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Bruxelles reproche à Berlin de ne pas protéger la biodiversité

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L'Allemagne ne protège pas assez la biodiversité et les sites naturels protégés. La Commission va lancer des procédures d'infraction sur ce sujet à l'encontre de Berlin. Un article d'EurActiv Allemagne.

Qu’il s’agisse du milan royal ou de prairies en fleurs idylliques, un grand nombre de végétaux et d'animaux sauvages, ainsi que leur habitat, sont menacés en Allemagne et dans l'UE.

Face à ce problème de plus en plus aigu, les États membres ont adoptés en 1992 la directive sur l'habitat, qui prévoit l'identification de zones de protection et leur organisation en réseau. Les régions et le gouvernement fédéral allemands n'ont cependant pas fait grand-chose pour respecter cette directive.

 Panneau de protection de la nature indiquant une zone habitée ou traversée par des rapaces. Allemagne, février 2015. [Alexander Stielau/Flickr]

Dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qu'EurActiv Allemagne a pu consulter, Karmenu Vella, commissaire chargé de l'environnement, menace de déposer une plainte contre la république fédérale auprès de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) et de lancer des procédures d'infraction contre Berlin. Un jugement défavorable de la CJUE pourrait entraîner des amendes élevées.

Cette plainte porterait sur l'un des volets de la directive : Natura 2000. En adoptant la directive sur l'habitat, les États membres se sont engagés à désigner, protéger juridiquement et préserver les sites du réseau Natura 2000.

Cela implique la préservation de la biodiversité et des actions permettant d'empêcher une dégradation des conditions naturelles sur ces sites. Les sites désignés doivent être organisés de façon à créer un réseau européen permettant l'échange d'espèces.

Les États membres ont bénéficié de six ans pour désigner et mettre en place une protection légale de ces sites. Le délai était 2010.

À ce jour, 2 800 des 4 700 sites allemands ne sont pas légalement protégés. Plus de la moitié des sites prévus, 2 663, ne sont pas en mesure de conserver leur statut de zone protégée. Il n'existe aucun plan de gestion pour organiser la protection de ces sites.

En fait, l'Allemagne a prévu de respecter ses obligations, mais pas avant 2022. « Pour la Commission, ce délai est inacceptable », explique le commissaire européen dans sa lettre à Frank-Walter Steinmeier, qui l'a reçue fin février. Karmenu Vella presse Berlin de se mettre en règle d'ici deux mois et menace de lancer des procédures d'infraction auprès de la CJUE.

Cette lettre a poussé Barbara Hendricks, la ministre allemande de l'Environnement, à exiger que ses homologues régionaux lui remettent des rapports évaluant la possibilité de désigner des sites plus rapidement que prévu et d'approuver plus vite les plans de gestion.

Les retards de l'Allemagne ne sont pas liés au hasard. Les agriculteurs, qui pratiquent la monoculture et utilisent des équipements lourds, contribuent souvent à la destruction de la diversité des espèces.

Les mesures de protection de l'environnement les inquiètent et menacent leur existence, estime-t-il. Si leurs champs sont déclarés zone protégée, ils devront en effet respecter des normes spécifiques restrictives.

« Les hommes politiques régionaux responsables de la désignation des sites prennent souvent le parti des fermiers. Grâce aux groupes de pression puissants, ils bloquent le processus », indique Jürgen Metzner, directeur général de l'association allemande de la gestion du paysage (DVL). Cette association aide les agriculteurs à adapter leurs pratiques aux sites protégés.

NABU, la société de protection de la nature, a accueilli la position de la Commission avec joie. « Il relève de la responsabilité de la Commission, en tant que gardienne des traités, d'exiger que l'Allemagne et ses États fédéraux protègent enfin les zones Natura 2000 », estime Claus Mayr, directeur de l'organisation.

Il ajoute qu'il est normal que la Commission demande à Berlin d'établir des plans de gestion afin que les objectifs de protection des espèces menacées, et donc les objectifs de biodiversité de la directive, soient respectés d'ici 2020. « Les personnalités politiques doivent souligner qu'une agriculture écologiquement durable peut être rentable », insiste Jürgen Metzner.

Plus un écosystème est diversifié, mieux il résiste aux influences externes, comme les catastrophes naturelles, explique-t-il.

Pour lui, il n'y a pas d'alternative, il faut appliquer les mesures de Natura 2000. « L'Allemagne doit prendre ses responsabilités aussi rapidement que possible et répondre promptement aux exigences du commissaire », conclut-il.


L'Agence fédérale de l'agriculture et de l'alimentation (Bundesanstalt für Landwirtschaft und Ernahrung - BLE) a présenté en 2014 une compilation de données sur la diversité biologique nationale, à l'occasion de la Journée de la biodiversité.

La biodiversité indigène allemande comprend, par exemple, 2900 espèces de plantes, dont 188 espèces d'arbres et d'arbustes, 269 espèces de poissons et 74 espèces d'animaux quadrupèdes. Parmi ces derniers, 52 espèces animales seraient en danger.

La conservation des espèces est primordiale, afin que certaines caractéristiques puissent être utilisées dans des conditions environnementales modifiées. En effet, les spécimens rares et anciens peuvent fournir des gènes importants pouvant, par exemple, permettre une potentielle adaptation aux changements climatiques, maintenir les services écosystémiques, ou encore subvenir aux nouveaux besoins des sociétés humaines en termes d'alimentation et de santé.

Plus de 170.000 échantillons de plantes cultivées et sauvages sont préservés dans des banques de gènes en Allemagne. Par exemple, l'Institut de génétique végétale et de recherche sur les plantes cultivées (Pflanzengenetik und Kulturpflanzenforschung - IPK) à Gatersleben conserve près de 150.000 échantillons de ces types de plantes. La banque de gènes spécialisée dans les fruits à l'Institut Julius Kühn de Dresde-Pillnitz possède plus de 1.000 variétés de fruits, dont plus de 400 pommes et 300 variétés de fraises. Source : Bulletin électronique 22/5/2014

Les chiffres ci-dessus sont à comparer aux quelque 48 000 espèces animales et environ 24 000 espèces de plantes, mousses, champignons et algues vivent sur le territoire allemand. L'allemange à beaucoup à faire puisque, en 2010, selon une estimation, environ 40 % des espèces animales et végétales sont menacées. Les raisons sont multiples : destruction des habitats naturels par la construction de routes et de logements, intensification de l’agriculture et de la sylviculture, pollution et utilisation excessive d’engrais. Source : tatsachen-ueber-de





NB : Depuis l'an 2000, les Nations unies ont décrété le 22 mai comme la journée internationale de la Biodiversité.

EurActiv.fr 27/3/2015

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