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Poissons-scies : les espèces de raies les plus grandes et les plus menacées au monde

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Le groupe de spécialistes des requins (SSG) de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vient de publier une stratégie mondiale visant à éviter l'extinction et favoriser la reconstitution des poissons-scies (Pristidae), lesquels ont été décimés dans le monde entier suite à la surpêche et à la perte de leurs habitats.

Poisson-scie (Pristis perotteti) dans le bassin "Ocean Voyager" de l'Aquarium de GéorgieDiliff CC BY-SA 2.5

Les poissons-scies, qui ressemblent aux requins, sont en fait des raies et pas n'importe lesquelles puisqu'ils représentent les plus grandes espèces de raies : jusqu'à 7 m de long ! Ils se caractérisent par des museaux allongés pourvus de dents (des « rostres ») et vivent dans des eaux chaudes. Les poissons-scies sont très présents dans le folklore de pays comme le Panama et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou d'îles comme Bornéo. Ils sont d'une importance prépondérante dans les cultures d'Afrique de l'Ouest, où ils symbolisent la justice et figurent sur les monnaies régionales.

Les rostres des poissons-scies sont universellement appréciés en tant qu'objets de curiosité et sont utilisés dans la médecine traditionnelle de nombreux pays parmi lesquels le Mexique, le Brésil, le Kenya, l'Iran, l'Inde et la Chine. Les dents rostrales sont recherchées comme éperons des coqs de combat en Amérique latine et dans les Caraïbes. La chair de poisson-scie est consommée dans certaines régions ; les ailerons de poissons-scies sont particulièrement prisés pour la soupe aux ailerons de requins en Asie.

Ces espèces sont également perçues comme des attractions populaires dans les aquariums.

Pristis pectinata. Les États-Unis soutiennent des propositions visant à accroître la protection des poissons-scie d'eau douce et des raies manta. Le poisson-scie ont un long museau avec de petites «dents» qui ressemblent à une scie, qu'ils utilisent pour creuser pour trouver leur nourriture au fond de l'océan ou tuer leur proie. Les poissons-scies sont menacés par la pêche ciblée et les prises accessoires, ainsi que le commerce de leur "scie" et les nageoires. Photo U.S. Fish and Wildlife Service Headquarters (Forrest Samuels) Flickr / CC-BY SA 2.0

Autrefois présentes dans les eaux côtières et les rivières de plus de 90 pays tropicaux et subtropicaux, les cinq espèces de poissons-scies sont désormais toutes classées comme espèces en danger ou en danger critique d'extinction sur la liste rouge de l'UICN.

La mortalité due à une pêche ciblée ou accidentelle constitue la principale menace pour les poissons-scies. Leurs rostres, qu'ils utilisent pour détecter et blesser leurs proies, se prennent dans de nombreux types d'engins de pêche, en particulier dans les chaluts et les filets maillants.

La destruction d'habitats essentiels, tels que les mangroves, fait également peser une menace sur la survie des poissons-scies. «Les poissons-scies, vénérés depuis des millénaires par les cultures côtières du monde entier, sont aujourd'hui confrontés à un risque d'extinction plus important que pour toute autre famille de poissons marins», a déclaré Nick Dulvy, coauteur de la stratégie, coprésident du SSG de l'UICN et titulaire d'une chaire de recherche du Canada à l'Université Simon Fraser de Colombie-Britannique.

Pristis microdon dans un aquarium àShanghai  J. Patrick Fischer  CC BY-SA 3.0

Le SSG souligne la nécessité de mettre en place de toute urgence des mesures nationales de protection des poissons-scies, espèce par espèce, à Cuba, au Panama, en Équateur, en Colombie, au Venezuela, au Suriname, en Guyane française, en Guyana, en Guinée-Bissau, en Sierra Leone, en Gambie, en Tanzanie, au Mozambique, à Madagascar, en Iran, au Pakistan, au Bangladesh, au Myanmar, au Cambodge et en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Les pays devant spécifiquement mettre en place une protection plus globale des poissons-scies comprennent les Bahamas, le Honduras, le Nicaragua, le Kenya, la Malaisie, l'Indonésie et l'Australie, tandis que des insuffisances au niveau de la mise en œuvre ont été soulignées pour le Brésil, le Sénégal, la Mauritanie, les Émirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn et l'Inde.

 Anoxypristis cuspidata ou Pristis cuspidatus, est une espèce de poissons-scie de la famille des Pristidae. CSIRO National Fish COllection CC BY-SA 1.0

«Bien que ces espèces soient au bord de l'extinction dans de nombreuses régions, il existe des moyens relativement simples d'aider les populations à se reconstituer. Par exemple, nous savons que les poissons-scies ont en réalité de bonnes chances de survie après avoir été capturés s'ils sont correctement manipulés et, dès lors, une formation élémentaire des pêcheurs commerciaux, de subsistance et de loisir est au cœur de notre stratégie de conservation, » a déclaré Colin Simpfendorfer, coprésident du SSG de l'UICN et professeur de science environnementale à l'Université James Cook du Queensland, qui a dirigé l'élaboration du plan américain de reconstitution ayant amélioré l'état du poisson-scie tident en Floride.

Pour compléter une interdiction actuellement en vigueur du commerce international de poissons-scies, la stratégie demande que des mesures nationales et régionales soient prises afin d'interdire l'abattage intentionnel des poissons-scies, de réduire la mortalité due aux captures accidentelles, de protéger les habitats des poissons-scies et de garantir l'application effective de ces mesures de protection.

Le document détaille également des mesures liées à une communication efficace, au renforcement des capacités, à la recherche stratégique et à un élevage responsable, ainsi qu'une levée de fonds pour assurer la mise en œuvre de ces mesures.

Pristis zijsron dans un aquarium à Genève. Flavia Brandi Flickr / CC BY-SA 2.0

«Au cours de la dernière décennie, les politiques de conservation des poissons-scies se sont nettement améliorées dans plusieurs pays et à l'échelle mondiale, mais il est urgent d'œuvrer plus activement en vue de protéger ces animaux magnifiques», a déclaré Sonja Fordham, vice-présidente du SSG de l'UICN et présidente de Shark Advocates International, projet basé à Washington DC et mené par The Ocean Foundation.

«Nous nous félicitons tout particulièrement du fait que la Guinée-Bissau et la Guinée proposent l'inscription des poissons-scies à la Convention sur les espèces migratrices[1], car ce traité offre un excellent cadre pour favoriser une protection nationale dans de nombreux pays prioritaires de l'aire de répartition des poissons-scies et pour mettre en œuvre notre stratégie mondiale à l'échelle régionale.»


La Stratégie de l'IUCN SSG  est le résultat d'un atelier du SSG de 2012 où les spécialistes mondiaux des poissons-scies ont développé une vision, des objectifs et des mesures prioritaires pour la conservation des poissons-scies au niveau mondial.

Pristis-pristis. Le poisson-scie commun (Pristis pristis) est une espèce de poisson-scie du genre Pristis de la famille des Pristidae. Menacée d'extinction, l'espèce est répartie dans l'Atlantique, la Méditerranée, l'est du Pacifique et au le nord de l'Australie. Photo (voir indication sur la photo)



Notes : [1] Dans le cadre du Programme des Nations unies pour l'environnement, la Convention sur les espèces migratrices (CMS) constitue une plateforme mondiale pour la conservation et l'utilisation durable des animaux migrateurs et de leurs habitats. Concernant les espèces menacées inscrites à l'Annexe I de la CMS, les Parties à la CMS s'efforcent d'instaurer des mesures de stricte protection, de conservation des habitats, de non-entrave des migrations et de contrôle des autres facteurs susceptibles de mettre en danger ces espèces.


UICN / Notre Planète Info 12/6/2014

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