terrienne 0 Posté(e) le 22 novembre 2006 L’obscurantisme contre le vivant Ethique, politique et science, l’écologie allie la raison et le sentiment pour réconcilier l’arbre, l’animal et l’homme. Pour ses détracteurs, elle n’est qu’une peur farfelue et infantile face au progrès des connaissances et des techniques, dénigrement commode évitant la confrontation d’idées. Or, l’écologie n’est nullement un obscurantisme de plus. Elle juge les innovations à l’aune de leurs incidences sur le vivant. Ainsi, à titre d’illustration, elle enseigne que les OGM ne sont ni bons ni mauvais par eux-mêmes. Une recherche sur les gènes permettant de faire reculer la souffrance et la mort constituera un vrai progrès. Mais la mise au point de plantes biocides est une calamité pour le vivant, une aubaine pour les firmes de l’agrochimie. Parce que « le soleil et la mort » qui sont vérités ne peuvent guère se regarder en face, l’humain s’invente des mythes, légendes, mystères consolateurs : histoires à tenir debout. Ces mythes, qui sont croyances pour leurs bénéficiaires, s’avèrent neutres dans l’ordre social et politique lorsqu’ils demeurent manifestation de bon aloi, un exercice de l’absolue liberté de pensée qui ne souffre pas de limites. En revanche, le mythe érigé en système clos dégénère en pathologie pour l’individu et en péril pour la société lorsqu’il confine au fanatisme débilitant, lorsqu’il aboutit à nier le principe supérieur du respect du vivant, lorsqu’il qualifie de blasphème l’expression de la pensée d’autrui. Les hommes de liberté savent qu’il leur faut subir corrélativement à leurs droits, la liberté des autres. Le droit de parler et d’écrire implique le devoir, douloureux parfois, d’entendre. Et il faut en entendre des mensonges, des stupidités, des erreurs et des horreurs, mais c’est le prix à payer pour vivre libre. Toute conviction, toute crédulité ont le droit de citer, mais il est du devoir de chacun de combattre ceux qui veulent faire de ce monde une prison au service de leur théocentrisme exclusif de toute liberté contraire. Bien sûr, entre un charlatan généreux et habile, promettant tout, un prophète inspiré, et un médecin lucide et nullement démiurge, entre un conte consolateur et une vérité inquiétante, entre l’onirisme et les faits, il convient de garantir à chacun le libre choix sous réserve de ne pas laisser s’imposer l’ordre sombre de la déraison. Par faiblesse et propansion à l’affrontement, l’humain n’a que trop rarement fait dans son Histoire jalonnée de sang, le choix de la raison lucide et de l’empathie universelle. Deux obscurantismes dominent encore la planète : le théocentrisme, dans nombre de régions et le culte du commerce, du profit, du productivisme partout. Ces obscurantismes ravagent la terre et préparent la chute de « l’espèce élue » qui n’a pas compris que la seule valeur qui vaille est la vie. La Vie en son caractère évolutif, en sa diversité, c’est-à-dire la Nature. Mais que vaut la Nature africaine pour le fasciste gouvernement chinois en mal de pétrole ? que vaut la Nature pour les firmes d’exploitations absolues des pays démocratiques ? Que vaut la Nature pour les masses abruties par des histoires à tenir debout , dans lesquelles elles puisent leurs identités et leur détestation de l’autre ? Les obscurantismes mènent leurs danses macabres au détriment du vivant, jusqu’à l’avènement d’un nouvel ordre écologiste à moins que ce ne soit jusqu’au crépuscule final. Gérard CHAROLLOIS Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites