megmatii 0 Posté(e) le 5 mai 2015 Après avoir dansé avec des cygnes dans son dernier spectacle, Luc Petton revient sur scène en compagnie de grues. Ce chorégraphe utilise une méthode particulière pour collaborer avec les oiseaux : l'imprégnation.Quatre grues se pavanent sur le plateau, long cou ondulant, petit œil curieux posé sur les quatre danseurs, sans qu'on sache jamais ce qui va se passer : "Light Bird", le dernier spectacle de Luc Petton créé du 5 au 13 mai 2015 au Théâtre national de Chaillot, s'annonce imprévisible. "Les grues sont spécialement joueuses, c'est un animal joyeux. Elle peuvent être dangereuses ou câlines, je suis sur le fil avec elles", raconte-t-il à quelques jours de la première le 5 mai à Chaillot. Fâchées, elle peuvent piquer ou frapper avec leurs pattes. Bien lunées, elle "viennent sur moi, me fouillent les poches, elles m'enlèvent ma fermeture éclair", sourit-il. espacejeanlegendre 9février2015Ce Breton de 58 ans, né dans un village en face de l'île d'Ouessant, est amoureux des oiseaux : en 2004, il se lance dans l'aventure de "La confidence des oiseaux", qui fait se côtoyer danseurs et pies, geais et corneilles. En 2012 c'est "Swan" avec des cygnes. "Mes premières émotions enfant ont été des émotions de pleine nature. Un jour je me suis dit que j'avais envie de tenter une aventure poétique et j'ai mis tous mes moyens pour réaliser la Confidence des oiseaux", raconte-t-il. Le spectacle connait un succès retentissant, notamment au Festival d'Avignon, et tourne 5 ans.Pour Luc Petton, "les oiseaux ont quelque chose de très proche du danseur, presque un cousinage : ils dépendent véritablement de leurs corps pour s'exprimer, ils sont à la fois le chant, la vitesse, le mouvement, la forme, la couleur, ils font fi des frontières, un peu comme le langage de la danse". Les grues de Mandchourie lui ont été signalées par Eric Bureau, grand spécialiste des oiseaux. Elles sont naturellement élégantes, avec leurs mouvements amples, elles ont presque la taille et la longévité humaine (60 ans).Comme toujours, Luc Petton commence le projet ... dans l'oeuf. Depuis deux ans. Il parle et fait écouter de la musique aux oisillons, avant même l'éclosion. "J'ai découvert les travaux de l'Autrichien Konrad Lorenz dans les années 50 sur l'imprégnation", explique-t-il. "Je commence à échanger avec eux dans l'oeuf de façon à ce qu'il n'y ait pas de choc dans la relation". Mais sa démarche est "à l'opposé du dressage, où on prévoit ce que l'animal va faire. Là, les oiseaux sont libres. On ne peut pas avoir de main mise sur eux, il faut s'avouer faible et coexister avec eux". Contrairement aux mammifères, les oiseaux n'aiment pas être caressés, il sont "imprenables et impalpables". Luc Petton danse avec des grues dans son nouveau spectacle Light Birds. ALAIN JULIEN / AFPLe spectacle est donc différent chaque soir. "Le public a aussi une responsabilité, on dit toujours au début du spectacle qu'il faut être particulièrement silencieux et attentif, comme on le serait dans la nature. On n'a pas accès à la magie du vivant simplement parce qu'on a payé sa place !" Des oiseaux, les quatre danseurs - deux femmes et deux hommes, dont Petton - ont copié les petits mouvements de cou, les pliés d'échassier, les ondulations. "On a beaucoup observé les oiseaux, et après, l'imaginaire de chacun se met en marche. Les danseurs participent à l'écriture du spectacle". Les oiseaux, eux... font ce qu'ils veulent. "C'est exactement ce que je veux montrer, que l'Homme n'est pas au centre de la création, il doit partager le temps et l'espace avec les êtres vivants autour de lui et il n'a pas toujours le dernier mot". Le trajet aléatoire des grues, leur indifférence parfaite aux hommes à certains moments peuvent dérouter. "Ceux qui s'attendent à un spectacle millimétré vont être déçus. Mais la magie apparaît toujours au moment où on ne s'y attend pas, au détour d'un chemin", espère Luc Petton.SCIENCES ET AVENIR 5 MAI 2015 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites