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la lettre hebdo de gérard charollois (26/11)

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Les candidats du vide

Les Grands Hommes ne sont de grandes raisons que pour les tout petits esprits ou pour les très jeunes gens.

La mutation du citoyen en consommateur, c’est-à-dire en sujet du dieu Marché, la dégradation de la politique en art de la communication, la mort des idéologies confinant à celle des idées, confèrent aux apparences, aux tailleurs et aux costumes, aux postures théâtrales et à la frime, à la personnalisation du jeu électoral un effet de mirage, d’illusion.

En mai 2007, pour tout naïf (et ils sont légions ), ce pays sera dirigé par Madame Ségolène ROYAL, candidate des salariés, employés et fonctionnaires ou par Monsieur Nicolas SARKOZY, champion des entreprises, commerçants et gros céréaliers.

Et chacun de scruter les petites phrases, mimiques, démarches symboliques, voire vie de famille ou mieux vie intime de l’un et de l’autre, mesurant leurs avantages physiques, leur santé, leur prestance, comme si la personne, fut-elle présidentielle, résumait une politique, un choix philosophique, des options fondamentales.

En fait, la personnalité du prince électif compte infiniment moins que l’administration qu’il amène dans ses bagages, les intérêts sociaux et moraux qu’il sert, l’identité de ses commettants et bailleurs de fonds, les orientations lourdes de son parti assuré d’une majorité parlementaire élue dans son sillage.

Ainsi, pour la Nature, pour le vivant, l’important est de savoir qui, en 2007, d’un Yves COCHET ou d’une Roselyne BACHELOT officiera au ministère de l’essentiel, étant acquis que, personnellement, je n’attendrai pas auprès de mon téléphone d’être appelé au chevet de l’agonisante.

Avoir raison trop tôt est notre façon grandiose d’avoir tort.

Alors, que m’importent les élucubrations des candidats au séjour élyséen, puisque le fond ne tient pas à leurs personnes mais à ce qu’entraînent leurs succès ou échecs pour la Nature.

En décembre 2001, annonçant dans mes éditoriaux la probable victoire de la droite aux élections du printemps suivant, j’exposais les régressions écologiques qu’imposerait une majorité conservatrice et ringarde au droit de la chasse, de la protection des animaux, de l’agriculture, sans oublier aux droits sociaux des plus faibles.

En observant les déclarations creuses, grossièrement démagogique, voire populiste, des divers candidats, leurs fréquentes « beaufreries », leur nauséabonde soumission aux pires lobbies, dont celui des chasseurs et assimilés, un dégoût légitime saisit la femme et l’homme de mieux, l’esprit lucide, celui qui analyse et refuse d’avaler la « réclame » politique.

« manger de la tête de veau », « boire du méchant rouge », « caresser ses amis les chasseurs », « trouver belle la corrida » participent de cet avilissement des élus qui veulent faire peuple en flattant la lie.

Deux facteurs contribuent à cette déchéance éthique, à cette perte de dignité des candidats officiels :

1°. Pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut avoir « tué » tous ses amis politiques et souffrir, nonobstant d’indéniables qualités intellectuelles, d’une solide mégalomanie, d’une ambition personnelle tournant à l’obsession.

Brillants étudiants, remarqués par leurs parrains qui les introduisent et les initient dans les coulisses du pouvoir, ces majors des grandes écoles n’en sont pas moins des individus névrosés, en mal de reconnaissance et de domination. Leurs « talents » de conquérants avides se sont d’abord exercés au sein de leurs propres familles partisanes.

Parvenus aux portes de leur paradis terrestre, ils pensent que PARIS vaut bien toutes les messes, y compris les plus noires et les voilà disposés à satisfaire à tous les caprices des modes, des divers groupes de pressions,jurant qu’ils adorent les enseignants, les artisans, les paysans, les préposés des postes et les ménagères de tout âge, les étudiants et les retraités, les porteurs de fusils et les dames des refuges de chiens, les adeptes de toutes les religions et même ceux qui ne croient plus en rien pourvu qu’on veuille bien croire en eux le temps d’un scrutin pour lequel toute leur vie est dévouée.

2°. Les conseillers en communication, parasites infectieux de la vie politique, ne s’intéressent pas qu’à la couleur des chemises et à la position des bras et des mains lors des interventions publiques. Ils dosent les saupoudrages de messages destinés à conditionner l’électeur. Un pas vers les tueurs, un pas vers les protecteurs, un pas vers les indigents, un autre vers les classes moyennes.

Tout ceci est du théâtre et la conviction, le choix et les goûts personnels s’effacent sous peine de déplaire, de heurter, d’inquiéter une frange de la société.

Les candidats officiels sont condamnés à n’être que les candidats du vide.

Alors, faut-il cultiver son jardin dans ce monde sinistré ?

Faut-il les renvoyer à leurs appétits d’apparences du pouvoir et ignorer leurs jeux ?

Faut-il démissionner de la démocratie et abandonner aux abrutis le monopole de l’expression ?

Non, car il reste le fond, le plus important, c’est-à-dire ceci :

Qui sera ministre de l’essentiel, en juin 2007 ?

Un quelconque Yves COCHET qui réduira le temps d’ouverture de la chasse, protégera les martres, putois et belettes, interdira l’emploi de la bromadiolone ? OU une quelconque Roselyne BACHELOT qui verra progresser coca cola lorsque la chasse recule ?

Quel est le chemin menant vers l’écologie éthique ?

Tentons simplement, dans le seul et supérieur souci de la préservation du vivant, de répondre à cette préoccupante question.

Gérard CHAROLLOIS
www.ecologie-radicale.org

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