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Mouches : le premier partenaire peut influencer certaines caractéristiques de la descendance d'un autre mâle

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Certaines caractéristiques d'un ancien partenaire sexuel peuvent être transmises à la génération suivante ! Cette théorie, appelée télégonie (suggérée dans l'Antiquité grecque par le philosophe Aristote), abandonnée au début du XX ème siècle vient d'être relancée par Angela Crean, de l'université de Nouvelles-Galles du Sud (Australie).

Du moins chez la mouche Telostylinus angusticollis. L'équipe australienne a tout d'abord produit des mâles de petite ou grande taille en nourrissant des larves avec des régimes spécifiques. Ces mâles ont ensuite été accouplés une première fois avec des femelles immatures, c'est à dire ne produisant pas encore d'ovules.

 Ici une spécimen mâle de Telostylinus lineolatus, proche cousin de la mouche australienne Telostylinus angusticollis chez qui la taille des petits est déterminée par celle du premier partenaire sexuel de la mère et non par celle du père biologique. ©️ Wikimedia



Une fois matures, les femelles ont été fécondées par un mâle de taille différente. L'équipe a ainsi établi que la taille des petits était déterminée par celle du premier mâle avec lequel la mère s'était accouplée, et non par celle du père ! "On peut parler d'héritage "environnemental" estime Christophe Antoniewski, généticien au CNRS. On est dans l'épigénétique, l'influence de l'environnement cellulaire ou physiologique sur l'expression des gènes."

"La première hypothèse qui pourrait expliquer ce résultat est l'influence du liquide séminal du premier 'amant' de la mère", avance Angela Crean. Dans le fluide séminal, le mâle apporte des molécules dont la concentration et la composition dépendent de son environnement et de sa forme physique. Ce fluide pourrait imprégner les ovaires, les ovules immatures, ou les tissus de l'appareil reproductif de la mère. L'étude a été publiée dans Ecology Letters. Le phénomène, encore inconnu, influencerait donc la taille de la progéniture au moins du partenaire suivant.


"Notre découverte complique toute notre vision sur la façon dont la variation est transmise à travers les générations, mais aussi ouvre de nouvelles possibilités passionnantes et des pistes de recherche», a déclaré la principale auteure, Angela Crean, dans un communiqué. «Quand nous pensons avoir cerné les choses, la nature nous jette de nouvelles données et nous montre combien nous avons encore à apprendre."


Ce phénomène est-il propre à la mouche ? "Il n'existe aujourd'hui aucune preuve de la télégonie chez les mammifères, mais le potentiel de télégonie existe en théorie chez tout animal avec une fécondation interne".

Sciences et avenir 27/12/2014

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