Admin-lane 0 Posté(e) le 20 novembre 2014 Berlin - Après avoir condamné ses réacteurs nucléaires, l'Allemagne s'interroge sur la place de ses centrales au charbon, première source d'électricité et grosses pollueuses, dont l'arrêt est pourtant loin de faire l'unanimité. Le gouvernement s'écharpe sur la question. La ministre de l'Environnement fait valoir que si la part du charbon ne diminue pas, l'Allemagne, volontiers pionnière en matière de protection du climat, va manquer son objectif de réduction d'émissions de CO2 à l'horizon 2020 (-40% par rapport à 1990). Son confrère à l'Economie lui oppose des considérations de sécurité d'approvisionnement, de coût et d'emploi. "On ne peut pas sortir simultanément du nucléaire et du charbon, argumente ainsi ce dernier", Sigmar Gabriel.L'Allemagne a décidé d'arrêter d'ici 2022 tous ses réacteurs nucléaires, et à l'horizon 2050 les énergies renouvelables doivent représenter 80% de l'électricité consommée. Mais pendant cette transition énergétique, le charbon, qui pèse pour 46% dans la production de courant, conserve un rôle prépondérant. La faiblesse du prix de cette matière première - concurrence du gaz de schiste américain oblige - et l'inefficacité du système européen d'échange de droits à polluer font de la génération au charbon une affaire lucrative.Mais de plus en plus de voix s'élèvent qui réclament un arrêt des réacteurs les plus polluants - notamment ceux marchant au lignite. Les Verts, privés de leur croisade anti-nucléaire, sont à la pointe du combat, secondés par nombre d'associations de protection de l'environnement et instituts de recherche.Mercredi, l'un d'eux, le DIW berlinois, a présenté plusieurs scénarios de fermeture de réacteurs au charbon - entre 21 et 46 selon le modèle retenu -, qui permettraient à l'Allemagne de remplir ses engagements envers le climat. "Nous avons des surcapacités, ce serait le bon moment", a argumenté Claudia Kemfert, chercheuse du DIW en charge de l'étude.Ce serait faire d'une pierre deux coups, estimait Ralf Fücks, directeur de la fondation Heinrich-Böll, proche des Verts et mandataire de l'étude. Soustraire des capacités ferait grimper les prix sur le marché de gros, pour le moment au plus bas. Cela permettrait aux centrales à gaz, dont un certain nombre ont été mises en sommeil car trop peu rentables, de revenir dans la course. Les bénéfices en berne des énergéticiens, RWE et EON en tête, repartiraient à la hausse, le tout en minimisant la pollution, selon le modèle. A l'heure actuelle, la filière charbon emploie quelque 50.000 personnes en Allemagne. Mais les partisans d'un arrêt des réacteurs balaient l'argument emploi du revers de la main. Globalement l'effet sur l'emploi sera positif, juge ainsi M. Fücks, il s'agit de substitution, pas de faire baisser la production.Près de la frontière polonaise, dans une région où le groupe public suédois Vattenfall est le plus gros employeur avec l'exploitation du lignite et trois centrales électriques, cette logique à l'échelle allemande n'a pas beaucoup d'adeptes. L'inquiétude y est double: au débat général sur le charbon s'ajoutent les velléités de Vattenfall de vendre ses actifs dans la région.A l'autre bout du pays, dans la Ruhr qui marche à la houille, les résistances sont fortes aussi. Il y aura encore des centrales au charbon dans les prochaines décennies en Rhénanie du Nord-Westphalie, assure la chef de gouvernement du Land, Hannelore Kraft. Les industries fortement consommatrices d'énergie s'inquiètent pour leur part du prix du courant en hausse, synonyme de baisse de compétitivité sur les marchés mondiaux. Reflet de ces tiraillements, la contribution du secteur électrique au plan d'action du gouvernement pour faire baisser les émissions de CO2, présenté la semaine dernière, est encore assortie d'un gros point d'interrogation.Le document doit être examiné en conseil des ministres le 3 décembre. Beaucoup de choses seront éclaircies d'ici là, a assuré mercredi une porte-parole de M. Gabriel.Romandie 20/11/2014 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
BelleMuezza 0 Posté(e) le 20 mars 2015 Berlin - Des propositions de Berlin pour pénaliser la production d'électricité au charbon, afin que le pays puisse atteindre ses objectifs de réduction de CO2, mettaient le secteur en émoi vendredi, le géant RWE parlant d'au moins 30.000 emplois menacés. Le deuxième énergéticien allemand, l'un des plus gros pollueurs européens avec son gros parc de centrales au charbon, a évoqué dans un communiqué 30.000 emplois menacés directement dans l'exploitation de la lignite, 70.000 en comptant les fournisseurs et les partenaires et les industries gourmandes en énergie. Le manque à gagner en création de valeur serait de 8 milliards d'euros par an, estime le groupe. Les plans du gouvernement mettent en péril la compétitivité des entreprises concernées, elles nuisent à la vocation industrielle de l'Allemagne, a affirmé la société dans un communiqué.Le syndicat de la chimie et de l'énergie, IG BCE, a qualifié les plans du gouvernement de déséquilibrés et source potentielle de charges insupportables sur la génération au charbon. Au sein même du parti conservateur d'Angela Merkel, des critiques ont fusé en ce sens. Le ministère de l'Economie et de l'Energie, dirigé par le social-démocrate Sigmar Gabriel, a précisé cette semaine, dans un document dont l'AFP a obtenu copie, ses propositions sur la contribution du secteur de l'électricité à la réduction par le pays de ses émissions de dioxyde de carbone à l'horizon 2020 (-40% par rapport à 1990). Le montant global de la contribution du secteur électrique, une réduction de 22 millions de tonnes de CO2 d'ici 2020 en sus des efforts déjà consentis, avait déjà été fixé en fin d'année dernière par le gouvernement au terme de discussions ardues, mais pas la manière précise d'y arriver.La feuille de route élaborée par les services de M. Gabriel prévoit de faire reposer le gros des efforts sur le charbon, qui représente quelque 40% de l'électricité brute produite dans le pays. Ainsi les centrales au charbon les plus vieilles et les moins efficaces devront se défaire de certificats d'émission de CO2, qui seront annulés.En voyant diminuer leur droits à polluer, les centrales devront soit en racheter via une bourse européenne soit baisser leur production, deux options coûteuses. Le ministère estime que 10% des centrales fossiles allemands seront concernées, mais RWE parle de 40% qui seraient empêchées de fonctionner ou fermées. Les producteurs d'électricité traditionnels comme RWE enchaînent déjà les pertes, sur fond de prix du courant au plus bas sur les marchés de gros et de concurrence des renouvelables subventionnés. Le groupe public suédois Vattenfall en a tiré les conséquences en mettant en vente ses actifs allemands dans le charbon, suscitant l'inquiétude sur l'emploi dans la région qui les abrite en ex-RDA.EON pour sa part veut se concentrer sur les renouvelables et isoler ses activités de génération d'électricité dans ce que beaucoup d'observateurs ont vite qualifié de bad bank.Romandie 20/3/2015 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites