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Les éco-volontaires, une seconde chance pour les animaux victimes du trafic illégal

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http://www.notre-planete.info/actualites/actu_3425_eco-volontaire_contre_trafic_animaux.php

Après celui des armes et de la drogue, le commerce d'espèces
sauvages est le troisième plus gros trafic mondial. ARCAS, ONG
guatémaltèque reconnue internationalement, lutte depuis plus de 20 ans
contre ce fléau qui menace de nombreuses espèces protégées en Amérique
centrale. Chaque année, son centre de secours dans la région du Petén
accueille près de 300 animaux, parmi lesquels de nombreux perroquets et
singes, confisqués en douane ou rendus par des particuliers. Grâce à
l'aide de volontaires venus du monde entier, ces animaux sont soignés,
nourris et certains rejoignent un programme de réhabilitation dans
l'espoir d'être réintroduits dans leur milieu naturel. Fernando Martinez
Galicia, directeur du centre, nous ouvre les portes de son centre et
s'étend sur les objectifs de son organisation. Une idée de vacances
utiles…


Guatemala, région du Petén.

Nous posons nos bagages sur l'île de Flores, une charmante petite
ville de 25 000 âmes, construite sur les eaux du lac Petén Itza. Comme
tant de baroudeurs, nous succombons au charme des ruelles colorées, des
nombreux restaurants et hôtels bons marché et des couchers de soleil
qui, chaque soir, enflamment les rives du lac. Si Flores est connue des
voyageurs de passage au Guatemala, c'est qu'elle est une base
stratégique pour découvrir la région du Petén et un point de départ
idéal pour se rendre aux célèbres vestiges de la cité Maya de Tikal.
Pourtant, si notre séjour se prolonge ici, ce n'est pas que pour gravir
des pyramides mais bel et bien pour pour participer à un programme
d'éco-volontariat et comprendre les enjeux de la conservation de la
biodiversité dans cette région.

Le tiers nord de la région du Petén est recouvert par la plus grande
surface de forêt tropicale du Guatemala. La réserve de Biosphère Maya en
protège, sur le papier au moins, quelques 21 000 km². Le Petén est une
zone de première importance en termes de biodiversité et une pièce
maitresse pour la continuité du couloir biologique formé par l'Amérique
centrale. Chaque jour cependant, la déforestation, l'essor d'une
agriculture non raisonnée, la chasse et le trafic d'espèces sauvages
menacent la survie de ce patrimoine biologique : atèles, aras et jaguars
sont, entre autres, aux premières loges de ce désastre.

Vestiges de la cité Maya de Tikal
©️ Sylvain Lefebvre & Marie-Anne Bertin

A dix minutes de Flores, un centre de secours pour cette faune en
détresse fait figure de résistant. Il appartient à l'organisation non
gouvernementale Arcas,
investie depuis 1989 dans des missions de protection de la biodiversité
au sens large du terme : éducation à l'environnement, gestion des aires
protégées, écotourisme et développement communautaire sont autant de
thématiques sur lesquelles elle agit.

Si l'ONG a été fondée par une poignée de guatémaltèques soucieux
d'offrir une seconde chance aux animaux issus du trafic illégal,
Fernando Martinez, actuel directeur du centre de secours du Petén, aime
rappeler qu'Arcas ne peut fonctionner sans l'aide des nombreux
bénévoles. Comme nous, chaque année, ils sont près de 400 volontaires,
venus des quatre coins du monde, à donner de leur temps pour s'occuper
des animaux, entretenir les infrastructures du centre et sensibiliser
les touristes de passage.

"Fernando, quel est l'objectif majeur de Arcas ?"


Notre travail principal est la réhabilitation de la faune sauvage. Nous travaillons en lien avec la CONAP,
Conseil National des Aires Protégées, sur la thématique du trafic
illégal de la faune sauvage qui existe au Guatemala, mais aussi dans
certains autres pays comme le Mexique et les Etats-Unis. Notre équipe
se compose de 5 permanents et nous avons le soutien de plusieurs agents
de la CONAP. Cela fait plus de 20 ans que nous luttons pour la
conservation de la faune de la Réserve de Biosphère Maya.


Le centre renferme des singes hurleurs, des atèles, des perroquets,
des crocodiles, un jaguar, etc. Tous ces animaux proviennent d'un trafic
?



Nous recevons entre 250 et 300 animaux par an. 95% d'entre eux
sont issus du trafic illégal et les 5% restant sont des donations du
grand public, des saisies que font la CONAP, d'autres ONG ou toutes
autres institutions. La Réserve de Biosphère Maya est une vaste étendue
de forêt. C'est l'un des poumons de l'Amérique et elle contient une
grande diversité de faune sauvage. Certaines personnes qui visitent les
parcs nationaux en ressortent avec des animaux, comme de jeunes
perruches de 5 ou 6 mois par exemple. Tous les animaux du centre sont
des espèces présentes dans les forêts du Petén.


Quelles sont les espèces les plus menacées dans cette région ?


Il y en a plusieurs mais à cause de l'avancée des terres
agricoles, des élevages et de la disparition de l'habitat en général, le
jaguar et l'ara rouge sont deux des espèces emblématiques en voie
d'extinction ici : elles nécessitent de grandes surfaces de forêt pour
survivre et sont classées en annexe I de la CITES. On estime à moins de 200 le nombre d'ara Macao en liberté dans la réserve de biosphère Maya.


Tous les animaux qui arrivent ici sont-ils réintroduits ?



75% des animaux qui entrent au centre d'Arcas sont des perruches.
Les autres sont assez diversifiés : des oiseaux, des singes ou encore
des reptiles. Chaque individu doit suivre un processus très long avant
d'être relâché dans son milieu naturel. C'est toutefois moins délicat
pour les reptiles, type crocodile, tortue ou iguane : ces animaux n'ont
pas besoin d'une réhabilitation comportementale, mais juste d'une aide
médicale. Leur instinct fait que nous pouvons facilement les libérer.
Dans la nature, un crocodile ou une tortue pond ses œufs et les jeunes
grandissent sans leurs parents, ils savent de manière innée comment
survivre.


Les Psittacidae, qui regroupent perroquets et perruches, ont
quant à eux besoin d'une réhabilitation clinique, pour récupérer des
plumes ou s'affranchir d'éventuelles maladies, et d'une réhabilitation
éthologique. Quand les oisillons arrivent au centre âgés de 10 ou 15
jours, sans plumes, nous devons les nourrir et nous les imprégnons
inéluctablement de notre présence. Plus tard, lorsqu'ils commenceront à
voler, ils devront alors passer par différents stades avant d'être
libérés : cela peut durer 2 ans et demi.


Pour les primates, c'est encore plus complexe : ce sont des
animaux intelligents, qui nous reconnaissent très bien. S'ils ne suivent
pas un processus de réhabilitation, ils évoluent comme des êtres
humains et non comme des singes. Nous avons ici plusieurs groupes qui
sont arrivés à l'âge adulte et qui ne sont plus capables de retrouver
leur milieu naturel. Ceux qui ont cette « chance » sont les jeunes âgés à
leur arrivée d'un an et demi tout au plus. Nous formons alors des
groupes sociaux entre eux, jusqu'à leur maturité sexuelle, vers 4 ans :
seulement à cet instant, lorsque le groupe à un « leader », nous pouvons
débuter un processus de réhabilitation. Celui d'un singe-araignée va
durer entre 4 et 6 ans.


Autrement dit, un perroquet qui sait « parler » ou un singe
adulte peut entrer dans notre centre mais ne pourra pas être
réintroduit. Seuls 60 à 70% des animaux qui nous arrivent auront
l'opportunité de suivre un processus de réhabilitation, et une partie
seulement d'entre eux sera réintroduit. L'année dernière, par exemple,
nous avons formé un groupe de 124 perruches : 80 seulement ont pu être
libérées. De ces effectifs, beaucoup ne s'adapteront pas, ne seront pas
capables de se nourrir et ne survivront pas après libération. Nous
sommes donc loin d'un 100% de réussite mais Arcas offre à tous ces
animaux les meilleures chances de retrouver leur milieu naturel.


Entre le réchauffement climatique, la déforestation et le trafic
illégal, pensez-vous que nous avons encore une chance de sauver ces
espèces ?



C'est une question difficile ! Cette année, selon les pronostics,
nous aurons une année très sèche, comme en 1998 où a brulé plus de la
moitié de la Réserve de Biosphère Maya. C'est une course contre la
montre. Nous seuls, en tant qu'Arcas ou CONAP, n'allons pas sauver ces
espèces. Il faut une prise de conscience globale et vous êtes là aussi
pour diffuser ce message. Souvenez-vous d'une chose : si le trafic
illégal existe, c'est qu'il y a des personnes désireuses d'avoir ces
animaux chez eux. Le NON aux animaux de compagnie issus du trafic
illégal est très important : nous avons des chiens et des chats pour
cela... J'entends beaucoup me dire, « je n'ai qu'une perruche, c'est
rien ! », mais à l'échelle générale, dans toute la région, c'est une
quantité inimaginable d'animaux sauvages qui sont arrachés à leur
environnement. Mon message est clair : ne pas acheter ces animaux issus du trafic, ni vivants, ni morts.
Car le problème est le même si l'on achète des souvenirs à base d'os,
de carapace, de peau ou d'autres produits dérivés aux propriétés
soi-disant aphrodisiaques. Evidemment, tout notre travail sera perdu si,
en bout de chaine, ces animaux finissent ainsi. »


Propos recueillis par Marie-Anne et Sylvain Lefebvre pour l'association Exode tropical

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