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Sauver plus d'abeilles sauvages pour sauver nos récoltes

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La préservation des abeilles sauvages et surtout de leur diversité est un enjeu majeur pour l'avenir des cultures et de la biodiversité.

"Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre". Albert Einstein n'a jamais formulé cette sentence aux allures de fin du monde. Cependant, elle a de quoi interpeller et poser la question de l'importance de cet insecte pour l’avenir de la planète.

 Abeille sauvage à pattes poilues (Anthophora plumipes) dans les Vosges ©️ Michel Rauch / Biosphoto

Une publication de plusieurs scientifiques basée sur 90 études et parue dans Nature Communications (Pdf en anglais) alerte sur la position à adopter envers les abeilles. Ils révèlent que la stratégie aujourd’hui mise en place est risquée car elle ne prend en compte que des intérêts économiques à court terme.

Premier constat: nous avons de plus en plus besoin des espèces sauvages pour assurer la pollinisation des cultures. L'idée que beaucoup de gens se font au sujet de l'abeille est qu'il n'existerait qu'une seule espèce. Ce qui est problématique selon Mickaël Henry, chercheur à l'INRA et coauteur de l'article contacté par Sciences et Avenir. En France, il en existe près de 1 000 espèces. Pour le seul Royaume-Uni, le nombre de colonies d’abeilles à miel (Apis mellifera) (que l’on a l'habitude de considérer comme "domestiques") est tombé de 250 000 dans les années 1950 à moins de 100.000 aujourd’hui. Une chute qui explique que nous dépendons de plus en plus des espèces sauvages comme le bourdon pour assurer la reproduction des plantes cultivées. La pollinisation est aujourd'hui assurée à parts à peu près égales par les abeilles à miel et les abeilles sauvages.

Le second point est que 80% de la pollinisation réalisée par les abeilles sauvages est le fruit de 2% seulement de ces espèces. Un chiffre qui amène à orienter tous les efforts pour la protection des hyménoptères vers cette minorité. Une erreur pour Mickaël Henry : "on peut se demander si cela vaut le coup de s'acharner à préserver des espèces d'abeilles qui ne servent "à rien". Il faut pourtant continuer à toutes les préserver, car elles font partie du patrimoine génétique de la nature. On pourra en avoir besoin. C'est une assurance pour les cultures du futur."

Des propos confirmés par Simon Potts, professeur en biodiversité à l’université de Reading et également contributeur de la parution qui file la métaphore sportive : "Nous ne pouvons pas nous reposer uniquement sur les pollinisateurs titulaires actuels. Nous avons besoin d’un groupe d’espèces larges et variées sur le banc des remplaçants, prêtes à entrer en jeu dès qu’il le faudra, si nous voulons nous assurer que la production de nourriture reste stable".

Avec une valeur ajoutée de la pollinisation sauvage estimée à 1 milliard de livres sterling (1,4 milliard d’euros) chez nos voisins d’outre-manche et environ 2 600 euros par hectare sur l'ensemble des cinq continents, on comprend que l’aspect économique prenne une place importante dans la stratégie de protection des abeilles. Mais ce serait une erreur de se limiter à cet aspect. Le professeur David Kleijn de l’université de Wageningen aux Pays-Bas, coordinateur de l’étude prévient : "les espèces rares ou menacées jouent peut-être un rôle économique mineur comparé aux espèces les plus répandues, mais cela ne signifie pas que leur protection soit moins importante". En effet, les besoins d’aujourd’hui ne sont pas ceux de demain, et nous ne pouvons pas prévoir quels types de pollinisateurs seront utiles à l’avenir. De nombreuses variables peuvent être bouleversées, compte-tenu des changements climatiques par exemple, ou encore des modifications apportées aux plantes cultivées.

L’idée mise en avant est qu’il est indispensable de conserver la variété des écosystèmes pour prévenir les bouleversements. Pour cela, les scientifiques appellent à maintenir des plantes sauvages (herbes, fleurs, etc.) aux côtés des plantations afin d’attirer plus d’espèces d’abeilles sauvages et leurs permettre de survivre dans nos environnements

Le jour où leurs cousines actuellement à l’œuvre seront amenées à disparaître où à manquer d’effectifs, elles assureront le travail sans rupture. A tout le moins, la transition s’effectuera avec un impact moindre pour les récoltes et donc l’économie. On remarque aussi que certaines cultures sont uniquement visitées par des espèces peu fréquentes d’abeilles, ce qui prouve que l’on a besoin de tous les insectes butineurs. Et ne pas perdre de vue que deux cultures peuvent avoir un rapport très différent à la pollinisation

Mickaël Henry explique qu'entre le colza qui n'en dépend qu'à 20% et le melon pour qui cette dépendance monte à plus de 90%, on ne peut pas aborder le facteur abeille de la même manière. A l'heure où de nombreux chercheurs confirment que nous sommes entrés dans une phase d'extinction animale de masse, voici de sérieuses raisons de repenser notre contribution à la préservation de la planète.


Sciences et avenir 23/6/2015

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Quoi de plus simple que de prévoir un parcours plein de fleurs pour que les abeilles puissent traverser la vie ? Il suffisait juste... d'y penser.

Un cimetière fleuri par-ci, quelques pots sur un balcon par-là : Oslo se mobilise pour créer la première "autoroute à abeilles" au monde en vue de protéger ces butineurs indispensables à l'homme mais menacés. "Nous remodelons constamment notre environnement en fonction de nos besoins en oubliant que c'est aussi l'environnement d'autres espèces", note Agnes Lyche Melvaer, responsable de l'organisation Bybi (abeilles urbaines) et coordinatrice du projet. "Pour corriger cela, nous devons leur redonner des lieux de vie et d'alimentation", explique-t-elle, assise sur un banc dans le jardin d'Abel, une petite oasis verte de la capitale norvégienne.

 La ruche installée sur le toit de l'immeuble norvégien. ©️Pierre-Henry DESHAYES / AFP

Avec ses tournesols, soucis, phacélies et autres fleurs mellifères (porteuses de nectar ou de pollen) plantées par les soins des riverains et des écoliers, l'endroit, autrefois simple bout de gazon, est aujourd'hui une "station alimentaire" pour abeilles et bourdons. Derrière son appellation pompeuse aux relents de bitume, l'"autoroute à abeilles", la première au monde selon ses promoteurs, vise à essaimer ce genre de relais fournissant le gîte ou le couvert aux insectes pollinisateurs pour leur permettre un jour de pouvoir traverser la ville de part en part. 

Un toit végétal en haut d'un immeuble de bureaux, un cimetière agrémenté d'espèces fleurissant à différentes périodes de l'année, un espace vert laissé aux herbes folles, un hôtel à insectes au fond d'un jardin, des marguerites sur le rebord d'une fenêtre... Particuliers, institutions, entreprises et associations sont invités à apporter leur graine, puis à afficher leur contribution sur une carte en ligne.

Au 12e et dernier étage du bâtiment ultra-moderne qu'il occupe dans un nouveau quartier d'affaires en bordure du fjord d'Oslo, un grand cabinet d'experts-comptables a choisi de recouvrir de sedum, surface végétale prisée des abeilles, une partie de la terrasse et d'y placer deux ruches. Quelque 45.000 ouvrières s'y affairent ainsi. "Il faut y voir un signe que les entreprises prennent elles aussi leurs responsabilités pour préserver la biodiversité", affirme Marie Skjelbred. Cette experte-comptable férue d'apiculture a convaincu son employeur de cofinancer ce projet de 400.000 couronnes (46.000 euros) avec le propriétaire de l'immeuble. "Les ouvrières vivent une soixantaine de jours, explique-t-elle. Au cours de leur vie, elles ne font qu'une cuillerée de miel". Puis, en bonne comptable, elle livre ce petit calcul : "Si on devait faire le travail qu'elles font en étant payé au salaire minimum, un pot de miel coûterait 182.000 dollars".

La situation des insectes pollinisateurs en Norvège n'est pas forcément aussi préoccupante qu'aux États-Unis ou dans d'autres pays d'Europe où les maladies et les maux associés à l'agriculture intensive (monoculture, pesticides...) font des ravages, mais un tiers des 200 espèces d'abeilles sauvages et bourdons recensées dans le pays sont néanmoins considérées comme menacées. Cela a de quoi inquiéter puisque entre 30% et 40% de ce que nous mangeons nécessite un processus de pollinisation, un service fourni gratuitement par les insectes alors qu'une équipe franco-allemande de chercheurs (INRA, CNRS et UFZ) a estimé en 2005 sa valeur économique à 153 milliards d'euros.

S'il salue l'initiative de Bybi, Christian Steel, secrétaire général du Conseil norvégien pour la biodiversité (Sabima), dénonce une "politique de courte vue" des autorités norvégiennes. "Le pouvoir semble se cacher derrière ce genre d'initiative privée tout en conduisant parallèlement une politique favorisant l'agriculture intensive qui aboutira à la mort de nombreuses abeilles, regrette-t-il. L'agriculture est totalement tributaire des pollinisateurs pour maintenir la production alimentaire tout comme les insectes sont dépendants d'une agriculture variée pour survivre. C'est une dépendance mutuelle".

Déjà, la disparition des insectes butineurs oblige des paysans à polliniser à la main dans la province chinoise du Sichuan ou à transporter des ruches en camion à travers les États-Unis pour polliniser les cultures. Dans le jardin d'Abel, Agnes Lyche Melvaer dit croire en l'"effet papillon": "Si on arrive à résoudre localement un problème global, il est permis de croire que cette solution locale marchera aussi ailleurs".


Sciences et avenir 27/6/2015

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Le déclin global des pollinisateurs, essentiellement des abeilles et d'autres insectes, pourrait provoquer jusqu'à 1,4 million de morts supplémentaires par an, affirment des chercheurs. Ce chiffre correspond à une augmentation de la mortalité mondiale de près de 3%.

L'accroissement de mortalité résulterait de la combinaison d'une augmentation des carences en vitamine A et en folates (vitamine B9 ou acide folique), vitales pour les femmes enceintes et les enfants, et d'une incidence accrue des maladies non transmissibles comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et certains cancers.

Tels sont les phénomènes que provoquerait, par le biais de modifications alimentaires, un effondrement de la population des pollinisateurs.

Les carences en vitamine A et folates peuvent atteindre les yeux, ce qui peut entraîner la cécité, et provoquer la malformation du système nerveux. Ces effets sur la santé toucheraient les pays développés et en développement, selon l'analyse publiée jeudi dans la revue médicale The Lancet.

Selon un scénario d'élimination complète des pollinisateurs, 71 millions de personnes dans les pays à faibles revenus pourraient se retrouver carencées en vitamine A, et 2,2 milliards, qui ont déjà une consommation insuffisante, verraient leurs apports se réduire encore.

Pour les folates, ce sont 173 millions de personnes qui deviendraient carencées et 1,23 milliard de gens qui verraient leur consommation déficiente se détériorer encore.

Une baisse de 100% des "services de pollinisation" pourrait réduire les approvisionnements mondiaux en fruits de 22,9%, en légumes de 16,3%, et de 22,9% en noix et graines, mais avec des disparités selon les pays.

Les changements alimentaires pourraient augmenter la mortalité mondiale annuelle par les maladies non transmissibles et celles liées à la malnutrition de 1,42 million de décès par an (2,7% de mortalité globale annuelle), selon l'étude dirigée par le Dr Samuel Myers, de la Harvard TH Chan School.

Une perte des services de pollinisation limitée à 50% équivaudrait à la moitié (700'000) de la mortalité supplémentaire qu'entraînerait la suppression totale des pollinisateurs, selon ces estimations.


DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(15)61085-6 
Matthew R Smith, PhD Gitanjali M Singh, PhD Prof Dariush Mozaffarian, MD,
 Dr Samuel S Myers, MD : Effects of decreases of animal pollinators on human nutrition and global health: a modelling analysis.



----->Outre les maladies et parasites responsables de la mort des abeilles, il semble bien que les pesticides soient à la première place en terme de responsabilité dans ce domaine, tout comme les producteurs de graines OGM qui utilisent ces produits pour combattre ces parasites. On peut donc supposer, à la lecture de cette analyse, que les producteurs de ces produits phytosanitaires seront responsables, associés probablement aux conséquences du réchauffement climatique, de la surmortalité humaine si les pollinisateurs venaient à disparaître totalement.


Cela dit, le réchauffement climatique est également lié à une responsabilité collective humaine : la déforestation à outrance pour une question de profits substantiels étant l'une des principales causes....


Romandie 16/7/2015

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