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birdy1972

Le braconnage, partie émergée d'un terrifiant iceberg

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Un article du magazine Science décrit le terrible contexte dans lequel s'ancre aujourd'hui le braconnage, et présente quelques pistes pour le combattre.

C'est un article coup de poing qu'a publié le magazine scientifique américain Science vendredi 25 juillet (en anglais). Un long texte signé par 10 auteurs provenant de différentes administrations américaines. En s'appuyant sur de nombreux rapports, cet article montre comment le braconnage et le déclin des populations d'animaux sauvages ne sont que la partie émergée d'un iceberg aux immenses conséquences sur les conflits humains.

Le 11 juillet 2014, un gardien d'éléphant se tient devant le cadavre d'un grand mâle de 50 ans tué par des braconniers pour ses défenses, dans la province d'Ayutthaya, en Thaïlande. Sipa

L'article rappelle en préambule que la chasse n'est pas, comme dans de nombreux pays riches, qu'une pratique de loisir. Pas moins de 15% de la population mondiale dépend d'elle pour sa survie. La chasse et la pêche représentent la première source de protéines pour un milliards de personnes habitant dans les régions les plus pauvres du monde. Et à l'échelle du globe, le prélèvement d'animaux sauvages sur les terres comme sur les mers représente un commerce annuel estimé à 400 milliards de dollars.

On comprend donc mieux que la raréfaction de la faune sauvage est un facteur très important dans certaines régions qui peuvent alors facilement basculer dans la "prolifération du terrorisme" (sic).

En effet, la corne de rhinocéros se monnaie aujourd'hui 60.000 à 100.000 dollars le kilo. Un prix d'autant plus stupéfiant que c'est principalement pour des vertus médicinales inexistantes que cette kératine animale (dont la composition est semblable à celle de nos ongles) fait l'objet d'une forte demande sur les marchés asiatiques.

Mais cette demande étant bel et bien là, ce marché du braconnage attire des groupes spécialisés dans la guérilla et des syndicats du crime du monde entier. Parmi eux, les tristement célèbres groupes islamistes Boko Haram et Al-Shabbaab trouvent dans ce pillage de la nature les moyens de financer leurs attaques armées.

Et c'est alors un cercle vicieux qui se met en place : plus les ressources se raréfient, plus les prix des produits du braconnage montent, et plus la pression s'accroît sur les animaux. Et pour la maintenir, les braconniers n'hésitent pas à employer des enfants, une main d'œuvre docile et bon marché qui leur permet d'accroître la pression de chasse sur des territoires jusqu'alors trop coûteux à exploiter, explique l'article, citant un rapport du département américain du travail.

Et il en va de même sur les mers. Car la surpêche des pays industrialisés a des impacts sur l'ensemble du globe. Et lorsque le poisson se raréfie au point que les villages qui en dépendent ne parviennent plus à subvenir aux besoins des populations locales, celles-ci se tournent vers d'autres moyens d'assurer leur subsistance. La piraterie maritime étant l'une d'entre elle.

Outre l'insécurité que draine le braconnage dans son sillage, il est également vecteur de pratiques relevant de l'esclavage. Pour étayer ses dires, l'article de Science se base entre autres sur un rapport des Nations Unies traitant des crimes commis dans les pêcheries. Il y est raconté, par exemple, qu'en Thaïlande, en Birmanie, ou au Cambodge, de jeunes hommes sont contraints à travailler sans salaire et durant plusieurs années sur des bateaux de pêche durant 18 à 20h par jour. Agressions physiques et privations de nourriture deviennent alors leur quotidien sur ces bateaux.

Que faire face à ce terrible constat ? Aborder cet iceberg de manière globale, ne pas seulement s'attaquer à sa partie émergée, recommandent les auteurs.

Il n'est plus possible aujourd'hui de combattre le braconnage en ne considérant que les conséquences de ces prélèvements massifs et illégaux d'animaux sauvages, expliquent-ils.

"Une solution durable ne peut être trouvée qu'en prenant en compte les causes qui conduisent à ce genre de pratiques. Parallèlement, les organisations gouvernementales travaillant à réduire les conflits entre populations doivent considérer le braconnage comme un moteur potentiel de ces conflits".

Et l'article de citer quelques initiatives locales qui ont porté leurs fruits. Ainsi, en Namibie, l'association NASCO (Namibian Association of Community Based Natural Resource Management) a permis, en mettant en relation de nombreuses universités, centres de recherches, gouvernements et entreprises, de former les populations à la gestion durable de ses ressources naturelles, et de lui donner les moyens de les exploiter plus efficacement.

Pour lire le texte intégral : ICI (en PDF et anglais)

S et A 1août2014

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