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Les saumons sont-ils voués à disparaître de nos océans et rivières ?

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Poisson migrateur emblématique de la qualité des cours d'eau et des océans, le saumon atlantique est une espèce en déclin en France et dans tout l'Atlantique Nord.

La 31ème Assemblée Générale de l'OCSAN[1] (Organisation pour la conservation du saumon de l'Atlantique Nord) organisée avec l'appui de l'Onema[2] est l'occasion de faire le point sur la situation du saumon Atlantique et sur les mesures de gestion mises en œuvre pour la conservation et la restauration des stocks.

Les mâles adultes des différentes espèces de saumon (Oncorhynchus keta, Oncorhynchus nerka, Oncorhynchus gorbuscha, Salmo salar,  Oncorhynchus kisutch, Oncorhynchus tshawytscha). Hoen and Co / domaine public

Sans doute le plus emblématique des migrateurs amphihalins, le saumon atlantique (Salmo salar) peut parcourir des milliers de kilomètres entre mers et rivières. Sa migration le menant au large du Groenland et des îles Féroé, dont les pêcheries sont régulées par l'OCSAN. Il se reproduit en eau douce, généralement sur sa frayère d'origine dans les parties amont des cours d'eau.

Aujourd'hui, les stocks de saumon ont atteint des niveaux vraiment bas, voir critiques dans certains endroits. Au cours de ces 30 dernières années, les stocks ont ainsi chuté de 75% dans l'Atlantique Nord. En Atlantique Nord, on a estimé qu'au début des années 1970, la population de saumons était de 10 millions alors qu'elle est aujourd'hui estimée à 3,6 millions. Concernant les captures de saumons (pêches), celles-ci étaient de 12 500 tonnes dans les années 1970 et de 1 300 tonnes aujourd'hui. Ce sont les taux de captures les plus bas connus ces dernières années.

Ce déclin est plus fortement marqué pour les saumons ayant passé plusieurs hivers en mer (PHM) et dans les zones géographiques de l'Amérique du Nord et du sud de l'Europe.

La ponte du saumon rouge dans le ruisseau Becharof en Alaska. U.S. Fish and Wildlife Service / domaine public

Un grand nombre de facteurs contribue au déclin des populations de saumons, aussi bien en rivière qu'en mer :

- En rivière, les recherches menées ont permis d'améliorer les connaissances sur les facteurs de déclin : l'aménagement des rivières (barrages, seuils,...), obstacles à leur migration et les pollutions des cours d'eau qui les abritent sont des facteurs bien identifiés.

- A l'inverse, en mer, où les taux de mortalité sont élevés, il existe encore peu de connaissances sur les causes de mortalité. C'est pourquoi, l'OCSAN conduit un important programme de recherche sur les facteurs influençant la vie des saumons en mer. Ces travaux ont, par exemple, montré que les changements globaux dans l'environnement marin sont source de pressions supplémentaires sur le saumon, particulièrement dans la partie sud de son territoire.

Les ours attrapent les saumons pendant leur remontée des cours d'eau. Dmitry Azovtsev CC BY-SA 3.0

Compte-tenu de ces résultats, l'objectif doit être d'assurer qu'un nombre maximum de smolts (petits saumons) parviennent à la mer en bonne santé, en s'attaquant aux facteurs négatifs dans les eaux estuariennes et côtières et en haute-mer. Ainsi, à Saint-Malo sera lancé un projet international à grande échelle de traçage des poissons afin d'obtenir des informations sur les chemins migratoires et pouvoir estimer les taux de mortalité pendant le long voyage du saumon à travers l'océan.

Une passe à poissons rendant le franchissement d'un barrage plus facile pour le saumon. ceridwen  CC BY-SA 2.0

L'OCSAN a mis sur pied des accords concernant la gestion de pêcheries de saumon, la protection et la restauration des habitats, ainsi que l'aquaculture et les activités assimilées.

 Une vaste palette d'actions est actuellement mise en oeuvre pour conserver et restaurer le saumon dans l'océan Atlantique Nord, dont notamment : des réductions supplémentaires de l'effort de pêche (par filets) et une extension de la politique de relâcher les poissons capturés dans des pêcheries de loisir ; des améliorations d'habitat, y compris des actions visant à atténuer les impacts du changement climatique, à améliorer la qualité de l'eau et à éliminer les obstacles à la migration, dont le projet à 60 million USD qui a supprimé le barrage Veazie sur la rivière Penobscot aux États-Unis ; des mesures visant à minimiser les impacts de l'aquaculture du saumon et à empêcher l'extension du parasite Gyrodactylus salaris (en anglais). (Photo Gyrodactylus salaris -  est un petit monogène ectoparasite (environ 0,5 mm de long) qui vit principalement sur ​​la peau des poissons d'eau douce, en particulier le saumon de l'Atlantique . Cette espèce est un parasite sangsue qui a été impliquée dans une certaine diminution des populations de saumon de l'Atlantique dans les fjords norvégiens.Scotland uk Wikimedia Commons)


La pollution lumineuse près des cours d'eau expose les smolts à une « surprédation » et accélère leur maturation sexuelle (Montréal vu depuis la Station spatiale internationale). NASA Goddard Space Flight Center / domaine public

Quelle est la situation du Saumon en France ? En France, le saumon atlantique est encore présent dans une cinquantaine de cours d'eau, essentiellement sur le Rhin et sur toute la façade sud atlantique (Loire, Garonne, Dordogne, Allier, Nivelle, Adour, etc.) mais les populations sont parfois peu nombreuses voire en voie d'extinction. Ainsi, depuis 1900, le linéaire de cours d'eau fréquentés par le saumon d'Atlantique a diminué de 70 %. Sur la Loire, au 19ème siècle, il y avait environ 100 000 saumon par an ; aujourd'hui, ils sont moins de 1000 sur le bassin, un chiffre en dessous du seuil minimum pour assurer le maintien des stocks.
Historique de la présence du saumon dans les rivières françaises


La restauration et la préservation des habitats ainsi que l'amélioration des migrations (montaison / avalaison) rendues difficiles par les obstacles - barrages, écluses, seuils…- sur les cours d'eau sont deux actions prioritaires à mener pour sauver le saumon dans les rivières françaises. La France s'est ainsi engagée à mettre en oeuvre un plan national de continuité écologique et une politique de protection des grands migrateurs, comme le saumon.


Les populations de petits invertébrés, comme cette mouche de mai, dont se nourrissent les juvéniles tendent à diminuer. Richard Bartz CC BY-SA 2.5

Au quotidien, l'Onema participe à la restauration et à la protection du saumon atlantique en :

- Améliorant la connaissance sur les obstacles et les habitats associée à un appui technique auprès des élus, des associations environnementales ;
- Menant des recherches avec un pôle d'expertise à Toulouse qui mène des travaux scientifiques sur la problématique de franchissement des ouvrages et de la continuité sédimentaire ;
- Luttant contre le braconnage entre autre avec la mission de police de l'eau.


 Le saumon de l'Atlantique (Salmo salar) est le seul saumon qui vive dans l'Atlantique. Il semble être à la fois plus résistant et plus sauvage que le saumon du Pacifique et ne meurt pas après le frai ; il peut se reproduire deux, trois ou quatre fois. Le saumon de l'Atlantique est reconnu pour sa combativité et sa chair rose délicieusement parfumée. Son corps ressemble à celui des autres salmonidés et sa couleur varie avec l'âge. Son dos est brun, vert ou bleu, et ses flancs et son ventre, argentés. Les spécimens capturés mesurent de 80 à 85 cm et pèsent en moyenne 4,5 kg. (Photo Knepp, Timothy /domaine public)



Notes :

1. OCSAN. Créée en 1984, l'organisation pour la conservation du saumon de l'Atlantique Nord est une organisation intergouvernementale, basée à Édimbourg en Ecosse. L'organisation a pour objectif de contribuer à la conservation, à la restauration et à la gestion rationnelle des stocks de saumons Atlantiques sauvages. Elle regroupe l'Union européenne, le Canada, le Danemark (au nom des îles Féroé et le Groenland), les Etats-Unis, la Norvège et la Russie. La France y est présente, non seulement au titre de l'Union européenne, mais aussi en tant qu'observateur pour Saint-Pierre-et-Miquelon.

2. L'ONEMA (Office national de l'eau et des milieux aquatiques). Créé par la loi sur l'eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, l'Onema est un établissement public sous tutelle du ministère en charge de l'écologie (MEDDE). Organisme technique de référence, il accompagne la mise en oeuvre de la politique de l'eau en France en s'appuyant sur son expertise technique et scientifique, ainsi que sa connaissance des milieux aquatiques.

ONEMA / OCSAN - Notre Planète Info 5/6/2014

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