pacemaker91 0 Posté(e) le 9 juin 2012 Réaction au courrier du CRAC Europe Cette position ne fait riencontre la corridaFrançois Hollande Le 22 septembre 2011 Réponse de François Hollande au courrier du CRAC demandant aux candidats de l'élection présidentielle de 2012 de prendre position sur le sujet de la corrida.Madame la Présidente,J'ai bien reçu votre courrier relatif à la corrida et j'ai pris bonne note de vos attentes à l'égard de l'alinéa 7 de l'article 521.0 du Code pénal. Je vous prie de bien vouloir m'excuser de vous répondre tardivement.J'entends votre indignation. La cruauté et la maltraitance animales sont des marqueurs qui indiquent le niveau de civilisation d'une société. Le spectacle de la corrida peut heurter certaines personnes, sensibles au sort malheureux réservé aux animaux, dont la mise à mort est reléguée au rang de divertissement et de spectacle.Néanmoins il n'est pas contestable que la tauromachie est partie intégrante de la culture méridionale au même titre que la gastronomie ou le parler local. Les férias constituent des rassemblements populaires tout à fait majeurs dans ces régions et réunissent des populations de toutes origines sociales dans une même ferveur pour la tradition taurine, vieille de près de deux siècles.Réminiscence sanguinaire des jeux du cirque pour certains, pratique sportive festive et identitaire pour d'autres, la question de la tauromachie suscite des débats passionnels dans notre pays comme ailleurs en Europe. L'exemple portugais peut être médité. La tourada locale y garde une place tout à fait prépondérante ; néanmoins la mise à mort en public y est interdite, le spectacle présentant un visage plus familial, moins brutal. Il conviendra de trouver un compromis entre deux appréciations aujourd'hui trop antagonistes.Après cinq années de gouvernement du Président Sarkozy, beaucoup de travaux et de réflexions doivent être menés de front. Pour la plus grande majorité de nos concitoyens, de nombreux sujets autres que la tauromachie apparaissent d'une grande priorité. Aussi, je n'ai pas été amené avec mon équipe à conduire une analyse précise et étayée à ce sujet. Il conviendra donc de réunir après les échéances de 2012 l'ensemble des acteurs de la question taurine afin d'apaiser les tensions et les ressentiments qui demeurent entre les différents partis.Je vous prie de croire, Madame la Présidente, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.François HOLLANDELa réponse du CRAC EuropeNous avons bien reçu votre réponse tardive à notre demande de positionnement sur la corrida.Dire qu’elle nous satisfait serait mentir. Nous la qualifierons de décevante, erronée et très éloignée des principes du socialisme.Dans un premier temps, vous nous comprenez et vous reconnaissez notre indignation face aux sévices cruels subis par les animaux, taureaux et également chevaux, dans l’arène.Dans un deuxième temps, vous nous servez les arguments éculés que l’on peut trouver dans la prose d’un Frédéric Mitterrand pour justifier le classement de la corrida au patrimoine culturel français - au passage, vous ne dites pas si vous reviendrez sur ce classement, le fait du prince, si vous êtes élu à la présidence de la République. Certains d’entre nous sont des méridionaux, et nous refusons que l’on nous enferme dans un triangle surréaliste, corrida-gastronomie-langue régionale. Quel mépris pour le Sud !Dans un troisième temps, vous nous proposez un moyen terme dans l’exemple portugais. Vous nous faites ainsi la démonstration que votre équipe et vous-même véhiculez les pires poncifs sans vous être documentés auparavant. La corrida portugaise, c’est encore pire pour le taureau, qui peut agoniser pendant des heures et même des jours entiers dans un camion en attendant son départ pour l’abattoir. Au cours de la corrida, les sévices sont également nombreux. Quand on lutte contre les sévices cruels sur les animaux, on lutte aussi contre la corrida portugaise. Nous vous adressons depuis des mois des informations sur divers supports, comprenez notre étonnement lorsque vous nous parlez de corrida portugaise !En dernier lieu, vous nous proposez un Grenelle des animaux après 2012. Nicolas Sarkozy y a pensé avant vous, et ce fut une imposture grotesque. Vous souhaitez remettre à la même table des tortionnaires d’animaux et des défenseurs pour qu’ils trouvent un moyen terme acceptable ? Vous n’apaiserez pas les tensions, ainsi que vous l’exprimez, sans fâcher un des deux camps : le problème de la corrida est binaire.Soit vous souhaitez que la corrida perdure, et vous ne toucherez pas à l’alinéa 7 de l’article 521-1 du Code pénal — c’est ce que vous proposez de faire —, soit vous souhaitez faire évoluer notre société, ainsi que le réclament les deux tiers des Français, et vous agissez sur le plan législatif. Vous ne nous parlez pas de l’initiative de votre collègue à l’Assemblée nationale, la députée Geneviève Gaillard, dépositaire d’une proposition de loi abolitionniste, que vous auriez pu suivre. Vous ne mentionnez pas les 111 députés en exercice qui souhaitent l’arrêt de ces massacres. Vous ne revenez pas sur les écoles de tauromachie, où les enfants apprennent à torturer des veaux et des vachettes. Vous êtes silencieux sur les subventions d’équilibre versées à la tauromachie alors que, dans le même temps, vous nous annoncez une augmentation nécessaire des impôts.Où est le socialisme là-dedans ?Vous feriez un geste fort en vous engageant dès aujourd’hui à abolir la corrida si vous êtes élu dans quelques mois, comme François Mitterrand abolit en son temps la peine de mort, contre l’opinion majoritaire des Français. Ce ne serait pas le cas vous concernant : dans les sondages qui nous furent les moins favorables, 81 % des citoyens français se déclaraient hostiles à cette pratique barbare d’un autre âge.N’est-ce pas le rôle d’un homme d’État de prendre des décisions fortes en accord avec les convictions de ses électeurs ? L’immense majorité de vos électeurs est opposée à la torture des arènes.Ne sous-estimez pas l’impact que cela pourrait avoir sur vos chances à la primaire, puis à l’élection présidentielle de 2012. Les réseaux de protection animale fonctionnent très bien, et nous sommes très nombreux. Notre choix se fera en fonction des réponses des différents candidats sur la question. La corrida est indéfendable, quelle que soit la couleur politique du représentant du peuple ; elle est politiquement incorrecte pour l'immense majorité des citoyens européens, du Nord comme du Sud.Le fait qu'une partie des subventions agricoles de l'Union européenne contribue à financer les activités des tortionnaires de bovins suscite une indignation grandissante jusque dans des milieux indifférents à la cause animale. Lorsque vous concluez en nous chantant le petit refrain selon lequel il y a plus important à faire, nous voudrions vous faire remarquer qu'il y a plus important à financer que la torture sur bovins, qui ne rapporte rien au plan financier et qui chasse les touristes civilisés.Le fait que des politiques se réclamant du socialisme soutiennent la corrida dépassel'entendement. La défense des plus faibles dans la société, le refus des traditions injustes ou barbares, l'exercice de la démocratie, la séparation nette entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire, l'application des progrès de la science et de l'éthique à la politique, tous ces principes de base du socialisme rendent la corrida totalement incompatible avec cette idéologie.« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques » (Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, Albi, 1903).Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’expression de nos sincères et respectueuses salutations.Hélène VaquierPrésidente Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites