Homme et bête

[Animal 0]

Franco Nuovo
Homme et bête
Le Journal de Montréal
11/03/2006

Après les phoques la semaine dernière, voilà sir Paul McCartney qui remet ça. En fait, devrais-je dire qu'il continue sa croisade, mais cette fois il se lance à la défense des singes qu'une entreprise pharmaceutique maltraite supposément.

L'article: http://www.canoe.com/infos/societe/archives/2006/03/20060311-152000.html

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Pitoyable comme analyse ! C'est ce qu'on appelle ne pas voir plus loin que le bout de son nez !

Citation :

Quelques années plus tard, j'ai trouvé un job d'été dans une usine de Montréal-Nord où on chromait des pièces de métal. Un collègue et moi, dans une pièce à l'écart, on ponçait les morceaux plaqués sur d'énormes meules. Un jour, les cons de la pièce d'à côté ont excité un rat qui, espérant trouver la sortie, a cru bon compter sur nous. Complètement paniqué, excité par le son des machines et aveuglé, il m'a sauté sur la jambe. Si je n'avais pas gueulé et sautillé comme une gonzesse, il se serait sûrement réfugié sur ma tête. J'haïs les rats.

Bien dans ce cas, n'est-ce pas de la faute de ceux qu'il appelle lui-même "les cons". !

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J'ai envoyé une réplique au Journal de Montréal, mais sûrement trop longue pour qu'ils la publient ? Au moins, M. Nuovo en aura reçu une copie...

Voici ma réplique :


Le 11 mars dernier, Franco Nuovo signait une chronique intitulée « Homme et bête », dans laquelle il se permettait de critiquer les luttes de militantEs pour les animaux, notamment celles de Paul McCartney et de Brigitte Bardot.

Au premier, il reprochait de « remettre ça » en s'intéressant, après les phoques, au sort des singes de la firme Covance, une entreprise pharmaceutique qui les maltraite « supposément ». M. Nuovo ne s'apitoie nullement sur le sort de ces singes « supposément » martyrisés, non, il préfère plutôt douter de la véracité de l'accusation et ce, même si l'organisme Peta a réussi à infiltrer les locaux et à filmer plusieurs exemples des tortures infligées (une vidéo est disponible sur le site http://www.peta.com/).

Pourquoi donc ce parti pris, M. Nuovo ? Et pourquoi ne pas aller vous-même assister - ou participer - à ce massacre sur la banquise, si vous le défendez ? Allez donc admirer, de près, le spectacle de ces milliers de bébés phoques sans défense se faisant défoncer le crâne puis dépiauter, morts ou vifs, sous les regards horrifiés de leurs mères impuissantes (vous pouvez visionner une vidéo tournée l’an dernier, au : http://www.ifaw.org/ifaw/general/default.aspx?oid=21446). Après, seulement, si vous en avez encore le « cœur », vous défendrez la chasse commerciale aux phoques : car c'est bien de cela dont il s'agit, une tuerie motivée uniquement par les profits puisqu'on assassine les phoques pour voler leur fourrure, abandonnant leurs carcasses sur place. On ne parle pas, ici, de la chasse ancestrale de subsistance pratiquée par les Inuits : on parle de Canadiens qui vont chercher un revenu d'appoint en s'appelant « chasseurs », alors qu'ils ne sont que de barbares capitalistes sadiques, représentant une véritable honte pour notre pays.

À la deuxième (Mme Bardot), vous vous sentez légitimé de reprocher « d'accorder plus d'importance aux animaux qu'à ses congénères », puisque dans votre hiérarchie « l'Homme passera toujours avant la bête. » Privilégier une espèce au détriment d'une autre, discriminer selon les espèces, on appelle ça du spécisme, M. Nuovo et, tout comme le racisme et le sexisme, ça se soigne.

Vous vous permettez finalement de traiter carrément de « conne » Mme Bardot, sous prétexte qu'elle aide les animaux et non pas les humains, qu'elle « soigne les chiens, mais crache sur les réfugiés en France ». Et vous, M. Nuovo, puis-je savoir combien de chiens ou combien de réfugiés vous avez sauvés aujourd’hui, pour vous permettre ainsi de juger une femme qui agit, elle, faisant sa part pour adoucir un tant soit peu le cruel destin d’êtres vivants et souffrants dont personne n’a cure ?

Pour avoir une once de crédibilité aux yeux des spécistes indécrottables, il semble qu’il faudrait, lorsqu’on milite en faveur des droits des animaux, militer autant pour les humains et ce, même s’ils ont déjà des droits et même s’il n'y a que vingt-quatre heures dans une journée ! N'y a-t-il pas déjà suffisamment à faire du seul côté des animaux ? Nous avons des milliards de milliards d'animaux à sauver, et vous, vous voudriez qu'on s'apitoie autant sur le sort de leurs tortionnaires ?! Et pourquoi alors ne pas discréditer les humanistes qui ne sont pas végétariens, prônant le bien-être d’une partie seulement des êtres vivant sur Terre ?
Sachez qu’il y aura toujours des humains prêts à en aider d’autres, mais que seule une poignée d’hommes et de femmes semble disposée à aider les animaux.

Je vous rappelle qu’on va bientôt massacrer 300 000 bébés phoques au Canada; que dans les laboratoires privés et publics du monde entier, 25 animaux meurent chaque seconde (on teste encore TOUT sur eux, des médicaments aux cosmétiques en passant par les produits nettoyants et produits hautement toxiques tels qu’insecticides, pesticides, huile à moteur, acide à batterie, etc., etc.); que des milliards de milliards d'animaux sont consommés pour leur viande chaque année; que le Québec pullule d'usines à chiots, des hangars dans lesquels croupissent, séquestrées, des femelles en gestation perpétuelle, machines à produire des bébés que l'on éliminera lorsqu'elles ne seront plus suffisamment productives; que des milliards d'animaux sont tués dans le monde chaque année pour leur seule fourrure, des animaux sauvages ou domestiques maintenus dans d'étroites cages dans lesquelles ils deviennent fous, s’automutilant; que derrière les portes closes des Forces armées de ce monde, on teste en secret les nouvelles armes chimiques, bactériologiques, lasers, alouette, sur des singes, des chats, des chiens, des rats... La liste est beaucoup trop longue pour que je continue à énumérer les tortures légales et institutionnalisées infligées présentement aux animaux dans notre monde faussement étiqueté de « civilisé ».

L'Homme a envahit pratiquement tous les territoires, il a repoussé, retranché les rares animaux qui vivent encore à l'état sauvage dans des « réserves », puis il a enfermé tous les autres dans des zoos, des cirques, des pet-shops... Les animaux qui existent encore sont principalement prisonniers de nos élevages de bétail, d'animaux à fourrure, d'animaux de labos... Partout où l’Homme peut faire une piastre sur le dos de la Bête, il le fait, impunément, sans conscience, sans compassion, sans scrupules, sans amour. Il ne s’est pas contenté de renier l’animalité en lui, il a voulu la contrôler et la détruire même à l’extérieur de lui.

Le monde est devenu fou, surpeuplé d’humains surconsommateurs, pollueurs, destructeurs des animaux et de l’environnement, totalement dédiés au Dieu Capitaliste, se tirant dans le pied comme des dégénérés. Pour tous ces abus, pour cette violence indicible, nous avons commencé à payer, et ce n'est que le début.

Et pendant que nous nous inquiétons - dans la grandeur infinie de notre égocentrisme - du sort des pauvres humains que nous sommes devant la menace de la grippe aviaire, des millions et des millions d'oiseaux ont déjà été et seront encore enterrés et brûlés VIVANTS, comme au temps de la chasse aux sorcières et des bûchers. Des millions et des millions de cochons, de poules, de vaches, de veaux, de boeufs continueront à défiler sur le tapis roulant vers la mort dans les abattoirs, transportés là-bas comme des Juifs au temps d’Hitler (seuls les spécistes seront offusqués par cette comparaison). Les camps de concentration d’hier ont laissé place aux camps d’engraissement, et personne ne s’en offusque. Aujourd'hui, comme il existe des lois pour protéger les humains, les tortionnaires se gardent une petite gêne. Mais les animaux, eux, sont à notre merci, livrés à n'importe quel fou, à n’importe quelle utilité, à n'importe quel marché, sans statut juridique, sans droits, sans appel, sans espoir. L'Animal est foutu, il a eu la malchance de débarquer sur la même planète que nous, à la mauvaise époque.

Et lorsque nous dénonçons leurs misérables conditions d’existence, il se trouve toujours un congénère pour nous rabrouer, inquiet de devoir un jour se passer de son gros steak saignant, craignant d’avoir à réviser sa position, sa perspective, son confort, ses habitudes et son mode de vie, pourtant à mille lieues d'un mode de vie sain et naturel, empreint de respect de soi, des autres et de la Nature…

Jusqu’où irons-nous dans notre folie destructrice ? Le pire est malheureusement à venir, pour eux comme pour nous.

[animo-aequoanimo 0]

Je regrettais de ne pas pouvoir trouver le temps pour répliquer à cet article car j'ai plein de "dossiers" en ce moment, en plus d'avoir été sur le carreau suite à une grippe persistante. Alors je suis tellement heureuse que tu l'aies fait, Feu Follet, d'autant plus que ton commentaire est excellent ! Il est en effet dommage qu'on baillonne notre droit de parole dans les médias suite aux articles des journalistes qui ne présentent à la population que leur côté de la médaille, ce qui rend nos actions encore plus difficiles, mais même si ta réplique n'aura pas été publiée, il restera qu'il l'aura lue. BRAVO, bravo, bravo et MERCI d'avoir pris le temps et la peine de faire cette intervention.

[Animal 0]

WOWWWWWW Feu Follet ! Abasourdissante ta lettre !
J'espère qu'il l'a reçue dans le front comme une brique ! SUPERBE ! MILLE FOIS BRAVO

[Feu follet1 0]

Merci pour vos commentaires.

Je leur ai finalement envoyé une 2e version, coupée de moitié, pour augmenter un peu mes chances d'être publiée... mais je ne caresse pas trop d'espoirs. Ma lettre reste beaucoup trop longue pour ce journal.

Au moins, comme tu dis Animal, j'ose espérer que Nuovo l'a reçue comme une brique dans le front !

P.S. : Animo, j'espère que ta grippe persistante te lâche un peu.

À bientôt les filles.