terrienne 0 Posté(e) le 17 août 2006 Situation en Roumanie ( Iasi – Juillet 2006 ) Notre voyage à Iasi était destiné à rencontrer Mariana, Andreï, Dan et les membres de la petite association CLOPOTEL, à leur porter tout ce que nous avions acheté et collecté pour leurs animaux ( couvertures, nourriture, médicaments, trappe, paniers de transport pour chats, couffins, jouets, etc… ) ainsi qu’à faire un « état des lieux » de la situation là-bas. A peine entrés sur le territoire Roumain, nous ressentons déjà un décalage avec la Serbie où nous venons de passer 15 jours avec Patrick SACCO et d’autres bénévoles dans différents refuges, pays pauvre certes mais qui possède tout de même un niveau de vie et de culture plus évolué qu’en Roumanie. L’état des routes est ici déplorable, nous allons mettre 20 heures pour faire 800 kms… sur des « routes » défoncées, pleines de trous, où l’on évite de justesse les animaux de toutes sortes ( Oies, vaches, chevaux, chiens, chiots … ) qui errent sans que personne ne s’en préoccupe. Nous avons vus de nombreux chiens écrasés sur les bas-côtés des routes…Les gens ne font là-bas aucun effort pour les éviter et certains prennent même plaisir à aller les percuter volontairement… Nous avons traversé beaucoup de zones de villages et de campagne, les chevaux sont encore largement utilisés ( on en verra également encore beaucoup dans Iasi au beau milieu de la circulation même si les charrettes y sont normalement interdites ) ; ils traînent péniblement de lourdes charges de foin, de bois, de pierres, de ferraille ; les hommes qui le conduisent ont toujours le fouet à la main et s’en servent de façon incessante et sans indulgence pour fouetter ces pauvres bêtes obligées de trotter avec 38° au thermomètre. Nous avons aussi été choqués par le fait que les poulains ( encore tous jeunes ) soient attachés à côtés des charrettes tirées par les mères et obligés de trotter aussi à leurs côtés ; il parait que c’est leur méthode pour les initier très tôt à la charrette…. On peut aussi s’insurger contre la pratique qui consiste à leur attacher les deux pattes avant des chevaux avec une corde ( comme s’ils étaient menottés ) afin qu’ils ne puissent plus bouger de l’endroit où ils ont été mis… il parait que c’est pour les discipliner à rester au même endroit sans être attachés… Dans ces zones de campagne l’on peut voir beaucoup de chiens, souvent attachés à des niches précaires ( ou plutôt ce qu’il en reste… ) en plein soleil, sans eau ni nourriture à proximité. Un après-midi j’ai pris mon sac à dos contenant les médicaments destinés à pratiquer un traitement « de base » et Mariana et moi sommes parties « visiter » les fermes avoisinantes de son petit refuge : nous avons eu d’abord un accueil glacial, les gens ne comprennent pas que l’on porte intérêt à leurs chiens… puis Mariana a expliqué que j’étais française ( on a même dit que j’étais vétérinaire… ) et que je voulais examiner et traiter leurs animaux gratuitement. La plupart ont été d’accord et on a pu approcher les animaux. Ces derniers sont quasiment tous dans un état de maigreur impressionnant et très parasités ; ils sont très souvent attachés à un tas de fumier, à un angle de porcherie, à un tonneau rouillé, à une vieille charrue… et rares sont ceux qui ont des niches. Les chiens sont très craintifs au premier abord, sur la défensive mais après quelques caresses ils nous font rapidement confiance et nous regardent avec des yeux d’une douceur émouvante, ils ont un immense besoin qu’on s’occupe deux, qu’on leur procure de la tendresse ; il est certain qu’ils ne reçoivent jamais de caresses ; ils sont la plupart du temps rudoyés ou laissés dans l’indifférence la plus totale. Nous avons pu malgré tout leur faire une injection d’anti-parasites internes, leur mettre une pipette de frontline, leur nettoyer les oreilles et les yeux, les brosser pour leur enlever les énormes paquets de poils d’hiver restants encore sur leur pelage et essayer de faire comprendre aux paysans que leurs chiens avaient eux aussi besoin de boire et de manger régulièrement… Je repars consternée me rendant compte que même ces chiens qui ont des maîtres vivent ou plutôt survivent dans des conditions presque plus dramatiques que les chiens errants, dépendant du bon vouloir de ces hommes qui les utilisent sans aucune considération de leurs souffrances et de leurs besoins. Lorsque nous sommes arrivés à Iasi, nous sommes tout de suite allés à la Rédaction de Clopotel pour décharger notre voiture chargée à bloc. Les enfants de la rédaction qui nous attendaient depuis la fin de la matinée, ( nous avions largement sous estimé notre temps de trajet… ) nous avaient réservé un accueil chaleureux et touchant, même Ion la chatte trouvée blessée et enfermée cet hiver dans une boite aux lettres, était là avec autour de son cou un petit mot pour nous remercier pour l’envoi des bonnes boites de pâté ou de lait en provenance de France… Après quelques effusions nous employons tout ce petit monde pour nous aider à décharger la voiture, ils sont tous ravis de participer au déballage de toutes les bonnes choses que nous avons apportées. Les bureaux de la rédaction sont situés dans un immeuble de la mairie de Iasi, c’est un immeuble triste et gris, qui n’a jamais été entretenu comme la plupart des immeubles de la ville dont la construction remonte au début de la période Caucescu… Mariana est très surveillée par les personnes qui travaillent dans les bureaux de la mairie, les gens n’appréciant pas du tout qu’elle s’occupe des animaux ; elle reçoit d’ailleurs assez souvent des plaintes et des remarques et est souvent obligée de payer ( pour avoir la paix ) des factures de charges de l’immeuble qui ne lui incombent pas… Le premier soir nous logeons dans un hôtel situé sur le campus universitaire, dès que la nuit tombe les chiens sortent en masse de toutes parts et aboient ; ils sont en quête de nourriture. Durant la journée l’on en voie mais beaucoup moins, ils se cachent d’une part à cause de l’écrasante chaleur et d’autre part pour éviter d’être chassés. Mariana explique que les anciennes poubelles où ils pouvaient rechercher un peu de nourriture ont été remplacées par des nouvelles en fer, très hautes auxquelles ils ne peuvent plus accéder… Elle nous dit que Iasi et ses environs compte 60.000 chiens… c’est affolant. Nous allons dîner chez la maman de Cathalin et sur le chemin nous croisons des dizaines de chiens, qui se déplacent la queue entre les jambes, certains n’hésitent pas à traverser les carrefours, ce qui nous fait craindre le pire… quelques uns ont des colliers, ce qui signifie que ( normalement… Mariana précise que cela n’est pas le cas de tous, il arrive que malgré que des chiens portent des colliers, ils ne soient pas pour autant stérilisés ) ils ont été castrés. Nous avons passé quelques jours à Iasi : nous nous sommes rendus plusieurs fois au petit refuge de Mariana où sont installés environ 25 chiots + Limba, une quinzaine de jeunes chats ( tous récupérés dans la rue, ou dans des situations critiques… ) ainsi que Johnny et Petrica les chevaux sauvés de chez les tziganes ; les animaux sont beaux, bien soignés, bien nourris, heureux ; tout le monde cohabite bien. Les chats ont maintenant leur petite chatterie qu’ils apprécient beaucoup et ce d’autant plus que nous avons glissé à l’intérieur des couffins bien moelleux que nous avions portés et qu’ils ont investis immédiatement… L’image de ce petit refuge est je crois la seule image « positive » que nous retiendrons de notre voyage en Roumanie car ailleurs la situation est désespérante… des chiens et chats partout dans la ville, des mères et leurs portées, des chiots seuls abandonnés dans les rues, des chats faméliques qui vivent dans des chantiers abandonnés ou au pied des immeubles espérant qu’une âme charitable leur lance un peu de nourriture ( c’est plus souvent de l’eau bouillante qu’ils reçoivent sur le dos, les gens ne supportant plus les miaulements notamment en période de chaleurs ). Voici quelques passages de notre séjour : - nous partons nourrir une chienne et ses petits abandonnés dans une forêt aux alentours de Iasi ; Mariana et Dan ou Cathalin et Andreï y vont tous les jours pour les nourrir et soigner la maman qui souffre de forte conjonctivite aux yeux ( il y a 3 chiots d’environ 4 mois ) qui se sont abrités dans une cabane délabrée ; il faut marcher une petite demi-heure à pied pour les atteindre. La mère n’est pas du tout sauvage et se laisse caresser ainsi que deux petits, le troisième garde ses distances ; ils sont là depuis presque un mois ; la mère est arrivée très maigre mais maintenant elle a repris du poids car elle manque à sa faim ainsi que ses petits mangent qu’elle n’est plus obligée de nourrir en puisant sur ses maigres réserves. Le dernier jour de notre séjour, les petits nous suivent durant plusieurs centaines de mètres, nous sommes très tristes de les laisser là ; c’est comme si nous les abandonnions une fois de plus… Mariana promet de les prendre dès que possible et de les emporter à son refuge. Nous croisons durant le trajet des dizaines de chiens qui vivent eux aussi dans la forêt, nous les appelons doucement, ils s’approchent de nous en gardant leurs distances et reviennent après que nous soyons passés pour manger ce que nous leur avons laissé. Mariana explique que l’été la situation est difficile pour eux mais moins grave que l’hiver où ces animaux sous-alimentés doivent lutter contre le terrible froid qui règne ici. Ils n’ont rien, pas un abri, pas à manger correctement, ils ont peur de la méchanceté gratuite des hommes et ici elle est constamment présente… - nous revenons de chez Métro où nous sommes allés constituer quelques provisions supplémentaires pour aider Mariana et ses protégés après notre départ et traversons la ville, Uliana nous attend près d’un chantier où une chatte, dérangée en faisant ses petits a dû fuir rapidement ; nous recueillons deux minuscules chatons vivants, l’un a les intestins arrachés qui sortent de son ventre avec le cordon ombilical, l’autre a eu plus de chance il a pu naître tranquillement et est formé normalement. Ils sont tous froids, je les réchauffe au creux de mes mains pour qu’ils reprennent un peu de vigueur… Nous partons donc immédiatement chez le vétérinaire afin qu’il abrège la souffrance de la petite vie du chaton. Nous apercevons également au fond d’un trou dans ce même chantier, un chat qui a à peine la force de miauler et qui semble bloqué à cet endroit… Uliana reviendra plus tard pour tenter de lui glisser quelques croquettes. - nous partons au refuge et nous arrêtons dans une station GPL pour nourrir 4 chiens affamés qui ont élu domicile aux alentours ; la chienne semble inquiète et ne mange pas tranquillement, en m’approchant d’une caisse en bois appuyée contre un mur, je découvre 4 petits chiots qui ne doivent pas être bien vieux ; le type de la station indique qu’ils sont nés hier ; il ajoute que la station va fermer en août car un motel va être construit. Il va donc falloir trouver une solution pour mettre à l’abri tout ce petit monde… - nous sommes en route pour aller nourrir Bobby qui est toujours dans l’ancien quartier où habitait Mariana lorsque nous croisons une chienne qui souffre d’une démodécie énorme, elle est suivie de deux petits dans le même état, les animaux sont maigres et semblent épuisés ; nous nous arrêtons et avec un peu de mal récupérons les petits, la chienne continue son chemin sans que nous puissions l’attraper. Les chiots doivent avoir de la fièvre, ils sont brûlants. Changement de direction, nous partons chez le vétérinaire qui va leur faire 3 injections à renouveler durant 8 semaines et qui nous dit que les animaux doivent être isolés car ils sont contagieux… Nous allons donc devoir leur trouver un endroit pour les mettre et ce sans danger pour les autres ; en attendant, pas d’autre solution que de leur faire passer la nuit dans la voiture. Le lendemain nous nous dépêchons d’aller acheter du grillage pour leur fabriquer un petit enclos à l’intérieur de l’abri des chevaux ; ils seront à l’ombre et à l’écart des autres afin d’éviter tout risque de contamination. - nous allons porter de la nourriture à Mme POPESCU, une dame qui protège des chats dans son quartier. Demain elle nous en confiera deux pour les faire stériliser ; elle a des difficultés avec ses voisins qui ne supportent pas qu’elle s’occupe des chats, elle est obligée de les nourrir en cachette. Des coups de fils plus ou moins alarmants arrivent à la rédaction : • une dame veut se débarrasser au plus vite des 17 chats et 5 chiens qui vivent dans son jardin et demande à Mariana de venir les chercher sur le champ sinon elle appelle la fourrière. Nous voulions nous rendre à la fourrière mais Mariana a préféré que l’on évite d’aller là bas par crainte de ce que l’on risquait de voir… • Un jeune garçon qui fait partie de Clopotel appelle Mariana pour l’avertir qu’un homme de son quartier est en train de rouer son chien de coups… Ici, il ne se passe pas un jour sans que des animaux soient victimes de la méchanceté gratuite des hommes… Mariana, Dan Andreï sont sans cesse sur le qui-vive et font de leur mieux, dans la mesure de leurs moyens et possibilités, pour gérer les situations d’urgence mais ils ne peuvent faire face à tout.. Mariana nous dit que, par exemple, le jeu favori des enfants à Noël est de mettre des pétards dans l’anus des chiens et d’attendre qu’ils explosent… la barbarie humaine atteint ici des paroxysmes, c’est inimaginable. Nous avons dans le coffre des voitures constamment des croquettes et de l’eau car nous croisons sans arrêt des animaux affamés, ( certains ne savent même pas manger les croquettes qu’ils n’ont jamais goûtées) ; il y en a partout… Mariana nous dis que nous voyons ici que le moins mauvais côté des choses car c’est l’été et que les conditions ne sont pas aussi terribles que l’hiver où les animaux ont à lutter pour se nourrir mais aussi pour essayer de se protéger du terrible froid de ce pays… elle avoue qu’elle est toujours angoissée de devoir sortir l’hiver car elle croise toujours des chiens ou chats couchés à même le sol, sur les trottoirs, dans la neige, les femelles font leurs petits dans la rue où elles peuvent. Si vous tentez par exemple de leur mettre une couverture pour les protéger, ou une gamelle de nourriture, vous repassez un moment après et votre couverture et votre gamelle auront disparu… En conclusion, l’on peut dire que la tâche est immense ici, il faut continuer à stériliser, soigner ceux qui en ont besoin car il y a aussi beaucoup d’éclopés ou de malades, protéger des opérations de « ramassage » de la ville qui attrape souvent les chiens au lasso avant de les conduire à la fourrière où ils sont ensuite tués ( le plus souvent par souci d’économie par des injections d’essence dans le cœur… alors que la fourrière dispose d’un budget conséquent qui est utilisé à d’autres fins…en tout cas pas pour la cause des animaux ). Nous allons dès notre retour en France essayer de trouver de nouvelles aides pour soutenir et d’aider Mariana et ses amis qui ne peuvent faire face seuls à l’ampleur de la situation. Nous repartons en emmenant 5 adorables petits chiots qui vont ou on déjà trouvé des familles en France et en Allemagne… ce n’est pas grand-chose mais cela permettra à Mariana d’accueillir de nouveaux petits protégés. corinne et francis Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites