique animale à l'Inra, planche sur le sujet depuis plusieurs années. "On sait qu'une partie des rejets est liée au génome de l'animal", constate-t-il. Grâce à une subvention de la région Centre, il va pouvoir analyser avec son équipe la "qualité" des émanations gastriques de 300 bovins pour les quatre prochaines années. But de l'opération : identifier dans l'ADN des bêtes des groupes de marqueurs génétiques qui influencent, à la baisse, le caractère "production de méthane".Si l'opération est un succès, alors des taureaux porteurs des bons gènes pourraient être privilégiés comme reproducteurs. "Les effets seraient alors cumulatifs d'une génération à l'autre", précise le généticien, sans toutefois se livrer à un pronostic chiffré. De plus, les agriculteurs cherchant avant tout des vaches robustes et productives, le critère "moins polluante" n'est pas forcément leur priorité. "Le but, ce n'est pas non plus d'avoir des vaches identiques, ce serait triste et, de toute façon, il y a toujours une part d'aléatoire", relativise-t-il.Gilles Renand comme Michel Doreau sont d'ailleurs sceptiques sur les déclarations de certains de leurs collègues américains. L'un d'eux, Juan Tricarico, directeur du projet "Vache du futur", explique sans ciller au Financial Times viser l'avènement de la "vache sans problème". De l'esbroufe pour les deux Français, qui résument leur pensée ainsi : une vache plus propre, oui, mais la vache parfaite, jamais ! Face aux problèmes engendrés par l'élevage à grande échelle, une dernière solution, évidente, serait simplement de consommer moins de viande rouge et de produits laitiers. Une mission difficile ? Au pays des 365 fromages et du steack-frites, la science de la vache propre a encore de beaux jours devant elle.Le Point 15/4/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Admin-lane 0 Posté(e) le 6 août 2015 Un complément alimentaire donné à des vaches laitières a permis de faire tomber de 30% les émissions de méthane, un gaz à effet de serre produit par la digestion de ces ruminants. Un élément prometteur dans la lutte contre le réchauffement climatique.Les bovins dans les élevages produisent environ 44% des émissions mondiales de méthane résultant des activités humaines, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), expliquent les auteurs d'une recherche publiée dans la dernière édition des Comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).La fermentation dans la panse des bovins, des moutons et des chèvres, une des quatre cavités de leur estomac, produit du méthane qui résulte de l'action de micro-organismes dans la digestion. Mais ces animaux doivent éructer ces gaz pour survivre. Des vaches laitières émettent ainsi de 450 à 550 grammes de méthane par jour. La race bovine holstein est internationale. Elle appartient au rameau des races bovines du littoral de la mer du Nord, originaire de Frise. Cette région est le siège d'élevage bovin depuis plus de 2000 ans. Bos primigenius y a été domestiqué, puis croisé avec des races venues lors des invasions à la chute de l'Empire romain. Cette race a été sélectionnée très tôt sur ses aptitudes laitières et a donné la race la plus efficace au monde. En raison des changements de souveraineté dans la région, le nom de la race bovine a pris plusieurs noms: frisonne, hollandaise, holstein… Ellywa CC BY-SA 3.0Les scientifiques ont découvert qu'une substance baptisée 3-nitrooxypropanol (3-NOP) développée par la firme néerlandaise DSM Nutritional Products, donnée comme complément alimentaire, bloquait une enzyme nécessaire à la formation du méthane dans la panse sans affecter la digestion.Cette recherche menée pendant trois mois dans des étables de la Penn State University (Pennsylvanie, est des Etats-Unis) avec 48 vaches de race Hosltein, a également montré que ce nouvel inhibiteur de méthane avait permis un gain de poids 80% supérieur aux animaux du groupe de contrôle. Ce gain de masse corporelle s'explique par le carbone qui n'a pas été utilisé dans la formation de méthane que l'organisme a mis à profit pour produire plus de tissus.En outre, la quantité d'aliments consommée n'a pas diminué tout comme la capacité des bovins à digérer des fibres. Leur santé n'a pas non plus été affectée, précise Alexander Hristov, professeur de nutrition à la Penn State University, principal auteur de cette recherche.Enfin, fait important, la quantité de lait produite n'a pas été réduite, ajoute-t-il. Cette étude a été menée en reproduisant les mêmes conditions que celles trouvées dans les élevages et les unités industrielles de production laitière, explique le professeur Hristov.Ces dernières années, plusieurs équipes scientifiques ont testé de nombreuses substances chimiques, notamment des nitrates, pour diminuer la production de méthane des ruminants, parvenant même à des réductions de 60%, poursuit-il. Mais ces agents ont dû être abandonnés en raison de leur nocivité pour la santé et les risques pour la sûreté alimentaire et l'environnement."Si l'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) approuve cet inhibiteur de méthane et qu'il est utilisé par le secteur agricole, cela pourrait avoir un impact important sur les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'élevage", a jugé le professeur Hristov dans un entretien téléphonique avec l'AFP.Il a aussi estimé que les éleveurs et producteurs de lait devraient être incités à utiliser ce complément alimentaire. Le point important est le gain de poids et les vaches laitières en perdent énormément quand elles vêlent car elles produisent alors beaucoup de lait, a-t-il expliqué."Si l'on peut réduire la perte d'énergie avec cet inhibiteur de méthane, les vaches prendraient plus de poids et plus rapidement", ajoute le scientifique. Il estime que ces facteurs devraient convaincre le secteur agricole d'utiliser ce nouveau complément alimentaire qui va encore faire l'objet de recherches pour conforter ces résultats.Selon lui, son coût devrait baisser suffisamment en étant produit industriellement et ne pas être dissuasif pour les éleveurs.Pour Ermias Kebreab, professeur de science animale à l'Université de Californie à Davis, qui n'a pas participé à cette recherche, "cet inhibiteur de méthane est très prometteur car on ne s'attendait pas à une telle réduction". "30% c'est énorme et peut faire une grande différence dans les gaz à effet de serre du secteur agricole", a-t-il dit à l'AFP.Au total l'agriculture contribue pour 24% des émissions mondiales de ces gaz, CO2 et méthane essentiellement. "Pour les agriculteurs, c'est intéressant car ils n'ont pas à changer la manière de nourrir leur bétail", a poursuivi le scientifique."C'est très différent de ce qui est surtout fait actuellement pour minimiser la production de méthane des ruminants qui consiste surtout à modifier leur régime alimentaire", relève-t-il.Romandie 6/8/2015 - Wikipedia Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites