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Les végétaliens doivent être des experts en nutrition

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Les scandales alimentaires – vache folle, lasagnes à la viande de cheval, pour ne citer que ceux-là – ont rendu les consommateurs plus attentifs au contenu de leur assiette.





L’intérêt pour une alimentation végétarienne semble en augmentation. Il s’agit d’ailleurs d’un régime alimentaire que l’Office fédéral de la santé publique considère comme sain lorsqu’il inclut les œufs et les laitages. Ce qui n’est pas le cas du végétalisme, comme le rappelle le dernier rapport de la Commission fédérale sur l’alimentation. En excluant toute source alimentaire d’origine animale, il entraînerait en effet un risque de malnutrition.
Au moment où le premier restaurant végane de Suisse romande ouvre ses portes à Genève, à quoi faut-il prêter attention si l’on fait le choix d’une alimentation strictement végétalienne? «Les protéines végétales ne sont pas de la même qualité que celles que l’on trouve dans les aliments d’origine animale. Il peut donc y avoir des carences si cette réalité n’est pas prise en compte», explique Dimitrios Samaras, médecin consultant à l’Unité de nutrition des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Compléments nécessaires
Au niveau des micronutriments, explique le médecin, c’est surtout la carence en vitamine B12 qui est préoccupante, car on la trouve essentiellement dans les produits d’origine animale, surtout la viande. Or cette vitamine joue un rôle essentiel dans la réplication des cellules, la santé des nerfs et la formation des globules rouges. Il est donc indiqué de prendre des compléments.
D’autre part, si on trouve du fer, du zinc et du calcium dans les végétaux, il faut savoir que leur absorption est diminuée par d’autres substances végétales comme les phytates.
On peut encore craindre une carence en vitamine D, contenue dans le poisson, les œufs, les produits laitiers mais aussi dans les champignons.
Que doit faire, dès lors, celui qui souhaite malgré tout suivre un régime végétalien? Il lui faut bien s’informer auprès d’un professionnel, médecin ou diététicienne, et prendre les compléments alimentaires nécessaires, répond en substance Dimitrios Samaras. Un suivi médical est-il pour autant nécessaire? «Un dosage sanguin annuel, en particulier de la vitamine B12, serait indiqué, estime le spécialiste. Cela permettrait également de déterminer quels autres compléments prescrire. Une fois que la personne maîtrise bien son alimentation, et si elle prend ses compléments multivitaminiques, il n’y a plus de nécessité de suivi médical. C’est très individuel, certains végétaliens se débrouillent très bien, d’autres ont besoin d’être accompagnés.»
Durant l’enfance, par contre, un régime végétalien peut être dangereux. «Les besoins d’enfants en pleine croissance sont différents de ceux des adultes. Ils peuvent avoir des carences en acides gras, comme les oméga-3, essentiels à leur développement. Ou encore en taurine, un acide aminé, avec pour conséquence un retard de leur croissance en taille et en poids. Nous voyons parfois arriver de tels cas aux urgences», souligne le médecin. Ce bémol est également valable pour les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes âgées ou les malades.
Pour les adultes en bonne santé toutefois, et si l’on pallie les risques de carence, le végétalisme peut présenter des effets positifs pour la santé. Différentes études ont montré que les personnes qui suivent un régime de type végétarien sont moins malades et ont une mortalité moins élevée notamment si on considère les maladies cardio-vasculaires, le diabète et certains cancers (en particulier du côlon). Corinne Kehl, chargée d’enseignement à la filière Nutrition et diététique de la Haute Ecole de santé de Genève, confirme: «Cela tient à de nombreux facteurs. Les points positifs sont une diminution de la consommation de graisses animales, laquelle est généralement bien trop élevée en Suisse, une alimentation contenant beaucoup de fibres et surtout une moindre utilisation de plats industriels. Eviter ces plats permet en effet de s’alimenter plus sainement, avec moins de sel et de graisses saturées type huile de palme (avantage qui pourrait disparaître avec l’arrivée sur le marché de plats végétariens industriels). L’alimentation végétalienne a aussi l’avantage d’être liée à un apport important en antioxydants et autres phytonutriments.»
Finalement, comment manger équilibré si on désire suivre un régime végétalien? Corinne Kehl, insiste, elle aussi, sur la nécessité d’avoir de bonnes connaissances en nutrition. «Prenons la vitamine B12. Celui qui est conscient qu’elle manque dans une alimentation végétalienne va comprendre qu’il doit prendre un complément, explique la diététicienne. D’autres carences peuvent trouver leur solution simplement. Ainsi, beaucoup de substituts de viande ainsi que de nombreuses boissons sont enrichis en vitamine B12, en vitamine D, en zinc et calcium. Il y a aussi des compléments aux algues riches en oméga-3.»
Autre règle d’or pour avoir un apport de protéines optimal malgré le régime végétalien: il faut varier ses sources de protéines végétales dans une même journée. Ce qui permet d’avoir un apport complet en acides aminés essentiels. D’ailleurs, on retrouve dans de nombreux plats traditionnels une association céréales-légumineuses, comme dans les falafels.

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