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En Argentine, Total prépare l'exploitation de gaz de schiste dans une aire naturelle protégée

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Paris (AFP) - Les Amis de la Terre ont dénoncé mardi les impacts environnementaux et sociaux liés à la recherche de gaz de schiste en Argentine, "nouvel eldorado des multinationales pétrolières", en interpellant notamment le groupe français Total.

L'ONG, accompagnée de deux représentants argentins, entend notamment "demander des comptes" à Total lors de son assemblée générale des actionnaires, vendredi à Paris.

"Aucune limite ne semble être valable pour ses ambitions puisque la compagnie a même commencé à forer dans une aire naturelle protégée", dénonce l'ONG, qui présente un rapport sur "la ruée vers les gaz et huiles de schiste en Patagonie argentine" et un film.

Affiche du film présenté par Les Amis de la Terre. Terres de schiste est un documentaire à visée non commerciale, produit par l’association Les Amis de la Terre. Il ne sera pas proposé en salles dans les circuits habituels, nous avons donc besoin de votre soutien pour le diffuser ! Vous voulez organisez une projection de Terres de schiste près de chez vous ? C’est simple : Après vous être renseigné auprès de votre cinéma, salle municipale ou d’un espace associatif ou culturel équipé, remplissez le formulaire, pour acquérir une copie du documentaire donnant droit à diffusion. La projection doit être organisée dans un cadre non commercial (entrée gratuite). Vous pouvez aussi solliciter l'ONG pour intervenir lors d’un débat suivant la projection, et/ou pour vous recommander des intervenants potentiels dans votre région.

Interrogé par l'AFP, le géant pétrolier a souligné que "comme sur tous les permis que Total opère, une étude d'impact environnemental et sociétal a été menée sur le bloc de Pampa Las Yeguas II", cité parmi d'autres par les Amis de la Terre.

"Après avoir validé cette étude, le ministère de l'Environnement et du Développement durable argentin a donné son accord pour le forage d'un puits d'exploration en novembre 2012. Le puits a été testé puis le site remis en état", a précisé une porte-parole.

D'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Argentine abriterait l'un des plus grands potentiels mondiaux pour le gaz et le pétrole de schiste.

La compagnie nationale YPF a déjà foré des dizaines de puits de pétrole de schiste sur le plateau de Vaca Muerta, région la plus prometteuse, et de nombreuses compagnies étrangères se sont mises sur les rangs: l'allemand Wintershall (filiale de BASF), l'américain Chevron et le sino-argentin Bridas ont déjà annoncé pour plus de 5 milliards de dollars d'investissements dans cette région.

Total, acteur de poids en Argentine où il est présent depuis 1978 et opère aujourd'hui 30% de la production gazière, détient de son côté 11 permis d'hydrocabures, selon les Amis de la Terre.

"Les compagnies pétrolières avancent à grande vitesse, sans que les populations locales n'aient jamais été consultées ni même informées", souligne Diego di Risio, de l'Observatorio Petrolero Sur, l'un des représentants argentins présents cette semaine à Paris, cité dans un communiqué.

"Les entreprises agissent en toute impunité car il y a une absence totale de contrôle de la part des gouvernements national et provincial qui, au contraire, ont déroulé le tapis rouge", ajoute-t-il, citant l'allongement de la durée des concessions ou des exemptions d'impôts.

Ce qu'a contesté Total, qui assure mener "un dialogue fréquent avec les populations, riveraines des installations, qui sont consultées lors des études de base" et dont les "attentes sont prises en compte".


Sciences et avenir 13/5/2014

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Alors qu'en France le débat sur les gaz et huiles de schiste n'est toujours pas complètement clos, l'exploitation de ces ressources fossiles non conventionnelles s'accélère dans le reste du monde, notamment en Argentine.

Ce pays est en effet devenu le nouvel eldorado des multinationales pétrolières, à commencer par Total qui détient 11 permis, jusque dans une aire naturelle protégée[1].

Manifestation contre le gaz de schiste en Argentine. JewishNewsOne 28/8/2013

Selon Diego di Risio de l'Observatorio Petrolero Sur, co-auteur du rapport : « Les compagnies pétrolières avancent à grande vitesse, sans que les populations locales n'aient jamais été consultées ni même informées. Le développement des hydrocarbures non conventionnels a lieu sur les terres de communautés Mapuche et de petits paysans, entrant en concurrence avec l'élevage de petit bétail.

Les entreprises agissent en toute impunité car il y a une absence totale de contrôle de la part des gouvernements national et provincial, qui, au contraire, ont déroulé le tapis rouge pour attirer ces nouveaux investissements ! »
. Ainsi, suite à un décret national et à des réformes légales au niveau provincial, de larges bénéfices ont été octroyés aux entreprises pétrolières : allongement de la durée des concessions à 35 ans, exemption d'impôts, augmentation du prix de vente du gaz, liquidation des devises à l'étranger, suppression des consultations publiques, etc.

Par ailleurs, si l'entreprise YPF a été re-nationalisée au nom de la souveraineté énergétique, l'objectif principal est en réalité aussi le développement des gaz et huiles de schiste, et, malgré un lourd passif environnemental, l'expropriation de Repsol a finalement donné lieu à une indemnisation de 5 milliards de dollars.

Plateforme de forage. ©️ Les Amis de la Terre

Juliette Renaud, chargée de campagne aux Amis de la Terre France conclut : « L'exploitation des hydrocarbures non conventionnels en Argentine illustre tristement le double standard qui existe selon que les multinationales françaises agissent en France ou dans un pays du Sud. La loi française interdit le recours à la fracturation hydraulique au nom de la protection de la santé des populations et de l'environnement, mais le gouvernement français n'a rien fait pour freiner le développement de gaz et huiles de schiste en dehors de nos frontières. Il doit agir immédiatement, en reconnaissant d'une part la responsabilité légale des maisons-mères des multinationales sur les activités de leurs filiales et sous-traitants [4], et d'autre part en prenant des actions concrètes pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles ».

Les Amis de la Terre ont assisté le 16 mai à l'Assemblée générale du groupe Total. L'occasion d'interpeller le PDG de Total sur les investissements du groupe, dans une aire naturelle protégée en Patagonie, par le biais de leur partenaire argentine : Carolina Garcia, ingénieur en ressources naturelles et environnement, travaille à la direction des aires naturelles protégées de Neuquén : "Vous dites que vous êtes une entreprise responsable respectant les plus hauts standards environnementaux et sociaux au monde et même si les responsables politiques du gouvernement de Neuquén vous ont donné l'autorisation?, quelle crédibilité avez-vous sachant que vous avez acquis 3 concessions à cheval sur l'aire protégée Auca Mahuida dans une zone encore non affectée de l'aire, et que vous n'avez pas renoncé à forer ce puits alors que le rapport technique des experts environnementaux de la direction des aires naturelles protégées pointait du doigt des risques importants et s'était donc prononcé contre l'octroi du permis environnemental et la réalisation de ce puits ?"

Christophe de Margerie, PDG de Total a répondu qu'il était heureux d'avoir l'opportunité de répondre à cette question mais que l'AG n'est pas le lieu pour en débattre, qu'un rendez-vous aurait été plus pertinent, et qu'il n’apprécie pas la polémique. De plus, il a indiqué que Total s'est engagé à ne pas aller sur les sites classés par l'Unesco, ce qui n'est pas le cas de l'aire protégée Auca Mahuida à Neuquén.

Par ailleurs, il a contesté l'accusation d'illégalité des Amis de la Terre. Cependant, Total demandera plus de précisions à sa filiale argentine Total Austral et s'assurera personnellement? ? de trouver une solution. Enfin, Christophe de Margerie a indiqué que le groupe ne cherche pas à agresser l'environnement ou les populations et est ouvert à une rencontre avec les associations pour envisager la suite et de "corriger le tir" s'il y a vraiment un problème.

Cette réponse ne satisfait pas les Amis de la Terre : Les autorisations ont été données par les responsables politiques de Neuquen, alors que la loi de cette province n'autorise que des activités soutenables à faible impact (type petit élevage, etc.) sur ces aires naturelles protégées?. C'est Total qui a décidé d'acquérir ces permis alors qu'ils affectaient l'aire protégée et c'est l'entreprise qui a demandé de faire un puits à l'intérieur de l'aire.

Surtout si Total était vraiment une compagnie responsable, ils auraient pu renoncer à leur projet suite à au rapport technique des experts environnementaux qui s'opposait au forage du puits en raison des risques importants pour la biodiversité de l'aire.

Aujourd'hui le puits a déjà été foré et fracturé et les impacts dès cette phase d'exploration vont perdurer pendant plus de dix ans en raison de la construction du chemin d'accès au puits et de la construction de la dalle toujours présente : déforestation, fragmentation de l'habitat affectant la flore et les déplacements naturels de la faune censée être protégée sur cette aire d'Auca Mahuida. Sans parler des gaz à effets de serre déjà emis au travers du torchage du méthane, aggravant les changements climatiques...

Les Amis de la Terre, l'Observatorio Petrolero Sur et la Multisectorielle contre le fracking à Neuquén demandent à Total, et autres compagnies pétrolières telles que Chevron ou Shell, d'abandonner immédiatement leurs projets de gaz et huiles de schiste en Argentine et ailleurs dans le monde.

Notes : [1] Au travers de ses concessions couvrant 5 300 km2, Total contrôle 6 % du territoire de la province de Neuquén, alors que les aires naturelles protégées n'occupent que 2 % de ce territoire. Une proposition de loi a été déposée par des députés en novembre 2013, mais n'a toujours pas été traitée. Un soutien concret du gouvernement reste attendu, notamment suite aux déclarations de Laurent Fabius à l'Assemblée nationale le 6 mai


Les Amis de la Terre / Notre Planète info 21/5/2014[/b][/i]

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Gisement de Vaca Muerta (Argentine) - En ce début d'été austral, le vent balaie les plaines semi-désertiques du bassin de Neuquen, au pied de la Cordillère argentine. Le sol regorge de trésors: restes de dinosaures, domaines viticoles, et un fabuleux réservoir de pétrole et gaz de schiste: Vaca Muerta.


 Géolocalisation de Vaca Muerta sur la carte : Argentine. Виктор В CC BY-SA 3.0

C'est le plus grand défi énergétique de l'histoire de l'Argentine, assure Martin Costa, 36 ans, ingénieur de la compagnie pétrolière nationale YPF. YPF vient de lancer le forage du 967e puits de ce gisement situé en Patagonie, eldorado des hydrocarbures non conventionnels et premier gisement productif de pétrole de schiste hors des Etats-Unis.

C'est une grande responsabilité, poursuit-il : exploiter Vaca Muerta, ce n'est pas pomper dans un lac, il faut descendre à 3.000 mètres de la surface, fracturer la roche et limiter les coûts d'exploitation.

Baptisée Loma Campana, la zone exploitée par YPF, associé à l'américain Chevron, représente à peine plus d'1% des 30.000 km2 de Vaca Muerta mais la production des 270 puits opérationnels atteint déjà 21.000 barils par jour (mb/j). 


 Asamblea Ambiental 9/102012


Ces derniers mois, le prix du baril de pétrole a plongé, mençant la rentabilité du projet, mais cela n'entame pas l'optimisme d'YPF. On ne fore pas les puits en regardant le cours du baril d'aujourd'hui. Nous investissons à long terme. C'est un pari pour l'avenir. Mais cela nous oblige à être plus efficaces, explique Pablo Bizzotto, directeur gaz et pétrole de schiste à Vaca Muerta. Les analyses révèlent que le réservoir de Vaca Muerta est d'une grande qualité, la composition du pétrole est idéale ou excellente, souligne-t-il.

Le projet le plus avancé est celui de YPF-Chevron à Loma Campana, mais d'autres sont en vue, comme celui en association avec le malaisien Petronas pour du gaz de schiste qui doit démarrer en janvier à Amarga Chica. Exxon, Shell, Total ont aussi investi à Vaca Muerta, mais ils sont encore au stade de l'exploration.

Au total, selon une étude du cabinet Accenture, le gisement devrait attirer 368 milliards de dollars d'investissements étrangers d'ici 2035, et pourrait assurer à l'Argentine un demi-siècle de ses besoins en gaz et pétrole. 



-----> Dans quel état ces broyeurs d'environnement vont laisser les lieux ? Le gain potentiel attise la convoitise... Et tant pis pour le réchauffement climatique... Et les générations futures !!! Et, pourtant, pour limiter les effets du changement climatique en cours, les plus hautes instances scientifiques mondiales recommandent de laisser les énergies fossiles, conventionnelles ou pas, là où elles se trouvent. Ce haut lieu de gisement d'espèces fossiles aurait dû recevoir une protection globale de la part du gouvernement argentin ! 

Romandie 22/12/2014

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