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BelleMuezza

On pense savoir pourquoi certains animaux fuient leurs congénères malades !

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Une équipe suisse vient de comprendre pourquoi certains animaux fuient leurs congénères malades. Un comportement que l'homme adopte également ?

Les animaux sociaux trouvent de nombreux avantages à vivre ensemble. Leurs interactions rapprochées les exposent toutefois à un risque élevé de transmission d’agents pathogènes. Diverses parades originales ont émergé au cours de l’évolution : certaines espèces de homard fuient un congénère infecté par un virus, tandis que les femelles de différentes espèces d’oiseaux dédaignent les mâles porteurs de parasites, qu’elles identifient grâce à leur parure sexuelle altérée.

 Ce schéma montre qu'une souris possédant son système VNO intact évite un congénère malade, tandis qu'une souris ayant vu son système neutralisé ne l'évite pas. Image Ivan Rodriguez et all. Current Biology

Dans le cas des rongeurs, des signaux olfactifs spécifiques émis par les individus malades induisent un comportement d’évitement chez leurs congénères. D'où provient ce comportement ? L'équipe d’Ivan Rodriguez, professeur à la Faculté des sciences de l’université de Genève (UNIGE), a levé le voile sur ce mystère en comparant le comportement de souris face à des congénères sains ou malades. D'après leur étude publiée dans la revue Current Biology, c'est le système spécialisé dans la détection des phéromones, appelé "système voméronasal", qui joue un rôle-clé dans la réponse d’évitement de la souris. "Aussi bien les animaux infectés par un virus de l’hépatite murine (ndlr : une hépatite chez la souris), que ceux rendus malades artificiellement, ont été fortement évités par leurs pairs en bonne santé", décrit Madlaina Boillat, chercheuse et principale auteure de l’étude.

Chez les mammifères, la perception des molécules présentes dans l’environnement s’effectue grâce au système olfactif principal (qui comprend notamment le bulbe et l'épithélium olfactifs), et au système voméronasal (voir schéma ci-dessous). Ce dernier régule les comportements sociaux innés, par le biais des phéromones que capte un senseur situé à l’extrémité intérieure du nez et appelé organe voméro-nasal (OVN). Afin de déterminer quels circuits nerveux sont impliqués dans le comportement d’évitement, les chercheurs ont altéré, physiquement et génétiquement, le fonctionnement de l’OVN de la souris.


 ©️ Inserm/DISC, 2011 


Cette altération très spécifique a eu un résultat drastique : les souris n’ont plus montré de préférence pour leurs congénères sains. "Nous avons identifié le système neuronal qui permet aux rongeurs de reconnaître leurs pairs malades et de les éviter, se réjouit Ivan Rodriguez. Quant aux récepteurs chimiques impliqués dans ce processus, les candidats sont nombreux, mais nous sommes en train d’évaluer la possibilité qu’une famille de récepteurs voméro-nasaux appelée Fprs, que nous avons découverte en 2009, puisse jouer un rôle dans la reconnaissance des composés liés aux pathologies". Cette nouvelle fonction s’ajoute donc aux autres attributions du système voméro-nasal, qui est connu pour être responsable de la discrimination sexuelle envers les mâles, les femelles et les juvéniles, ainsi que l’évitement des prédateurs.

Et nous : Pourquoi sommes-nous attirés par tel ou tel individu ? L'existence des phéromones et leur identification chez l'être humain fait actuellement débat dans la communauté scientifique. "Pour l'instant, il n'existe aucune preuve permettant d'affirmer que les humains sécrètent des phéromones", affirme à Sciences et Avenir Olivier Rampin, neurobiologiste de l'olfaction à l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). À ce jour, une seule situation est suspectée d'impliquer des phéromones chez notre espèce. La molécule en question est émise par les femmes au niveau de l’aisselle et agit sur le rythme menstruel d’autres femmes. Cette molécule n’a pas encore été identifiée, mais elle serait perçue par le système olfactif. Quant à savoir si l’OVN est impliqué, c’est peu probable, celui-ci régressant rapidement durant le développement humain (à sa naissance, le bébé en est déjà dépourvu). Le mystère reste donc entier, mais les scientifiques n’ont pas dit leur dernier mot.


PHÉROMONES : Les phéromones sont des substances chimiques émises par la plupart des animaux et certains végétaux, et qui agissent comme des messagers entre les individus d'une même espèce, transmettant des informations qui jouent un rôle dans l'attraction sexuelle notamment.




Sciences et avenir 13/1/2015

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