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La lutte contre les espèces invasives par l'introduction d'espèce. Cas de Trichilogaster acaciaelongifoliae e

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La guêpe Trichilogaster acaciaelongifoliae ne mesure peut-être que quelques millimètres de long mais, selon certains scientifiques, ce petit insecte pourrait être la solution à un gros problème européen. Ils ont eu l'idée d'utiliser cette guêpe pour stopper l'avancée d'une plante envahissante qui ravage l'environnement le long des côtes portugaises.

 La guêpe Trichilogaster acaciaelongifoliae (à gauche) et l'infection qu'elle occasionne (à droite). ©️Centre for functional ecology

L'Acacia longifolia, une espèce indigène australienne connue sous le nom d'acacia à longues feuilles, ou mimosa chenille, est une espèce envahissante à croissance rapide qui se transforme en menace sérieuse pour la biodiversité des zones côtières de dunes de sable et d'autres habitats naturels au Portugal. En Australie et en Afrique du Sud, la guêpe Trichilogaster acaciaelongifoliae a été utilisée avec succès comme agent de lutte biologique contre cette plante et les autorités portugaises pourraient bien suivre cet exemple.

Les piqûres de cette guêpe sur l'Acacia longifolia provoquent des galles : les branches d'arbres infestées réduisent alors considérablement la production de graines, quelle que soit la taille de l'arbre, ce qui limite sa reproduction.

La guêpe Trichilogaster acaciaelongifoliae n'est pas présente en Europe et elle ne figure pas sur la liste des organismes nuisibles qui doivent être maintenus hors du territoire de l'UE

La Commission européenne a donc demandé à l'EFSA de répondre à la question suivante : si la guêpe était introduite en Europe, est-ce qu'elle représenterait une menace pour d'autres plantes qu'Acacia longifolia ? Pour compliquer les choses, plusieurs espèces différentes d'acacia sont cultivées en tant que plantes ornementales dans la région ; l'EFSA devra donc étudier si l'introduction de la guêpe serait nuisible à ces plantes non-ciblées.

L'EFSA s'est donc penché donc sur le risque que Trichilogaster acaciaelongifoliae s'établisse et se propage ainsi que sur tout impact potentiel qu'elle pourrait avoir sur la santé des plantes. Le professeur Mike Jeger, président du groupe scientifique de l'EFSA sur la santé des plantes (PLH), a déclaré: « C'est une question intéressante [...] Avant de lui ouvrir notre porte il est essentiel que nous évaluions avec précision son impact potentiel sur les espèces non-cibles. Il se pourrait que T. acaciaelongifoliae soit efficace pour contrôler A. longifolia mais, si elle a des effets secondaires néfastes pour d'autres plantes, alors nous ne ferions que résoudre un problème pour en créer un autre ».

Acacia longifolia a été introduit au Portugal depuis l'Australie il y a environ 150 ans pour lutter contre l'érosion du sable. Depuis lors, l'arbre s'est établi et s'est avéré envahissant au point de constituer à présent une menace pour l'environnement qu'il était censé protéger, altérant de façon drastique le paysage et détruisant la richesse des variétés végétales locales.

Cette plante représente un défi particulier pour les gestionnaires des terres parce que ses graines s'accumulent en concrétions résistantes de semences, ce qui signifie que la plante colonise à nouveau rapidement le territoire après avoir été physiquement éliminée ou après la mise en œuvre d'autres méthodes de contrôle. En outre, le feu et d'autres mesures d'éradication peuvent en réalité favoriser et accélérer la germination des graines d'A. longifolia.

Pour toutes ces raisons, le Portugal envisage la lutte biologique comme une alternative plus efficace – et par ailleurs beaucoup moins coûteuse – que l'élimination manuelle ou chimique, qui peuvent nécessiter plusieurs traitements et un suivi à répétition. Pour donner un exemple, l'élimination physique de la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes) du bassin de Guadiana dans le sud-ouest de l'Espagne entre 2006 et 2012 a coûté 21,7 millions d'euros et nécessite un suivi permanent pour faire face aux récidives provoquées par des plantes résiduelles, des fragments ou des graines.

Le professeur Jeger a déclaré : « L'utilisation de méthodes traditionnelles pour gérer les plantes envahissantes est sans aucun doute chère et, dans certains cas, nuisible à l'environnement. Et, bien souvent, elles ne sont pas efficaces. Les avantages de la lutte biologique sont clairs : elle est moins coûteuse, tout en étant plus durable et probablement plus sûre. Mais nous devons nous montrer prudents. Rappelez-vous qu'à la fin du 19ème siècle, quelqu'un a pensé – avec les meilleures intentions du monde – que ce serait une bonne idée de planter des acacias à longues feuilles dans les dunes de sable portugaises. Et regardez ce qui est arrivé. Une fois qu'un organisme est libéré dans l'environnement, le génie sort de la bouteille et il est presque impossible de l'y remettre à nouveau. Nous devons donc être absolument sûrs que les points positifs l'emportent sur les points négatifs. »

Au final, l'introduction de la guêpe comme agent de lutte biologique a été validée le 19 mars 2015.


La lutte biologique : définition

La lutte biologique est l'utilisation d'une espèce – généralement un parasite, un prédateur ou un agent pathogène – employée pour contrôler une autre espèce problématique. Le but n'est pas de détruire ou d'éradiquer l'espèce cible mais de réduire son impact – écologique, économique ou les deux – à un niveau où elle ne représente plus un problème. L'ennemi naturel de l'organisme visé est connu sous le nom d'agent de lutte biologique ou biopesticide.

La lutte biologique est pratiquée dans le monde entier depuis plus de 100 ans, période durant laquelle on a procédé à environ 7000 introductions de près de 2700 espèces agissant comme biopesticides. La lutte biologique est largement utilisée dans de nombreux pays et dans de nombreuses régions, notamment en Afrique du Sud, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Amérique du Nord. Toutefois, l'utilisation d'un biopesticide non-indigène n'a été officiellement autorisée qu'une seule fois contre une espèce de mauvaise herbe dans l'UE, en l'occurrence lors de la dissémination de la psylle Aphalara itadori contre la renouée du Japon (Fallopia japonica) au Royaume-Uni en 2010.


Notre Planète info 15/4/2015 - EFSA

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