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BelleMuezza

Des mouches génétiquement modifiées au service des moutons australiens

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La lucilie cuivrée… Un bien joli nom pour cette mouche dévoreuse de chair, qui décime les troupeaux de moutons australiens. Pour s’attaquer à ces parasites, fléau des éleveurs du Nouveau monde, des chercheurs ont rendu, par manipulation génétique, les larves dépendantes à un antibiotique. De quoi faire machine arrière si l'éradication de l'espèce va trop loin.

L'espèce Lucilia cuprina, anciennement appelée Phaenicia cuprina, est plus communément connue sous le nom de mouches à viande de mouton australien. En raison de la difficulté de contrôler ces mouches, il existe des pertes considérables dans l'industrie du mouton chaque année... Et, en dépit de son nom, Lucilia cuprina peut être trouvée dans d'autres parties du monde, notamment en Afrique et en Amérique du Nord. L. cuprina est une mouche à "moutons" dans le monde entier sous des climats secs. Fir0002 GFDL 1.2

Ne vous fiez pas à l’allure inoffensive de la Lucilie cuivrée. Cette mouche à viande de couleur bronze, de 9 mm de long, fait des ravages dans les troupeaux d’ovins en Australie et en Nouvelle Zélande. Comme le rappelle l’Inra, elle pond ses asticots dans les replis malodorants du mouton, autour de son périnée. Les larves creusent alors la chair et dévorent sur pied le mammifère, qui meurt si l’affection n’est pas prise en charge

 La mouche Lucilie cuivrée pond jusqu’à 250 œufs qui se muent en larves dès le deuxième jour. Ces asticots se nourrissent de la chair du mouton jusqu’au cinquième jour, temps au bout duquel ils sortent de l’organisme de leur hôte. Pendant les 6 jours qui suivent, les pupes grandissent dans le sol pour se transformer en nouvelle mouche. ©️ Ian Hayhurst, Flickr/licence Creative Commons

Mais le seul traitement actuel, le museling, peut sembler pour le moins barbare. Cette technique consiste en l’ablation des replis de peau autour du périnée de l’agneau âgé de 2 à 6 semaines. La cicatrisation laisse un épiderme lisse et glabre qui n’intéresse plus la Lucilia cuprina. Cette opération peu coûteuse, loin d’être idéale, est un moyen efficace de prévention contre la myiase provoquée par l’agression des asticots..

Les scientifiques cherchent des solutions alternatives. Ils ont tenté la méthode de l’insecte mâle stérilisé par modification génétique. Cette technique a fait ses preuves pour éradiquer des Amériques Centrale et du Nord, un proche parent, la Lucilie bouchère, qui, elle, était capable de s’attaquer à l’Homme, ou encore la mouche des fruits en Argentine. Les femelles, qui ne s’accouplent qu’une fois au cours de leur vie, ont de grandes chances de le faire avec un des milliers de mâles OGM libérés dans la nature. La reproduction est alors beaucoup plus réduite et le risque de myiase limité. Ce plan de stérilisation des « mouches mangeuses d’hommes » a été extrêmement onéreux. Pour la Lucilie cuivrée, cette approche a été abandonnée en raison des coûts et des difficultés d’élevage en masse des mâles stérilisés.

 Les myases touchent principalement les moutons élevés de plein air. La Lucilie cuivrée est responsable de 90 % des myiases ovines en Australie et Nouvelle-Zélande. ©️ Tim Gould, Flickr/licence Creative Commons

Les chercheurs de la North Carolina State University ont choisi une autre approche, moins dépensière donc peut-être plus réaliste. Pour contrôler les populations de mouches à viande du mouton australien, Max Scott et son équipe ont modifié génétiquement les femelles de façon à ce qu’elles deviennent dépendantes d’un antibiotique classique. Sans tétracycline, elles meurent. Et ce au stade larvaire.

Les larves mâles, quant à elles, survivent. En s’accouplant, ils transmettent à leur descendance femelle, cette dépendance létale à l’antibiotique. Ainsi la population de ces nuisibles est contrôlée. Et non pas complètement éradiquée. S’il s’avérait que la disparition de ces mouches modifiait dangereusement l’écosystème, il suffirait de fournir de la tétracycline pour ranimer cette espèce.

Cette modification génétique a un effet imprévu qui peut s’avérer bien pratique. Les larves femelles génétiquement modifiées ont pris une couleur pourpre. Cette teinte est la conséquence de la surexpression de la protéine marqueur du gène qui rend l’insecte tributaire de l’antibiotique. Il est plus facile de séparer les larves mâles des larves femelles ! Cette étude, publiée dans Insect Biochemistry and Molecular Biology *, indique que ce système mis au point pour la Lucilie cuivrée, pourrait être facilement transférable à d’autres mouches ravageuses de troupeaux.

* Insect Biochemistry and Molecular Biology : accès à l'article payant.

Futura Sciences 25/6/2014

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