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Comment les fleurs pourraient (aussi) nuire aux abeilles

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Depuis plusieurs années, les colonies d'abeilles s'effondrent, notamment à cause de pesticides. Il s'avère que leur mode d'alimentation peut parfois se retourner également contre elles.

Depuis les années 1990, on observe un fort déclin des colonies d'abeilles : la mortalité des abeilles domestiques a même atteint 42 % entre avril 2014 et avril 2015 aux Etats-Unis. En cause, le "syndrome d’effondrement", mal mystérieux que la science essaye de percer. Tour à tour, le climat, les frelons asiatiques, différents parasites, maladies et pesticides ont été incriminés. L’Union européenne a également interdit trois grandes classes de pesticides néonicotinoïdes accusés de décimer les butineuses.

 Des abeilles (Apis) butinent des fleurs ©️ AFP

Un problème pour les cultures et notre alimentation, dont 1/3 dépend de la pollinisation (les abeilles sont vecteurs de la fécondation de 80% des espèces végétales). Et cette fois-ci, il semblerait qu'un nouveau potentiel coupable, pour le moins surprenant, soit découvert : les fleurs ! On ne badine pas avec le butinage.

Il n'est pas aussi simple qu'on le pense pour les abeilles de s'alimenter en nectar et pollen. Selon une étude publiée dans Proceedings of the Royal Society B, les fleurs servent de plateforme à une multitude de parasites propagés entre les différentes populations de pollinisateur (abeilles sauvages, bourdons, papillons...). En déposant leurs excréments, les insectes malades transmettent aux autres leurs hôtes pathogènes

 Un Bourdon (Bombus pascuorum). Le mot bourdon désigne les insectes hyménoptères sociaux ou solitaires au vol bruyant et qui sont plus trapus et plus velus que les abeilles sauvages ou domestiques. Plus velu et capable de produire sa chaleur corporelle, le bourdon vole à partir de 5 degrés Celsius alors que l'abeille sort à partir de 15 degrés. Des particularités morphologiques et biologiques bien tranchées différencient donc bien bourdons et abeilles. Richard Bartz, Munich Makro Freak CC BY-SA 2.5

Un éthologue spécialiste des insectes de l'Université de Californie, Peter Graystock, et son équipe, ont laissé deux espèces d'abeilles distinctes ("l'abeille à miel" ou Apis, et le bourdon) voleter autour d'un groupe de 80 fleurs différentes pendant 3 heures. Or, ces abeilles étaient déjà malades, et infestées par pas moins de 5 parasites différents : 2 pour les Apis et 3 pour les bourbons. Des parasites redoutables peuvant conduire à la léthargie de l'insecte, la destruction d'une colonie ou la mort d'une reine abeille. En ajoutant une autre colonie d'abeilles (non malades), après avoir retiré le premier groupe d'insectes, ils ont observé une diffusion de ces parasites entre les deux cohortes par le biais des fleurs infestées. Mais alors, comment faire pour éviter cette transmission florale ?  

Pour Peter Graystock, la solution est simple et... mathématique : augmenter les plantations. En effet, cela réduirait le nombre de visites chez une seule fleur et ainsi le taux de contamination. Ce qui pourrait au passage faciliter le voyage des abeilles sur de grandes distances si les fleurs sont plus proches les unes des autres. Il préconise aussi de placer les fleurs en milieu stérile et de dépister les abeilles pour réduire la diffusion des pathogènes.

Une idée d'autant plus pertinente qu'une diversification de l'alimentation des abeilles en pollen est nécessaire. En effet, en janvier 2010, une équipe de chercheurs de l'INRA d'Avignon, menée par Cédric Alaux (auteur de l'étude publiée dans Biology Letters), a constaté que des abeilles nourries avec du pollen provenant de plus de cinq espèces de plantes différentes étaient beaucoup plus résistantes aux maladies

Pour en arriver à cette conclusion, ils ont testé l'effet de la quantité de protéines fournie par le pollen et sa diversité sur l'immunité des abeilles. Un groupe a été nourri avec du pollen issu d'une seule variété de fleur et un deuxième avec différents pollens issus de six variétés. Après plusieurs semaines, ils ont observé un taux plus important de glucose oxydase chez le deuxième groupe. Or, il s'agit de l'enzyme grâce à laquelle les abeilles fabriquent des antiseptiques. Ce sont les produits que l'on retrouve dans l'alimentation des larves et dans le miel, qui permet la prévention des maladies au sein d'une colonie.


Sciences et avenir 16/8/2015

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