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birdy1972

La France manque de peupleraies... Les emballages légers en disparition ?

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Cagettes de fraises, bourriches d’huîtres, boîtes de fromages, claies d’horticulteurs : tous ces emballages emblématiques des marchés de France sont menacées de pénurie. Car la France ne plante plus assez de peupliers dont ces caisses sont issues.

C’est le message lancé par les populiculteurs, les experts forestiers et les industriels de l’emballage léger et du contreplaqué: "sur trois parcelles coupées, on n’en replante plus que deux" déplore Éric Paillassa, responsable R&D au Conseil national du peuplier (CNP).

Aujourd’hui, la France compte 230.000 hectares cultivés pour une production de 1,5 million de m3 générant 250 millions de chiffres d’affaire pour 6000 emplois directs et indirects. C’est la deuxième essence exploitée derrière le chêne. Notre pays est le premier producteur européen et le deuxième au monde, loin derrière la Chine et ses 8 millions d’hectares. (Photo Nasenbär  CC-BY-SA-3.0-migré : Cultures en courte rotation de cultivars de peupliers hybrides. Les plus grands à gauche ont 4 ans, et la rangée de droite a un an)

La populiculture est une activité rurale, modeste, ancrée dans le terroir. L’hexagone compte en effet 171.000 propriétaires forestiers qui possèdent en moyenne des parcelles de 1,4 hectare. Il s’agit la plupart du temps d’un investissement dormant qu’on peut réaliser au moins trois fois dans sa vie. Le peuplier met en effet une vingtaine d’années pour arriver à la phase d’exploitation. Sans grand entretien ni grosse fatigue, le propriétaire peut alors espérer tirer de l’abattage environ 10.000 euros par hectare.

Difficile d’expliquer pourquoi les propriétaires ne renouvèlent pas leurs plantations. Les remises en cultures plus rémunératrices sur des terres de plaines qu’affectionne le peuplier, une population rurale vieillissante, le désintérêt des agriculteurs expliquent en partie cette désaffection. Les peupleraies se retrouvent en effet principalement sur les grandes plaines alluviales (voir carte ci-dessous).



Les défenseurs du peuplier regrettent cette situation alors que la populiculture engrange de nouveaux atouts: "les nouveaux cultivars produits par un groupement d’intérêt scientifique (GIS) regroupant l’Inra, l’Irstea et le centre technique du bois (FCBA) fournissent des arbres plus résistants aux maladies, plus productifs et aux meilleurs qualités mécaniques ouvrant de nouveaux marchés comme la charpente" assure Éric Paillassa.

Le secteur de l’emballage n’entend en tout cas pas se passer de cette ressource essentielle à ses yeux car porteuse d’avenir: "nous avons fortement souffert ces dernières décennies devant le plastique et le carton et nous avons dû nous réfugier sur des marchés de niche, avoue Olivier de Lagausie, délégué général du Syndicat national des Industries de l’emballage léger en bois (SIEL). Aujourd’hui, nous portons des valeurs de recyclabilité, de qualité, d’authenticité et de durabilité qui nous donnent beaucoup d’espoir et il serait dommageable que nous ne plantions pas aujourd’hui des arbres dont nous aurons sûrement besoin dans vingt ans". (Photo  Lumbar - domaine public, section d'un tronc. l'écorce est fine. Le sciage a un effet localement pelucheux)

Le peuplier pourrait ainsi s’avérer être une arme contre le réchauffement climatique, la fabrication d’une tonne d’emballage en bois générant 72 kilos en émissions de gaz à effet de serre, contre 774 kilos pour le carton et 1000 kilos pour le plastique. (Photo Père Igor CC-BY-SA-3.0,2.5,2.0,1.0, peupleraie en Dordogne. Comme le saule - quand il ne manque pas d'eau, il évapotranspire une grande quantité de vapeur d'eau, ce qui lui fait jouer - dans une certaine mesure - un rôle de filtre entre la nappe phréatique et la vapeur d'eau qu'il rejette dans l'air. ce faisant, il peut cependant se contaminer en bioaccumulant certains toxiques dans son bois ou son écorce, ou au contraire les éliminer (comme déchet métabolique ou via ses feuilles mortes, pollens, graines ou exsudats racinaires…) Le peuplier fait partie des plantes pouvant absorber et dégrader le trichloroéthylène (TCE), un polluant fréquent des nappes dans les régions industrielle et urbaines).

Pour la FAO, le peuplier est même considéré comme un des arbres phares du 21e siècle. L’organisme onusien pour l’agriculture et l’alimentation anime ainsi une commission uniquement dédiée au développement de cette espèce. La charte adoptée le 24 avril pour tout le territoire français entend donc inciter au reboisement pour pérénniser la ressource et développer la filière de transformation. Ainsi, les propriétaires seront désormais fortement invités à replanter après récolte par des aides financières et tous les maillons de la filière vont se rapprocher pour éviter la pénurie. Une action de salubrité publique, car pour nous, le camembert en boîte de plastique, c’est non !

Retrouvez cet article sur : S et A 27AVR2014 - Wikipedia

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