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Autriche : des égoûts au radiateur...

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Amstetten (Autriche) (AFP) - Quand l'eau s'écoule d'un lave-vaisselle, d'un lave-linge ou d'une salle de bain, elle dissipe une chaleur précieuse. A Amstetten (Autriche), le service municipal d'électricité récupère cette ressource là où elle se trouve: dans les égoûts.

La chaleur provenant des eaux usées chauffe en hiver et refroidit en été 4.000 m2 de bâtiments, permettant une économie appréciable ainsi qu'un beau geste pour l'environnement.

TO GO WITH AFP STORY BY SIMON STURDEE - Robert Simmer, le directeur des ateliers municipaux d'Amstetten face à une pompe à chaleur, le 7 mai 2014 (c) Afp

Concrètement, des "échangeurs de chaleur" ont été implantés le long d'une section d’égout longue de 42 mètres, où la température de l'eau peut atteindre 27 degrés. De l'eau que l'on fait couler dans des tuyaux adjacents à la canalisation est chauffée par les échangeurs, qui "pompent" les centigrades. Cette eau tiédie est ensuite amenée jusqu'à une pompe à chaleur très performante, qui alimente à son tour un système de chauffage central. "L'eau que nous pompons est propre, elle ne contient aucune matière fécale, et l'installation dans l’égout est auto-nettoyante", insiste Robert Simmer, le directeur des ateliers municipaux d'Amstetten.

Cette ville de Basse-Autriche, située à 60 kilomètres au sud-est de Linz, a investi 240.000 euros dans son dispositif. Elle espère un retour sur investissement en onze ans, un délai dans la moyenne des investissements effectués dans les énergies renouvelables, comme le solaire par exemple.

L'électricité consommée par les pompes à chaleur - des équipements comparables à ceux utilisées dans les réfrigérateurs et les congélateurs - coûte 6.500 euros par an. Mais selon M. Simmer, les économies réalisées sur la facture de chauffage de la ville restent substantielles par rapport au coût d'un chauffage au gaz.

L'opération est d'autant plus efficace que l'eau déversée par une usine de pâte à papier voisine rend les égouts d'Amstetten plus chauds que la moyenne.

Le potentiel reste considérable pour les endroits qui n'auraient pas cet avantage, estime Florian Kretschmer, de l'université des Sciences naturelles de Vienne.

"L'avantage de cette technologie est qu'elle emploie une ressource très locale, et que les eaux usées sont toujours abondantes", fait-il valoir dans un entretien à l'AFP.

Quelques projets semblables à celui d'Amstetten existent en Allemagne, et à plus grande échelle en Suisse. Le voisin alpin de l'Autriche compte pas moins de 200 installations de chauffage par récupération de la chaleur des égoûts.

D'après une étude de l'université de Vienne, de 3 à 5% des bâtiments autrichiens pourraient être chauffés comme ceux d'Amstetten. Les grands bâtiments tels que les établissements scolaires ou les immeubles de bureau sont les mieux adaptés.

Et à ceux qui trouveraient le chiffre modeste, Florian Kretschmer répond que c'est par une combinaison d'énergies propres, dont celle-ci, que l'Europe pourra se défaire peu à peu de sa dépendance aux énergies fossiles. "Bien sûr qu'on ne résoudra pas les problèmes d'énergie de la planète avec cette source-là seulement", explique-t-il: "Ce qu'il nous faut pour l'avenir, c'est un bon +mix+ entre les façons de produire de l'énergie, et la chaleur des eaux usées y a sa place".

Le dispositif utilisé à Amstetten pourrait, à très grande échelle, avoir pour inconvénient de refroidir la température des égouts au point de rendre moins efficace l'action des bassins de traitement des eaux usées. L'université de Vienne y a pensé, et réfléchit à un système qui permettrait, à l'avenir, d'extraire la chaleur directement dans l'eau propre, en aval des bassins de traitement.

Rafraîchir l'eau juste avant son retour aux rivières aurait aussi, conclut Florian Kretschmer, un effet positif pour l'environnement.

Sciences et avenir 26/6/2014

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